Imaginez : vous êtes seul, dehors, et la nuit est claire et sans nuage. C'est le silence complet, et au-dessus de votre tête brillent des centaines d'étoiles.
Soudain, dans le plus parfait silence, apparaît un petit point qui en quelques secondes se met à briller, briller, briller de plus ! L'objet atteint une brillance comparable à celle de Vénus, voire même plus. Puis, aussi vite qu'il est apparu, l'objet disparaît, presque sur place...
Qu'est ce que c'était ? La foudre ? Impossible, le ciel est complétement dégagé. Un OVNI ? Pas forcément. En fait, il y a toutes les chances pour que vous veniez d'observer un flash d'un satellite Iridium, plus communément appelé « flash Iridium ».
Les satellites Iridium
A la fin des années 1990, la firme Motorola eut l'idée de développer un réseau de téléphonie mobile disponible sur toute la planète, en particulier dans les zones non couvertes par le GSM. Il aurait été ainsi possible de téléphoner au beau milieu du Sahara, ou en plein Pacifique !
Pour ce faire, il fallait disposer d'un grand nombre de satellites, afin qu'au moins un d'entre eux soit au-dessus de l'horizon (et donc disponible), quelque soit l'endroit sur Terre et au moment voulu. Un calcul assez rapide, en fonction de l'altitude orbitale du système, montrait qu'il fallait un réseau de 77 satellites. 77 comme le numéro atomique de l'iridium, ce qui explique que l'ensemble du système soit baptisé ainsi. On parle donc de « constellation Iridium » (constellation se référant ici au réseau de satellites identiques, et non aux figures imaginaires visibles dans le ciel).
Pour des raisons financières, la constellation fut réduite à 66 satellites opérationnels, mais 88 furent tout de même construits, histoire d'avoir des satellites de rechange.
Tous les satellites Iridium sont identiques, et se composent d'un corps triangulaire d'environ quatre mètres de haut pour un de large. A la base se trouvent trois antennes de 188x86 cm, espacées de 120°, et orientées à 40° par rapport à l'axe vertical du satellite.
En image, cela ressemble à ceci :

(image prise sur le site www.obsat.com)
Les Iridium furent lancés par grappes sur différentes fusées entre 1997 et 1999. La mise en service du système Iridium eut lieu le 1er novembre 1998.
Malheureusement, la société Iridium va très vite se retrouver en difficulté financière. Construire 88 satellites et les lancer à un coût astronomique, qui demandait à être amorti sur les tarifs de communication, pas forcément à la portée du premier venu.
De plus, GSM, le système que Motorola comptait concurrençer, a très vite comblé ses zones non desservies, si bien que la compagnie Iridium LLC fit faillite en août 1999, à peine 9 mois après la mise en service du système...
Le réseau fut racheté en 2000 par Boeing.
Le système est toujours opérationnel actuellement, en particulier grâce aux applications militaires, qui utilisent la moitié de la capacité.
Très vite après les lancements, les astronomes amateurs vont s'apercevoir que les satellites Iridium produisent des flashs exceptionnels !
Des satellites étincelants
Revenons quelques instants sur les antennes évoquées ci-dessus. En fait, chacune d'elle est constituée de 106 modules de réception et est recouverte d'une mince couche de Teflon et d'argent produisant une très grande réflectivité.
Ensuite, le principe est simple, et est comparable au jeu d'enfant qui consiste à aveugler son voisin de classe avec le reflet du Soleil sur un verre de montre. Les antennes des satellites Iridium envoient une réflexion directe du Soleil, qui atteint un maximum de brillance dans une zone de quelques km seulement à la surface de la Terre. Il suffit juste que l'angle Soleil – satellite – observateur soit correct, et c'est le spectacle assuré. Après plus de 70 satellites Iridium en orbite, le phénomène est loin d'être rare.
Et le spectacle est impressionnant : les flashs Iridium peuvent atteindre la magnitude -8 ou -9, c'est-à-dire qu'ils peuvent être 30 fois plus lumineux que la planète Vénus, qui est tout de même le troisième astre naturel le plus brillant du ciel (après le Soleil et la Lune).
A noter que tout satellite artificiel doté d'une partie métallique ou d'un panneau solaire (c'est-à-dire la quasi-totalité, pour ne pas dire la totalité, des objets artificiels tournant autour de la Terre) est capable de « flasher », pour peu que l'angle Soleil – satellite – observateur le permette. Mais aucun n'est aussi brillant qu'un satellite Iridium, c'est pourquoi le phénomène est définitivement associé à cette constellation particulière.
Les flashs Iridium sont très localisés : le diamètre du faisceau renvoyé par les antennes atteint environ 10 km de diamètre lorsqu'il atteint le plancher des vaches.
Des flashs prévisibles !
Les flashs Iridium durent seulement quelques secondes et sont très localisés. En voir un relève du pur hasard alors, me direz-vous. Et bien... non ! Car comme le rappelle si bien l'article de Ciel & Espace n°481 (juin 2010) : « il est donc facile d'être surpris par le coup de projecteur d'un Iridium. Mais il est tout aussi facile de surprendre ses amis car la position, le mouvement et l'orientation de chacun des Iridium étant très bien connus, vous pouvez prédire l'heure exacte et la localisation dans le ciel de l'un de ces flashes. »
En effet, plusieurs sites internet de prévisions de passage de satellites artificiels permettent de calculer très facilement, en quelques clics, l'heure exacte (à la seconde près !) et l'emplacement dans le ciel des flashs Iridium pour un endroit donné (votre jardin par exemple).
En voici deux, faciles d'utilisation :
www.heavens-above.com (très célèbre)
et
www.calsky.com (plus complet)
Pour ces deux sites, il suffit de sélectionner sur une carte l'emplacement de sa maison, et le tour est joué. On a rarement vu plus simple en terme d'utilisation...
Pour Heavens-Above, il suffit de se rendre dans la rubrique « Iridium Flares ».
Pour Calsky, le chemin à suivre est « Satellites », puis « (Iridium) Flares ».
Si vous faites la comparaison entre ces deux sites, vous vous apercevrez vite que Calsky est plus complet, et ne se contente pas de donner seulement les flashs des satellites Iridium, mais également de certains autres satellites (satellites espions américains Lacrosse, satellites espions japonais IGS, satellite scientifique Aura, etc).
Calsky, en voulant se montrer exhaustif, fait même parfois de l'excès de zèle : le site calcule ainsi les reflets de la Lune sur les satellites Iridium, un phénomène qui atteint péniblement la magnitude +14, c'est-à-dire seulement visible avec de gros télescopes...
Une fois l'heure notée des flashs Iridium pour votre lieu d'observation, il ne reste plus qu'à attendre qu'il fasse nuit, que le ciel soit dégagé, et... à vous assurer que votre montre est bien à l'heure !
Une fois que vous aurez bien maitrisé les prévisions de ce phénomène, n'hésitez pas à partager vos observations avec un groupe d'amis, en leur prédisant, quelques instants avant l'heure fatidique, de regarder à tel endroit, en précisant que quelque chose de spectaculaire va se produire.
Effet garanti sur les foules ! J'en sais quelque chose, puisque je m'amuse toujours à faire observer des flashs Iridium au public des Nuits des Etoiles. La question « Waah ! Mais comment avez-vous fait ? » revient très souvent.
Une source d'OVNI
Les flashs Iridium sont très spectaculaires et complétement silencieux. Voilà donc une belle source d'OVNI.
En fouillant sur Internet, il est possible quelques beaux exemples.
En voici un, publié récemment sur le forum d'astronomie Webastro : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=63097&highlight=ovni
Le témoin, situé près d'Arras, voit un « objet très brillant » pendant quelques secondes. « Sa brillance diminue jusqu'à devenir un point minuscule qui se déplace lentement ». Des caractéristiques typiques d'un flash Iridium.
Vérifions sur Calsky si un flash Iridium était effectivement visible depuis Arras, le 19 mai 2010, vers 22h40 HL, vers l'Est.

Et bien c'est effectivement le cas. Le 19 mai 2010, le satellite Iridium 41 a flashé à 22h41, à 49° de hauteur vers le Nord-Est, dans la constellation du Dragon.
C'est également la conclusion du membre Toutiet, en date du 21 mai 2010 à 0h33, dans le message n°4 du topic précité, qui lui a vérifié l'information sur Heavens-Above.
Conclusion
Bref, je ne peux que vous encourager à observer les flashs Iridium : c'est facile, ça ne nécessite pas d'instrument particulier (juste internet et une montre), et c'est très spectaculaire !
Bibliographie (pour approfondir le sujet)
Voici quelques liens bien utiles pour en connaître plus sur les flashs Iridium. Cette liste est bien entendu non exhaustive :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Flash_Iridium
http://www.obsat.com/iridium.htm
et l'article « La saison des satellites étincelants », Ciel & Espace n°481 (juin 2010), pages 10 à 14.
Soudain, dans le plus parfait silence, apparaît un petit point qui en quelques secondes se met à briller, briller, briller de plus ! L'objet atteint une brillance comparable à celle de Vénus, voire même plus. Puis, aussi vite qu'il est apparu, l'objet disparaît, presque sur place...
Qu'est ce que c'était ? La foudre ? Impossible, le ciel est complétement dégagé. Un OVNI ? Pas forcément. En fait, il y a toutes les chances pour que vous veniez d'observer un flash d'un satellite Iridium, plus communément appelé « flash Iridium ».
Les satellites Iridium
A la fin des années 1990, la firme Motorola eut l'idée de développer un réseau de téléphonie mobile disponible sur toute la planète, en particulier dans les zones non couvertes par le GSM. Il aurait été ainsi possible de téléphoner au beau milieu du Sahara, ou en plein Pacifique !
Pour ce faire, il fallait disposer d'un grand nombre de satellites, afin qu'au moins un d'entre eux soit au-dessus de l'horizon (et donc disponible), quelque soit l'endroit sur Terre et au moment voulu. Un calcul assez rapide, en fonction de l'altitude orbitale du système, montrait qu'il fallait un réseau de 77 satellites. 77 comme le numéro atomique de l'iridium, ce qui explique que l'ensemble du système soit baptisé ainsi. On parle donc de « constellation Iridium » (constellation se référant ici au réseau de satellites identiques, et non aux figures imaginaires visibles dans le ciel).
Pour des raisons financières, la constellation fut réduite à 66 satellites opérationnels, mais 88 furent tout de même construits, histoire d'avoir des satellites de rechange.
Tous les satellites Iridium sont identiques, et se composent d'un corps triangulaire d'environ quatre mètres de haut pour un de large. A la base se trouvent trois antennes de 188x86 cm, espacées de 120°, et orientées à 40° par rapport à l'axe vertical du satellite.
En image, cela ressemble à ceci :

(image prise sur le site www.obsat.com)
Les Iridium furent lancés par grappes sur différentes fusées entre 1997 et 1999. La mise en service du système Iridium eut lieu le 1er novembre 1998.
Malheureusement, la société Iridium va très vite se retrouver en difficulté financière. Construire 88 satellites et les lancer à un coût astronomique, qui demandait à être amorti sur les tarifs de communication, pas forcément à la portée du premier venu.
De plus, GSM, le système que Motorola comptait concurrençer, a très vite comblé ses zones non desservies, si bien que la compagnie Iridium LLC fit faillite en août 1999, à peine 9 mois après la mise en service du système...
Le réseau fut racheté en 2000 par Boeing.
Le système est toujours opérationnel actuellement, en particulier grâce aux applications militaires, qui utilisent la moitié de la capacité.
Très vite après les lancements, les astronomes amateurs vont s'apercevoir que les satellites Iridium produisent des flashs exceptionnels !
Des satellites étincelants
Revenons quelques instants sur les antennes évoquées ci-dessus. En fait, chacune d'elle est constituée de 106 modules de réception et est recouverte d'une mince couche de Teflon et d'argent produisant une très grande réflectivité.
Ensuite, le principe est simple, et est comparable au jeu d'enfant qui consiste à aveugler son voisin de classe avec le reflet du Soleil sur un verre de montre. Les antennes des satellites Iridium envoient une réflexion directe du Soleil, qui atteint un maximum de brillance dans une zone de quelques km seulement à la surface de la Terre. Il suffit juste que l'angle Soleil – satellite – observateur soit correct, et c'est le spectacle assuré. Après plus de 70 satellites Iridium en orbite, le phénomène est loin d'être rare.
Et le spectacle est impressionnant : les flashs Iridium peuvent atteindre la magnitude -8 ou -9, c'est-à-dire qu'ils peuvent être 30 fois plus lumineux que la planète Vénus, qui est tout de même le troisième astre naturel le plus brillant du ciel (après le Soleil et la Lune).
A noter que tout satellite artificiel doté d'une partie métallique ou d'un panneau solaire (c'est-à-dire la quasi-totalité, pour ne pas dire la totalité, des objets artificiels tournant autour de la Terre) est capable de « flasher », pour peu que l'angle Soleil – satellite – observateur le permette. Mais aucun n'est aussi brillant qu'un satellite Iridium, c'est pourquoi le phénomène est définitivement associé à cette constellation particulière.
Les flashs Iridium sont très localisés : le diamètre du faisceau renvoyé par les antennes atteint environ 10 km de diamètre lorsqu'il atteint le plancher des vaches.
Des flashs prévisibles !
Les flashs Iridium durent seulement quelques secondes et sont très localisés. En voir un relève du pur hasard alors, me direz-vous. Et bien... non ! Car comme le rappelle si bien l'article de Ciel & Espace n°481 (juin 2010) : « il est donc facile d'être surpris par le coup de projecteur d'un Iridium. Mais il est tout aussi facile de surprendre ses amis car la position, le mouvement et l'orientation de chacun des Iridium étant très bien connus, vous pouvez prédire l'heure exacte et la localisation dans le ciel de l'un de ces flashes. »
En effet, plusieurs sites internet de prévisions de passage de satellites artificiels permettent de calculer très facilement, en quelques clics, l'heure exacte (à la seconde près !) et l'emplacement dans le ciel des flashs Iridium pour un endroit donné (votre jardin par exemple).
En voici deux, faciles d'utilisation :
www.heavens-above.com (très célèbre)
et
www.calsky.com (plus complet)
Pour ces deux sites, il suffit de sélectionner sur une carte l'emplacement de sa maison, et le tour est joué. On a rarement vu plus simple en terme d'utilisation...
Pour Heavens-Above, il suffit de se rendre dans la rubrique « Iridium Flares ».
Pour Calsky, le chemin à suivre est « Satellites », puis « (Iridium) Flares ».
Si vous faites la comparaison entre ces deux sites, vous vous apercevrez vite que Calsky est plus complet, et ne se contente pas de donner seulement les flashs des satellites Iridium, mais également de certains autres satellites (satellites espions américains Lacrosse, satellites espions japonais IGS, satellite scientifique Aura, etc).
Calsky, en voulant se montrer exhaustif, fait même parfois de l'excès de zèle : le site calcule ainsi les reflets de la Lune sur les satellites Iridium, un phénomène qui atteint péniblement la magnitude +14, c'est-à-dire seulement visible avec de gros télescopes...
Une fois l'heure notée des flashs Iridium pour votre lieu d'observation, il ne reste plus qu'à attendre qu'il fasse nuit, que le ciel soit dégagé, et... à vous assurer que votre montre est bien à l'heure !
Une fois que vous aurez bien maitrisé les prévisions de ce phénomène, n'hésitez pas à partager vos observations avec un groupe d'amis, en leur prédisant, quelques instants avant l'heure fatidique, de regarder à tel endroit, en précisant que quelque chose de spectaculaire va se produire.
Effet garanti sur les foules ! J'en sais quelque chose, puisque je m'amuse toujours à faire observer des flashs Iridium au public des Nuits des Etoiles. La question « Waah ! Mais comment avez-vous fait ? » revient très souvent.
Une source d'OVNI
Les flashs Iridium sont très spectaculaires et complétement silencieux. Voilà donc une belle source d'OVNI.
En fouillant sur Internet, il est possible quelques beaux exemples.
En voici un, publié récemment sur le forum d'astronomie Webastro : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=63097&highlight=ovni
Le témoin, situé près d'Arras, voit un « objet très brillant » pendant quelques secondes. « Sa brillance diminue jusqu'à devenir un point minuscule qui se déplace lentement ». Des caractéristiques typiques d'un flash Iridium.
Vérifions sur Calsky si un flash Iridium était effectivement visible depuis Arras, le 19 mai 2010, vers 22h40 HL, vers l'Est.

Et bien c'est effectivement le cas. Le 19 mai 2010, le satellite Iridium 41 a flashé à 22h41, à 49° de hauteur vers le Nord-Est, dans la constellation du Dragon.
C'est également la conclusion du membre Toutiet, en date du 21 mai 2010 à 0h33, dans le message n°4 du topic précité, qui lui a vérifié l'information sur Heavens-Above.
Conclusion
Bref, je ne peux que vous encourager à observer les flashs Iridium : c'est facile, ça ne nécessite pas d'instrument particulier (juste internet et une montre), et c'est très spectaculaire !
Bibliographie (pour approfondir le sujet)
Voici quelques liens bien utiles pour en connaître plus sur les flashs Iridium. Cette liste est bien entendu non exhaustive :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Flash_Iridium
http://www.obsat.com/iridium.htm
et l'article « La saison des satellites étincelants », Ciel & Espace n°481 (juin 2010), pages 10 à 14.
Dernière édition par Bob Rekin le 14/01/17, 05:42 pm, édité 1 fois