Récent article sur les témoins et la fausse mémoire
http://www.bps-research-digest.blogspot.com/2012/01/your-memory-of-events-is-distorted.html
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0010027711001259
Rapide traduction de la brève du Research Digest :
La mémoire n'est pas gravée dans la roc des neurones. C'est plutôt un processus créatif, tracé dans le sable. Dans l'une des démonstrations parmi les plus dramatiques présentées à ce jour, Brent Strickland et Frank Keil ont montré comment la mémoire des gens vis-à-vis d'un clip vidéo se déforme en quelques secondes seulement, afin d'élaborer un épisode qui soit cohérent dans son ensemble. Ils ont déclaré que leur recherche a fourni des preuves que l'esprit utilise des «routines de compression sophistiquées ... pour empaqueter de manière efficace les événements précédents lors de leur envoi vers la mémoire."
Cinquante-huit étudiants uni regardé trois types de clip vidéo de 30 secondes, chacun, dans lesquels une personne botte, lance, pousse ou frappe une balle ou un volant. Un type de vidéo 1) se termine avec les conséquences de l'action sportive implicites dans le clip - par exemple, un ballon de football s'envole au loin. Dans l'autre type, 2) il manquait la scène finale qui est remplacée par un extrait vidéo hors de propos, par exemple d'un juge de lignes qui fait du jogging sur la ligne. Le 3e type 3) de vidéo a été brouillé, ou comporte des événements qui se déroulent dans un ordre dispersé. Point crucial de l'expérience, quel que soit le type de vidéo, le 'moment du contact' - par exemple, le tireur est vu frappant réellement dans la balle - a parfois été montré, et parfois pas.
Après avoir regardé chaque clip vidéo, on a montré aux participants une série de clichés et on leur a demandé de dire si chaque cliché avait ou non été présenté dans la vidéo qu'ils venaient de regarder. Voici la principale conclusion. Les participants qui ont regardé le type de vidéo qui culminerait avec la balle (ou etc volant) s'envoler au loin étaient enclins à dire qu'ils avaient vu le 'moment de contact' dans la vidéo, même si cette image particulière n'avait pas été montrée.
En d'autres termes, parce que voir la balle s'envoler implique implicitement que le tireur (ou autre protagoniste) a frappé la balle, les participants avaient tendance à inventer une mémoire de manière à avoir vu que l'action causale se produit, même lorsque ce n'est pas le cas. Cette distorsion de la mémoire qui s'est passée en quelques secondes, parfois une seule seconde après la partie pertinente de la vidéo avait été visionnée.
Cette invention de la mémoire ne s'est pas produite pour les vidéos qui ont une fin non pertinente, ou qui ont été brouillées. Ainsi l'invention de la mémoire a été spécifiquement déclenchée par l'observation d'une conséquence (par exemple un ballon s'envole au loin), qui impliquait une action antérieure de causalité qui était arrivée et qui 'devait donc' avoir été vue. Dans ce cas, les participants semblaient avoir «comblé» le moment manquant du contact de la vidéo, créant ainsi un ensemble causalement cohérent pour leurs souvenirs. Un niveau similaire d'invention de la mémoire ne se produit pas pour d'autres expériences où la scène manquante n'a rien à voir avec l'action implicite dans le clip.
Une deuxième étude reproduit ces effets de distorsion de la mémoire avec plus de 58 participants et de nouveaux contextes impliquant le tir, le lancer et le bowling.
Les chercheurs ont déclaré que leurs résultats ont des implications évidentes pour les témoins des scènes de crime. Imaginez un témoin qui voit un homme armé d'un fusil, et imaginez quelques secondes plus tard qu'ils voient aussi une personne à proximité tombant d'une blessure par balle... - ces nouveaux résultats montrent combien il est facile pour l'esprit du témoin d'inventer un souvenir dans lequel il a vu le moment où le tireur à appuyer su la gâchette. «Dans certaines circonstances», selon les chercheurs, "un empaquetage conceptuel peut conduire la personne qui perçoit à insérer des informations non-vues afin de satisfaire des exigences structurelles. Ce qui fut le cas dans la présente étude."
--
Rien de bien nouveau, sauf peut être les rapidité du processus, dans un contexte de laboratoire par ailleurs peut stressant... Bref, la construction de fausses mémoires, c'est plus la règle que l'exception.
La suite logique d'une telle expérience serait de tester comment "l'ensemble [narratif] cohérent" peut dépendre d'attentes et de croyances issues d'une culture donnée (grosso-modo une culture pro-HET dans notre cas, voir).
NB : Il me semble d'ailleurs de plus en plus que l'ufologie (sceptique), si elle est scientifique, est proche de la science forensique plus que de tout autre. Je me demande si la branche 'psycho' des sceptiques ne devrait pas activement s'inspirer de celle-ci (plus que d'une démarche expérimentale, ou de l'enquête journalistique).
http://www.bps-research-digest.blogspot.com/2012/01/your-memory-of-events-is-distorted.html
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0010027711001259
Rapide traduction de la brève du Research Digest :
La mémoire n'est pas gravée dans la roc des neurones. C'est plutôt un processus créatif, tracé dans le sable. Dans l'une des démonstrations parmi les plus dramatiques présentées à ce jour, Brent Strickland et Frank Keil ont montré comment la mémoire des gens vis-à-vis d'un clip vidéo se déforme en quelques secondes seulement, afin d'élaborer un épisode qui soit cohérent dans son ensemble. Ils ont déclaré que leur recherche a fourni des preuves que l'esprit utilise des «routines de compression sophistiquées ... pour empaqueter de manière efficace les événements précédents lors de leur envoi vers la mémoire."
Cinquante-huit étudiants uni regardé trois types de clip vidéo de 30 secondes, chacun, dans lesquels une personne botte, lance, pousse ou frappe une balle ou un volant. Un type de vidéo 1) se termine avec les conséquences de l'action sportive implicites dans le clip - par exemple, un ballon de football s'envole au loin. Dans l'autre type, 2) il manquait la scène finale qui est remplacée par un extrait vidéo hors de propos, par exemple d'un juge de lignes qui fait du jogging sur la ligne. Le 3e type 3) de vidéo a été brouillé, ou comporte des événements qui se déroulent dans un ordre dispersé. Point crucial de l'expérience, quel que soit le type de vidéo, le 'moment du contact' - par exemple, le tireur est vu frappant réellement dans la balle - a parfois été montré, et parfois pas.
Après avoir regardé chaque clip vidéo, on a montré aux participants une série de clichés et on leur a demandé de dire si chaque cliché avait ou non été présenté dans la vidéo qu'ils venaient de regarder. Voici la principale conclusion. Les participants qui ont regardé le type de vidéo qui culminerait avec la balle (ou etc volant) s'envoler au loin étaient enclins à dire qu'ils avaient vu le 'moment de contact' dans la vidéo, même si cette image particulière n'avait pas été montrée.
En d'autres termes, parce que voir la balle s'envoler implique implicitement que le tireur (ou autre protagoniste) a frappé la balle, les participants avaient tendance à inventer une mémoire de manière à avoir vu que l'action causale se produit, même lorsque ce n'est pas le cas. Cette distorsion de la mémoire qui s'est passée en quelques secondes, parfois une seule seconde après la partie pertinente de la vidéo avait été visionnée.
Cette invention de la mémoire ne s'est pas produite pour les vidéos qui ont une fin non pertinente, ou qui ont été brouillées. Ainsi l'invention de la mémoire a été spécifiquement déclenchée par l'observation d'une conséquence (par exemple un ballon s'envole au loin), qui impliquait une action antérieure de causalité qui était arrivée et qui 'devait donc' avoir été vue. Dans ce cas, les participants semblaient avoir «comblé» le moment manquant du contact de la vidéo, créant ainsi un ensemble causalement cohérent pour leurs souvenirs. Un niveau similaire d'invention de la mémoire ne se produit pas pour d'autres expériences où la scène manquante n'a rien à voir avec l'action implicite dans le clip.
Une deuxième étude reproduit ces effets de distorsion de la mémoire avec plus de 58 participants et de nouveaux contextes impliquant le tir, le lancer et le bowling.
Les chercheurs ont déclaré que leurs résultats ont des implications évidentes pour les témoins des scènes de crime. Imaginez un témoin qui voit un homme armé d'un fusil, et imaginez quelques secondes plus tard qu'ils voient aussi une personne à proximité tombant d'une blessure par balle... - ces nouveaux résultats montrent combien il est facile pour l'esprit du témoin d'inventer un souvenir dans lequel il a vu le moment où le tireur à appuyer su la gâchette. «Dans certaines circonstances», selon les chercheurs, "un empaquetage conceptuel peut conduire la personne qui perçoit à insérer des informations non-vues afin de satisfaire des exigences structurelles. Ce qui fut le cas dans la présente étude."
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Rien de bien nouveau, sauf peut être les rapidité du processus, dans un contexte de laboratoire par ailleurs peut stressant... Bref, la construction de fausses mémoires, c'est plus la règle que l'exception.
La suite logique d'une telle expérience serait de tester comment "l'ensemble [narratif] cohérent" peut dépendre d'attentes et de croyances issues d'une culture donnée (grosso-modo une culture pro-HET dans notre cas, voir).
NB : Il me semble d'ailleurs de plus en plus que l'ufologie (sceptique), si elle est scientifique, est proche de la science forensique plus que de tout autre. Je me demande si la branche 'psycho' des sceptiques ne devrait pas activement s'inspirer de celle-ci (plus que d'une démarche expérimentale, ou de l'enquête journalistique).