Suite :Vers 13h, le témoin P part aussi et nous lui assurons que nous ramènerons le détecteur à la brigade vers 15h, heure de reprise de son service.
Nous relayant nous passons le plus méticuleusement possible le détecteur sans rien détecter de probant, sinon un vieux clou et une boite de conserve rouillée.
Il est alors environ 14 h 30 lorsqu’un voisin situé plus au fond de la parcelle, nous surveillant depuis un long moment, arrive près de Patrice. Intrigué il l’interpelle : « Il y a encore eu une bêtise de faite ici ? ».
Le témoin P nous avait préalablement expliqué qu’une bonne dizaine de jeunes faisaient des bêtises quelquefois dans le secteur et le brave monsieur pensait alors que notre présence, liée manifestement à celle du maire, des pompiers et du témoin avait un rapport certain avec ce genre d’affaires.
Patrice explique vaguement notre présence et là, surprise de taille il s’exclame : « Ah oui ! C’est mon fils et son copain qui ont pris les photos ! ».
Patrice appelle alors Francine, fouinant à quatre pattes dans le bois.
Sautant sur l’occasion nous lui demandons s’il est possible de les voir ce qu’il accepte immédiatement (visiblement heureux de ce concours de circonstances).
Enquête sur les deux témoins aux fameuses photos.Pendant que nous rangions le matériel, nous continuons la discussion et nous apprenons que personne n’est venu enquêter in situ à propos des clichés de la météorite. ( ?)
Il nous dit aussi qu’il a l’habitude de faire le tour du « propriétaire » afin d’ôter les divers morceaux de verres et autres cailloux afin qu’aucun « gosse » ne se blesse. Il possède un grand morceau de terrain jouxtant et la parcelle que nous venions vainement de tester sur environ 50 % tout autour du point supposé de l’impact, mais aussi le petit bois le bordant.
Il nous demande également à quoi peu bien ressembler une météorite. Vaguement nous lui expliquons et là, à notre étonnement, il nous dit qu’il a ramassé une pierre noire, « ici ! » (à environ dix ou douze mètres en bordure du petit bois et après l’arbre cassé. Une pierre polie, comme brûlée.
Prudemment nous lui demandons des précisions et surtout « qu’est-ce qu’il en a fait » !
Sa réponse est sans appel : « Je l’ai jeté derrière (dans sa parcelle), puis dans le trou... » !
- Nous pouvons quand même la voir ?
- Oui bien sur, je dois la retrouver.
- Et vous l’avez trouvée il y a longtemps ?
- Deux ou trois semaines environ............
Nous n’insistons pas trop et dirigeons notre attention sur un des heureux veinards ayant eu la chance de photographier ce bolide qui occupe nos pensées et hantent nos nuits depuis plus d’un mois et demi. Nous l’accompagnons in situ pour prendre les mesures nécessaires et rencontrer l’autre témoin, J.. Dans le rétroviseur, Patrice aperçoit le père de C., ramassant dans un trou (en fait une large cavité bordant deux arbres et donc d’origine naturelle) quelque chose qu’il garde dans la main.
C. nous explique :
- Nous étions dehors, jouant avec le portable de J., lorsque nous avons vu arriver comme un point blanc dans le ciel, assez haut et se dirigeant vers nous. J. a pris plusieurs clichés avec son portable et il y en a deux de réussis. Voilà !
In situ en présence de J, auteur des clichés, nous apprenons donc que le phénomène provenait du 30°N.N.E pour une hauteur angulaire estimée à 39° lors de l’apparition. Le phénomène se dirigeait à vive allure vers le 250° OSO pour disparaître à une hauteur angulaire de 28°.
Diamètre apparent estimé au comparateur LDLN :
- Phénomène au n° 10 à 15
- Lune au n° 10
(rappel : La Lune est au n° 5)
D’après eux les couleurs des clichés sont très fidèles, sans aucune altération due au portable. Zoom sur 2.
La durée totale de l’observation n’a pas excédé trois ou quatre secondes d’après eux.
Aucun bruit particulier n’a été noté. A décharge, un des témoins nous dira que des voitures circulaient sur la route située à proximité.
Notons qu’entre l’endroit d’où les photographies furent prises et le site de chute d’un fragment supposé il n’y a à vol d’oiseau que 1000 mètres environ !!!!!!!!
Notes : Si nous désirons tenter de comprendre l’incompatibilité qui résulte du bruit entendu par le témoin P et le silence qui a semblé suivre l’apparition photographiée par les deux garçons, force nous est d’échafauder une hypothèse.
Nous savons que notre témoin se trouvait à bord d’un véhicule et à l’endroit supposé de chute alors qu’il était avec un ami. Il nous dit avoir très clairement entendu un bruit sec, sans prolongement et simultané avec l’apparition de la lueur bleutée.
La perception nous joue parfois des tours et l’ensemble de l’observation, y compris la chute du fragment, est incluse dans un laps de temps très court. Pas plus de deux secondes. Cela peu paraître long aussi, surtout pour un phénomène de cet ordre.
Rien ne nous interdit d’inverser les choses, à savoir une vision de lueur bleutée éclairant le paysage, la vision de la chute du fragment lorsqu’il tourne instantanément la tête et au même instant le bruit sec (comme un coup de fusil – rappel). Dans ce cas les branches cassées de l’arbre mort nous interpellent vivement.
Pouvons-nous raisonnablement envisager qu’un fragment du bolide (ou une autre météorite en trajectoire quasi-similaire ?) terminant sa course folle en vienne à percuter violemment (angle de chute important) une branche de l’arbre mort et en conséquence cassante facilement sous l’impact, donnant un bruit sec que notre témoin identifia à un « coup de fusil » ?
Peut-être pas si fou que cela finalement. Mais surtout fort cohérent ! Du moins en apparence...
Le problème résistant à cet instant à toute logique apparente est que nous n’avons rien trouvé à proximité ! Pourtant un tel choc laisse à penser qu’un morceau plus ou moins important devrait se trouver dans les parages immédiats. Voir à quelques mètres seulement. Nous pensons donc à une persistance rétinienne !
La suite...ou choc au cœur...Après notre enquête sur les lieux des prises de vues, nous ramenons C chez son père.
Là, ce dernier nous attend avec...un morceau de pierre noire dans les mains.
Choc au cœur !
Il nous confirme l’avoir trouvé dans le champ sur lequel nous cherchions vainement depuis trois bonnes heures. Mieux ! A une dizaine voir une douzaine de mètres de l’arbre aux branches cassées, à l’orée même du bois !
Donc en prolongement direct de l’arbre et dans la trajectoire indiquée par le témoin M. P !
Nous tentons de garder notre calme. D’être « zen » avec un maximum d’efforts.
La pierre nous apparaît de suite fort troublante. De là à dire « C’est la météorite », bien qu’il s’agisse d’un pas que nous aimerions aisément franchir, il y a ce pas justement que nous appellerons « prudence ».
Les coïncidences malheureuses existent (hélas) tout comme les pierres étranges ! Trouver un fragment est suffisamment rare en soi, alors y ajouter une chance insolente, cela nous apparaît par trop raisonnable.
Le propriétaire du morceau le tend à Patrice, qui, immédiatement, d’instinct ( ?) déclare : « Non, ce n’est certainement pas cela ! ». Ce faisant il redonne illico le morceau à Francine qui le porte à la voiture (vite aux abris.........) et qui ajoute : « Les géologues verront immédiatement de quelle pierres il s’agit ».
Notre monsieur est un instant dépité. De toute évidence il s’attendait à une autre déclaration.
Nous le laissons dans cet incertitude et Patrice engage aussitôt une conversation divergente.
Au passage, monsieur confirme bien avoir trouvé ce morceau près de l’arbre mort (entre 10 et 12 mètres en deçà de ce dernier – prolongement de la trajectoire supposée de la chute) et affirme n’avoir jamais vu de cailloux semblables sur le terrain. Pendant ce laps de temps, Francine, sortant le détecteur, mais toujours derrière le véhicule, tente de tester le morceau. Le détecteur réagit faiblement !
Prenant peur que cela alerte notre brave quidam, sympathique au demeurant, Patrice se dirige vers l’arrière du véhicule et manipule très près du coffre de la voiture, le détecteur à métaux qui sonne allègrement. Espérant noyer un peu le poisson. Chose réussie malgré tout !
Il est 15h 45 lorsque nous quittons ce brave monsieur et son fils témoin d’un splendide bolide. Nous sommes en retard pour rapporter le détecteur de métaux aimablement prêté par les pompiers. A peine sortie de la propriété que nous croisons le véhicule des gendarmes venant manifestement aux nouvelles.
Nous rendons le détecteurs, les remercions encore très chaleureusement. La suite de la conversation tourne autour de l ‘observation de la météorite en générale et du témoignage du témoin P en particulier. Nous promettons de revenir sur les lieux le week-end prochain. Chose que nous ne manquerons pas de faire........
Sans vraiment savoir à quoi nous avons réellement à faire, voici quelques clichés du morceau récupéré par une chance insolente.
- Poids de 230 gr.
- Dimension moyenne 6 cm par 4 cm.
- Déplace 90 dl d’eau
Aspect noir, mat d’abord, puis brillant aux frottements (avec les doigts).
Quelques menus trous sur sa surface (côté noir). Des plissures sont à remarquer (toujours côté noir). Faibles mais présentes.
Des micro-fissures semblent parcourir une partir de ce corps de type apparent pierreux.
Sur l’autre face que nous nommons faute de mieux, « dessous », une face couleur terre légèrement caramel.
Surface possédant des aspérités et des irrégularités notables.
Surfaces lisses un peu partout et angle nets présents sur le dessus et les côtés.
Pas d’odeur particulière notable.
Au briquet, chauffant un endroit, (sur les conseils d’Eric Maillot) la surface noire devient plus brillante puis redevient mate au refroidissement, rien ne coule ni ne fond. L’aspect brillant revient immédiatement après un léger frottement (chiffons ou doigts).
Odeur à cet instant semblable à une persistance de « bois brûlés » depuis au moins deux jours. Difficile à décrire. Patrice compare cela à l’odeur restant après un incendie dans une maison. ( ?)
La pierre semble dense et ni légère ni lourde.
Sur un côté (face noire) nous discernons comme des traces très faibles de rouille. Très localisées et faibles.
A la loupe, on peut remarquer quelques endroits de couleur « rouille » sur la face plate notamment celle indiquée en forme de « ver de terre » et un trou en forme de « spirale »
De l’avis des Eric (BITTERLY et MAILLOT) , non il ne s’agit pas d’un fragment !
Soumis à divers avis d’expert dont Monsieur Carion, il s’agit (hélas) d’un morceau de résidu de fonderie ! Nous avons donc fini par nous décider à couper en deux notre malheureuse !
Le résultat confirme sans appel l’origine manifestement terrestre de notre morceau. Reste une bien belle aventure, doublée d’un sérieux coup au cœur dont le souvenir estompera rapidement notre déception.
Francine CORDIER – Patrice SERAYNous tenons tout particulièrement à remercier le Maire, les pompiers et le témoin M P. de ST LOUP