Profitant d'une petite journée de travail, j'ai réussi à me rendre aux RCE hier après-midi.
Encore de bien belles conférences ("les colères du Soleil", "Objets trans-neptuniens", "réaliser un livre pour l'astro, ce qu'il faut savoir" et "le secret du lac Karakul").
En attendant, et comme je l'avais promis, petit compte-rendu de la journée de jeudi :
Jeudi 1er novembre 2012. Le jour est férié, mais le réveil est bien matinal (6h), car il me faut prendre le train pour Paris. Matin froid et venteux, ciel couvert : pas de doute, nous sommes au mois de novembre. Travaux sur la ligne oblige, le nombre de trains est restreint. Seulement deux départ depuis Soissons ce matin : 7h35 et 9h16. Le premier est bien tôt (arrivée sur Paris à 9h16, alors que les conférences des RCE ne commencent qu'à 10h45), le deuxième arrive à Paris à 10h46, trop tard pour assister à la conférence sur les OVNI. Le choix est donc fait depuis quelques jours de partir à 7h35. Pour faire passer le temps (il y a une bonne heure de battement entre l'arrivée prévue à la Cité des Sciences et le début des conférences), moi et ma comparse Eva (Trevize, sur le forum) avons décidé de faire la queue à la billetterie pour acheter nos places. Quelques jours auparavant, j'avais également donné rendez-vous à Thierry Rocher, intéressé comme il se doit par la conférence sur les OVNI.
Après un départ de Soissons dans les règles, les « ennuis » ont commencé à s'accumuler, et l'heure de battement que j'avais prévu a commencé à fondre comme neige au soleil. Heureusement que j'avais prévu large !
Comme la SNCF est en train de faire des travaux importants sur la ligne Laon-Paris Nord, les trains ne peuvent plus circuler entre Mitry-Claye et la capitale. Aussi, il y a changement de train en cette gare, via le RER. Premier souci : nous arrivons normalement à Mitry à 8h38, pour un départ vers Paris prévu à 8h44. Pas de bol, le RER ne part qu'à 9h passé. Allez, déjà un quart d'heure dans la vue ! Ce n'est finalement qu'à 9h30 que nous arrivons en gare du Nord. Il nous faut alors prendre le métro pour la Cité des Sciences. Si le trajet est facile à trouver, il n'en est pas de même pour les tickets de métro. C'est donc encore dix bonnes minutes qui sont perdues, car il nous faut grimper à un étage puis en redescendre deux pour trouver un fichu distributeur... Je vois les minutes filer à ma montre, et l'espoir de voir la conférence sur les OVNI commence à s'évanouir.
Une fois dans le métro, les tracasseries ne s'arrêtent pas pour autant, puisqu'une panne de courant nous fait perdre encore deux minutes dans les tunnels menant à la station Stalingrad. Ce n'est finalement qu'à 10h15 que l'entrée de la Cité des Sciences se profile. Ouf ! Détail amusant pour un ufologue amateur, nous voyons passer au-dessus de nos têtes une grappe de ballons d'enfants flotter au gré du vent.
Comme il fallait s'y attendre, il y a une queue monstrueuse aux guichets de la Cité des Sciences, mais ô surprise, les organisateurs ont pensé à installer une billetterie spéciale RCE juste à l'entrée des Rencontres. Il y a néanmoins une jolie queue, et la marge de manœuvre est maintenant très réduite. Thierry, qui lui a bien prévu le coup et avait réservé par avance, vient nous rejoindre dans la file d'attente. 10H40 : ça y est !!! J'ai enfin mon billet d'entrée pour la journée. Il s'en est fallu de très peu pour que j'arrive en retard. Place donc maintenant aux conférences !
10h45 :
Ovni méfiez-vous des contrefaçons, de Jean-Luc Dauvergne.
C'est la 5ème édition des RCE à laquelle je participe (sur 8), et c'est la première fois que je vois le thème des OVNI abordé. Serait-ce le signe que la communauté des astronomes amateurs commence vraiment à s'intéresser au sujet ? Si c'est le cas, voilà qui nous promettrait un bon nettoyage en règle de la casuistique...
Si l'un des chefs de rubrique de
Ciel & Espace a décidé d'aborder ce sujet, c'est parce que la revue reçoit régulièrement des témoignages qui sont dans l'immense majorité facilement identifiables... pour peu qu'on connaisse les principales méprises ufologiques. Comme le titre de la conférence l'indique, c'est donc à un tour d'horizon de ces méprises que nous avons eu droit, avec il faut le souligner, un superbe panorama en images.
On commence avec les classiques nuages lenticulaires (avec explication sur leur formation, pourquoi ils paraissent si étranges, etc) avant d'enchaîner sur les objets astronomiques les plus brillants (« Des phares dans la nuit ») : Jupiter, Vénus, ou bien encore l'étoile Sirius.
C'est ensuite du côté des satellites que nous nous rendons : triplets ou doublets NOSS (Jean-Luc Dauvergne a dit avoir été bluffé il y a des années par une telle observation, qu'il n'a pas su identifier sur le coup), ainsi que les flashs Iridium.
Phénomène spectaculaire expliqué seulement depuis quelques années : les nuages à trous de poinçons, nécessitant des nuages instables en précipitation neigeuse, traversés par des avions (on observe ce genre de nuages près des aéroports).
On aborde ensuite la spirale norvégienne de décembre 2009 (missile russe parti en vrille), ainsi que la bulle filmée par un télescope hawaiien en juin 2011, et provoquée par un essai de missile Minuteman.
Puis ce sont les bolides naturels ou artificiels, avec deux beaux exemples de naturels avec ceux de Californie en octobre et au Royaume-Uni en septembre.
Autres phénomènes atmosphériques étranges mais explicables : les airglows et les aurores boréales, ces dernières étant rarement observables depuis la France (en moyenne une par an en période de maximum solaire, et aucune en période de minimum).
Restons dans la haute atmosphère avec les nuages noctiluques, pour lesquels on ne sait pas encore vraiment comment ils se forment (mais il commence à y avoir des pistes).
Phénomène voisin mais artificiel : les nuages rémanents provoqués par les tirs de fusées. Les habitants de Floride ou du Kazakhstan sont habitués à ce genre de spectacle.
Par temps froid et sous des conditions particulières, on peut réussir à observer les piliers lumineux, nécessitant un éclairage au sol et de la neige soufflée par le vent. On peut observer ces piliers avec ou sans colonne reliée au sol.
Phénomène expliqué depuis quelques années : les sprites, qu'on peut réussir à observer (coup de chance quand même!) avec un ciel dégagé et avec un orage lointain (sous l'horizon).
Figure traditionnelle en ufologie : les cigares volants, qui peuvent s'expliquer par des dirigeables ou des ballons. Le fameux ballon en forme de soucoupe volante échappé du Stade de France a été évoqué.
Enfin, nous terminons avec un prototype d'aile volante nazie qui, dans « une affirmation totalement gratuite » (dixit Jean-Luc Dauvergne), pourrait expliquer l'observation de Kenneth Arnold en 1947.
Pour conclure la conférence, nous abordons les phénomènes observés à Hessdalen, qui pour l'instant restent inexpliqués.
Bref, une conférence bien intéressante malgré quelques oublis (méprises Lune, ISS et lanternes volantes) et affirmations gratuites (ailes volantes nazies et observation de KA). Il n'est pas facile de résumer les phénomènes ufologiques en trois quarts d'heure, aussi ce tour d'horizon était très bien réussi.
En espérant qu'il y aura d'autres conférences à caractère ufologique lors des prochaines éditions des RCE !
Après la conférence, et comme je l'avais promis à Thierry, nous avons fait le tour des différents stands. Télescopes, montures, filtres... Il y avait vraiment de quoi s'y perdre dans tous ces instruments ! J'aurai l'occasion de croiser, pour le plus grand plaisir, le président d'un club d'astronomie axonais. Le stand du CNES offrait la possibilité de pouvoir se prendre en photo avec un « mannequin » du rover Curiosity.
Deux stands présentaient des instruments utiles en ufologie : spectroscopes en tous genres, et caméras All-Sky !
Petit tour à la boutique d'Alain Carion, qui nous narrait son agression récente, près de Nantes. Ouf !
La librairie des RCE était riche en diversité, mais je possède déjà nombre d'ouvrage présentés !
A midi, pause déjeuner bien méritée avant la reprise des conférences de l'après-midi...
13h45 :
Observations visuelles des météores, de Karl Antier.
Enfin ! Après quelques années à le lire et à échanger des mails avec lui, je peux enfin mettre un visage sur Karl !
Après un rappel sur le mot « météore », qui désigne à l'origine tout ce qui est dans le ciel (hydrométéore = goutte de pluie, etc), il convient de rappeler qu'un météore ne désigne que le phénomène lumineux provoqué lors de la rentrée d'un météoroïde dans l'atmosphère.
Nous décryptons ensuite un témoignage typique d'un bolide, où Karl Antier a pris un malin plaisir à casser quelques idées reçues et à nous rappeler qu'un témoignage n'est pas une preuve. Amis ufologues, prenez en de la graine !
« Hier soir, j'ai vu une boule de feu de la taille d'un ballon de handball passer au-dessus de moi à quelques centaines de mètres, puis s'écraser sur la colline en face. J'ai alors pris ma voiture pour me rendre sur place et j'ai trouvé une pierre noire, encore chaude » : le témoignage est ici inventé, mais reprend des expressions usitées à de très nombreuses reprises lors du passage d'un bolide.
Karl Antier l'a très bien rappelé : c'est la brillance et la vitesse d'un bolide qui fait qu'un témoin pense l'observer tour près de lui (quelques centaines de mètres). En réalité, tout se passe dans la haute atmosphère, et la hauteur typique d'un bolide est située entre 120 et 70 km d'altitude. Quant au fait de trouver une pierre noire après le passage d'un bolide, c'est plutôt normal : il y a tellement de résidus de fonderie ou de pierres aux formes bizarres au sol, qu'en cherchant au hasard dans un endroit donné, on tombe forcément sur quelque chose. De plus, il est impossible qu'une météorite tombée au sol soit chaude : elle baigne depuis des milliards d'années dans l'espace interplanétaire qu'elle est froide (en gros -170°C). Même si lors de sa rentrée atmosphérique la croûte de fusion est portée à plusieurs milliers de degrés, cette phase est si courte (quelques secondes à peine) que la croûte se refroidit aussitôt. Donc, si un jour vous avez l'immense chance de voir tomber une météorite à côté de vous et que vous la touchez, vous aurez les mains brûlées non pas par le chaud, mais par le froid !
Après ces quelques rappels bien utiles, nous abordons quelques notions typiques de l'observation des météores : le ZHR, qui représente le taux horaire parfait (en réalité, on observe beaucoup moins de météores de prévus, car il y a toujours quelque chose qui gêne), ou bien encore la technique d'observation. C'est tout bête, mais il suffit d'être bien couvert et d'être allongé, et de compter. Une ficelle ou un lacet de chaussure permet de remonter virtuellement la trajectoire du météore observé, ceci afin de vérifier qu'il passe bien par le radiant étudié.
Petit coup de gueule de Karl : au niveau des relevés mondiaux, la France est un véritable désert. L'observation visuelle des météores est pourtant facile, et ne nécessite pas de grand matériel.
L'observation visuelle des météores est simple, et permet de faire de la science : avec de nombreux relevés à travers le monde, on peut tracer des courbes d'évolution des différents essaims, ce qui permet de mieux connaître la dynamique des courants météoriques dans le Système solaire, et l'activité ou l'évolution de l'orbite des comètes du passé.
14h30 :
Jupiter, Ganymède en... 2030 d'Olivier Grasset.
Comme je m'y attendais, il s'agissait de la présentation de la mission JUICE, sonde européenne qui étudiera le monde jovien dans une vingtaine d'années. Les enjeux sont multiples, avec des découvertes pouvant être appliquées à l'étude des exoplanètes. Car si Jupiter est un bon modèle pour étudier les exoplanètes gazeuses, Ganymède pourrait représenter un modèle de planète-océan.
Bon, je dois l'avouer, la conférence était plutôt technique et heure de la sieste aidant, mes deux compagnons de virée se sont quelque peu assoupis... Moi-même j'ai eu un peu de mal à suivre, notamment sur les interactions de champs magnétiques.
Après une heure de conférence, Thierry nous dit au revoir, car il devait rentrer chez lui. Eva et moi sommes restés dans l'amphithéâtre, où débutait la conférence
Habitabilité, adaptation et émergence de la vie de Céline Brochier. Décidément, cette lumière tamisée et ces sièges si moelleux sont vraiment gênants pour bien suivre une conférence très technique à l'heure de la sieste... De plus, nous savions que nous ne pourrions pas rester jusqu'à la fin, car d'autres sujets nous attendaient. La conférencière abordant le cycle de transformation des ADP en ATP (ou l'inverse, je ne sais plus), voilà qui me remis en marche ce fichu Cycle de Krebs et les cours de biochimie de la fac. Oufti ! Voilà bientôt dix ans que je n'avais plus entendu parler de toutes ces choses...
Vers 16h15, nous quittons donc la salle Gaston Berger pour nous rendre vers d'autres conférences. A 16h30, Trevize se rendit à
L'Univers à portée de main des élèves de Roger Ferlet, tandis que j'attendais la très attendue
Détecter, localiser les chutes de météorites de T. Eyrignoux, G. Laurent et A. Paul.
Hélas ! A 16h45, heure prévue du début de la conférence, l'un des responsables des RCE nous annonça que la conférence ne pouvait avoir lieu, puisque les trois conférenciers n'étaient pas arrivés et n'avaient pas retiré leurs badges à l'entrée. Ont-ils oublié de venir ? Leur est-il arrivé quelque chose sur la route ? Mystère, car les trois conférenciers n'ont donné aucune nouvelle. Dommage.
En attendant que ma comparse sorte de conférence, je refis le tour des différents stands, m'attardant notamment sur les caméras All-Sky. J'ai toujours le projet d'en installer une chez moi, mais différentes turpitudes ces derniers mois ont encore repoussé ce projet. A suivre !
17h30 : sachant que nous n'aurions pas forcément le temps de manger au sortant des RCE avant de reprendre le train, et puisque nous avions un trou d'une heure, nous sommes partis mangés dans un fast-food du coin.
Retour ensuite aux RCE pour la dernière conférence de la journée, et non des moindres !
18h30 :
La « Chasse aux météorites » d'Alain Carion.
Mise à jour de la conférence qu'il donne à chaque édition des RCE. Toujours aussi passionnante et riche en anecdotes.
Alain Carion a retrouvé récemment un extrait d'Envoyé Spécial diffusé à la fin des années 1990, présentant le célèbre chasseur de météorites Robert Haag comme étant « milliardaire » en dollars. Il nous a donc passé l'extrait, nous rappelant que c'est ce reportage qui a lancé la mode des chasseurs de météorites en France : les Franco, Pélisson, Labenne, etc...
Présentation de quelques chutes célèbres récentes ou non : Alby-sur-Chéran, Chicago, etc, ainsi que de quelques fausses chutes (résidus de feu de bengale en Savoie, la pierre de Volgensheim, les trouvailles de marcassites, etc).
M. Carion nous a présenté une météorite tombée en France en 1799, retrouvée par hasard dans un fond de tiroir et qui va bientôt faire l'objet d'une publication officielle.
Pour terminer la conférence, Alain Carion a bien sûr parlé de la météorite de Draveil, dont le seul bout qu'il avait en possession a été vaporisé lors de l'incendie de sa voiture. Contre-coup de l'agression ou simple fatigue, c'est à ce moment là qu'il a perdu sa voix.
Conférence passionnante de bout en bout, comme toujours. Trevize, qui n'avait encore jamais assisté à une conférence d'Alain Carion, m'a dit avoir été très très intéressée (« c'était la meilleure conférence de la journée ! »).
A 19h30, il était temps pour nous de regagner le métro afin de rentrer sur Soissons en train. Retour à la Cité du Vase vers 22h00. Une première journée bien crevante, mais très enrichissante !
A suivre...