*** écrit: Il est vrai que les images évoquant des visages dans la nature sont majoritaires (ce serait interessant de savoir pourquoi d'ailleurs au passage)
Bonjour,
J'ai peut-être un élément ou une piste de réponse.
En psychologie de la perception, on montre que la reconnaissance prototypique des visages fait partie d'un dispositif neuropsychologique "à part" par comparaison des autres systèmes de reconnaissance des autres formes ou objets du monde, dispositif de reconnaissance des visages qui serait en partie inné, selon les travaux en neuropsychologie - par exemple menés chez le nourrisson - et qui est un processus cognitif
irrépressible , "automatique" donc et très rapide (je ne me rappelle plus des temps de réponse/réaction, je dirais 200 ms à vérifier mais c'est un "détail").
Il serait composé en gros de deux modules neuropsychologiques relativement bien localisés dans le cerveau. Les autres systèmes de reconnaissance de formes dépendent beaucoup plus largement des acquis culturels et ontologiques de chacun, c'est à dire de l'apprentissage, et mettent en jeu des circuits neurologiques différents.
C'est d'ailleurs pourquoi certaines pathologies font que certaines personnes ne peuvent plus reconnaître les visages ou plus exactement il leur est impossible de les différencier (sauf en recourant à d'autres stratégies cognitives) - les prosopagnosies - alors qu'il y a aucun problème pour la reconnaissance des autres formes ou objets du monde.
Reconnaitre ou identifier un visage est donc un processus irrépressible et "automatique" pour notre cerveau, ce qui peut, peut-être, expliquer pourquoi les pareidolies de visages sont plus nombreuses :
En fait, elle ne seraient pas plus nombreuses "en soi", elles seraient surtout celles qui seraient irrépressibles et qui ne demandent aucun ou moins d'effort attentionnel que les autres pareidolies, et qui seraient les moins dépendantes de l'apprentissage que les autres, pour lesquelles, par exemple, reconnaître tel ou tel animal, etc, va beaucoup plus (+) dépendre des acquis de chacun (et donc pas forcément partagés, différent d'un individu à l'autre) et un effort de vigilance et d'attention.
Par exemple, vous allez voir vous immédiatement un aigle ici, alors que pour moi en revanche, cela va me demander un certain temps d'adaptation et des ressources attentionnelles, voire que je ne verrais jamais un aigle ou que très vaguement - alors que l'image sera très vivace pour vous -.
Alors qu'en comparaison et à l'inverse, la reconnaissance des visages est "universelle", irrépressible et automatique, et un caractère en partie innée de l'espèce, ne dépendant donc pas ou très peu des acquis ontologiques. Je pense que c'est, en partie, ce qui explique qu'il y a une plus grande majorité de pareidolies de visages.
Gilles