oncle dom a écrit: marcassite a écrit:Chronique liée à notre histoire :
http://deliyannis.blogspot.fr/2009/05/16081609-dragon-in-malta-and-its.html
L'idée d'un évènement banal (ni bataille ni grande manifestation marine) tourné à la sauce sensationnaliste me semble le plus probable. Les célébrations à Florence en Novembre 1608 (postérieures donc) ont-elles inspiré le chroniqueur qui en aurait fait un mixage ? Mystère.
Attention. L'opuscule daté mentionne 1608, sans qu'on connaisse le mois. Quand à la date du 25 aout, quand on sait ce que valent les dates mentionnées par les occasionnels, et en général, par les sources de Nième main, qui se trompent de plusieurs mois, voire plusieurs siècles, elle ne vaut absolument rien.
En réalité, nous connaissons le mois, et même la date précise, à laquelle ce canard fut mis en circulation dans les rues de Paris. Le chroniqueur parisien Pierre de l'Estoile, qui aimait collectionner ces canards qu'il appelle lui-même des "salauderies" et des "fadèses" (sic), note en date du 10 décembre 1608:
"Le mécredi [sic] 10e, j'ay acheté, ung sol, une bagatelle nouvelle, qu'on crioit par ceste ville, des Signes et Prodiges apparus sur la mer de Gennes et en divers endroits de la Provence. "
Nous savons donc que le canard est apparu, à Paris du moins, au début du mois de décembre 1608, soit près de cinq mois après les apparitions supposées. Malgré tout, et c’est assez rare pour être précisé, le présent canard est plutôt bien représenté et une étonnante variété d’éditions nous sont parvenues. Symptomatique peut-être du succès remporté par cette histoire, celle-ci fut en effet reprise par plusieurs éditeurs dans divers endroits de la France, de Lyon à Paris, en passant par les imprimeries de Troyes, sur une période d’au moins plusieurs mois.
Dans son catalogue, Jean-Pierre Seguin recense six éditions, dont quatre sont parisiennes, une troyenne et une indéterminée. J'en ai pour ma part recensé neuf (sans compter l'édition tardive du 19e utilisée par Guy Tarade). Les éditions parisiennes, qui sont probablement les plus anciennes connues, sont dites « jouxte la copie imprimée à Lyon », impliquant l’existence d’une édition lyonnaise, probablement l’édition princeps, mais dont la trace est malheureusement aujourd’hui perdue. Une réédition parisienne datée de 1609 se réclame quant à elle d’une improbable édition génoise qui aurait pu être l’édition d’origine si le texte n’était en tout point identique à l’édition précédente de 1608 se réclamant, elle, de l’édition lyonnaise.
Il apparaît donc qu’une édition lyonnaise a du circuler avant la première édition parisienne que Pierre de l’Estoile nous permet de dater du 10 décembre 1608. L’intervalle s’étant écoulé entre les deux éditions, lyonnaise et parisienne, nous est inconnu et est difficile à évaluer mais il semble raisonnable de supposer que cet intervalle fut assez court, probablement moins d’un mois, étant donné la circulation aisée et rapide de l’information entre deux grandes villes comme Paris et Lyon, même au début du 17e siècle. Cela nous amènerait alors à une première diffusion lyonnaise dans le courant du mois de novembre 1608, c’est-à-dire près de trois mois après les événements qui eurent lieu, selon l’auteur, durant le mois d’août.
Si cette estimation est correcte, et il semble raisonnable de le penser, il est donc tout-à-fait possible que l'auteur du canard se soit bien inspiré des grandes festivités nautiques organisées à Florence le 3 novembre 1608 à l'occasion du mariage de Cosme II de Medicis et Marie-Madeleine d'Autriche, dont on retrouve dans les descriptions et gravures, bon nombre d'éléments décrits (certes de façon fantasque) dans le canard.
De façon générale, comme pour la très grande majorité de ces canards décrivant des événements prodigieux, il me semble que l'important est moins l'événement lui-même que le message que l'auteur souhaite faire passer. Un faisceau d'éléments, sans toutefois de preuves définitives, me fait penser qu'il s'agit ici d'un document de propagande en faveur de l'ordre des moines capucins qui était en pleine expansion en France à cette époque.