oncle dom a écrit:Bof, tout cela a été démystifié depuis longtemps, par Gérard de Vaucouleurs, Jean-Pierre Adam et d'autres, et on doit en avoir déjà discuté sur SO.
Jean Pierre Adam a proposé une interprétation réductrice des proportions divines et valeurs particulières inscrites dans la géométrie de la pyramide de Khéops, comme la vitesse de la lumière ou le nombre pi, qu'il ne rattache qu'au simple hasard. Oui, il dit qu'on peut trouver à peu près n'importe quelle valeur souhaitée dans n'importe quel objet, que ce soit une brosse à dents ou plus hasardeux encore, la guérite d'une marchande de billets de loterie. Il en a justement testée une à Paris, avenue de Wagram, qu'il a soumise à une analyse par logiciel. Qu'a t-il trouvé?
- Largeur de la tablette = 149 mm. 149 mm fois 100 milliards = 149 millions de kilomètres = distance Terre-Soleil. Simple et direct.
- Hauteur arrière sur largeur fenêtre = 176/56 = 22/7 = 3,142... = PI (formule d'Archimède).
- Hauteur avant = 1,90m, soit 19 décimètres; or, 19 est le nombre d'années du cycle lunaire grec, dit «cycle de Meton».
- Somme des hauteurs avant + hauteurs arrière = 190+190+176+176 = 732= Poitiers.
- Épaisseur de la tablette et largeur encadrement = 3,10 cm + 8,8 cm. En remplaçant le chiffre de l'unité par la lettre alphabétique prise dans l'ordre chronologique, on a 3 = C et 8 = H; restituons l'ensemble : C10H8 = formule chimique de la naphtaline.
Les deux premières valeurs, obtenues respectivement par le produit d'une longueur avec un multiple de 10 (en base décimale) puis par le rapport de deux longueurs, sont plutôt intuitives et percutantes, les suivantes relèvent en revanche de la numérologie. Il serait intéressant de reproduire cette expérience avec un maximum d'objets courants, brosse à dents compris, car dans ce dernier cas, mes essais n'ont rien montré de concluant. Il faut ensuite se poser la question de la pertinence des distances utilisées dans les rapports. Par exemple, dans une librairie, on peut prendre à peu près n'importe quelle hauteur d'objets, largeur, épaisseur, ajouter des cercles, des droites, faire des produits, divisions, additions et soustractions dans tous les sens, utiliser des puissances (de 1/2, 2 ou plus), et effectivement retrouver à peu près tout ce qu'on désire.
Mais, ce qui est frappant dans le cas de la grande pyramide, c'est la quantité de valeurs remarquables sur base de distances intuitives, évidentes et liées entre elles (il n'est pas là question d'effectuer des opérations combinées entre des périmètres, des diamètres, des hauteurs et des distances sélectionnées au hasard, mélangées à des surfaces ou des volumes, mais d'effectuer le même type d'opération sur des grandeurs de même nature). Je reprends les relations traitées dans l'article de Sebastien l'Hermite et d'autres, à comparer à l'exemple de Jean Pierre Adam (en négligeant les faibles marges d'erreur):
- Demi périmètre de la base sur hauteur visible = 3,142... = Pi
- Demi périmètre de la base / hauteur totale = 2,6... = Nombre d'or au carré
- Surface visible sur surface invisible (de la base) = 1,618... = Nombre d'or
- Hauteur / demi coté = 1,272... = racine carré du nombre d'or
- Aire du niveau de la chambre du roi = moitié de l'aire de la base de la pyramide
- Périmètre de la base de la pyramide = circonférence du cercle dont le rayon est la hauteur de la pyramide
- Aire de chacune des faces de la pyramide = hauteur de la pyramide élevée au carré.
Nous avons donc là des valeurs remarquables obtenues par le rapport de longueurs entres elles et de surfaces entre elles (rapport indépendant de l'unité de mesure), ainsi que des égalités de surfaces et de longueurs étonnantes.
On notera ensuite, concernant la chambre haute (pavé droit), que ses dimensions en METRES sont les suivantes:
- Largeur = 2x(nombre d'or)²
- Diagonale du plus petit rectangle = 3x(nombre d'or)²
- Longueur = 4x(nombre d'or)²
- Diagonale du pavé droit = 5x(nombre d'or)²
D'autres particularités, certes moins spectaculaires, peuvent être mentionnées:
- h/2 = hauteur du sommet des chevrons de la chambre haute
- h/3 = hauteur du plafond de la chambre haute
- h/4 = hauteur du sommet des chevrons de la chambre médiane
- h/5 = hauteur du plancher de la chambre basse
- h/7 = hauteur du plancher de la chambre médiane
Tout ceci ne représente qu'un aspect du film et de l'article en 3 parties de Sebastien L'hermite, laissant dans l'ombre bien d'autres aspects, que ce soit la grande précision des constructions, les similitudes entre sites, les alignements géographiques, la disparition du pyramidion, etc, etc. Je citerais notamment une importante réflexion de ce dernier, sur un lien possible entre la coudée et le mètre:
La chambre principale a des distances exprimées en coudées avec des valeurs entières très simples : 10 de large, 20 de long et 11,172 de haut qui permet avec les 10 de large d’avoir une diagonale précisément de 15 coudées.
On a donc les données suivantes en coudées et mètres :
Longueur L = 20 coudées = 10,47m
Largeur l = 10 coudées = 5,23m
Le granit est immuable dans le temps, et la chambre à été faite avec une extrême précision (paroi lisses), on peut ainsi avoir une valeur de la coudée très fiable.
On obtient avec ces mesures :
5,23 / 10 = 0,523m pour une coudée.
10,47 / 20 = 0,5235m pour une coudée.
En utilisant cette valeur, on retrouve avec une bonne précision les 280 coudées de hauteur pour 440 de large. L’ensemble est cohérent.
Résultat mathématique étonnant car très proche de cette valeur.
Maintenant qu’on dispose d’une valeur de la coudée au millimètre, on nous fait remarquer les résultats suivant :
π - φ² = 0,52356
π / 6 = 0,52360
Par conséquent on a aussi : 5π / 6 ≈ φ²
Il faut bien comprendre ce qui se passe ici : Une relation simple entre pi et le nombre d’or au carré est presque égale à une portion de pi. C’est un résultat mathématique remarquable et indépendant de toute unité de mesure.
Ce qui est surprenant c’est que cette valeur est très proche de celle qu’on vient d’énoncer pour la coudée EN MÈTRES !!!
Pourtant, dans un article de l'AFIS, on peut lire:
Aucun traité d’architecture, de l’Antiquité ou du Moyen Âge, ne mentionne le nombre d’or. Pour l’historien de l’art Rudolph Wittkower, « aussi loin que nous puissions voir, [√2] est le seul nombre irrationnel d’importance impliqué dans la théorie architecturale des proportions à la Renaissance ». S’il devait être retrouvé dans une construction, ce serait donc, soit par pur hasard, soit en faisant l’hypothèse d’un savoir secret transmis hors de tout support écrit.
Alors, cette accumulation d'apparentes "coïncidences" est-elle dû uniquement au seul hasard, sans une volonté chez les bâtisseurs de faire apparaître des nombres divins (si particuliers qu'on retrouve effectivement le nombre d'or dans les rapports de rayon entre la Terre et la Lune :-) )?
Il est précisé dans l'encadré concernant la grande pyramide de Gizeh, dans l'article de l'AFIS, que:
Il n’est pas plus difficile de retrouver le chiffre 5 que le nombre d’or dans un monument quelconque, comme l’indique Martin Gardner
avec à l'appui, l'extrait d'un article publié dans
Fads and Fallacies in the Name of Science en 1957 concernant notamment des trouvailles numériques qui peuvent être faites dans le Washington Monument:
Ce monument mesure 555 pieds 5 pouces de haut, 55 pieds carrés à la base ; ses fenêtres s’ouvrent à 500 pieds du sol ; le produit de la base par 60 (soit 5 fois le nombre de mois dans l’année) donne 3 300 soit le poids exact de la pierre de faîte en livres anglaises. De plus, le mot Washington se compose exactement de dix lettres (deux fois cinq). Et si l’on multiplie la base par le poids de la pierre de faîte, on a 181 500, une approximation très poussée de la vitesse de la lumière en miles par secondes. Si on prend pour unité le « pied monumental », légèrement plus court que le pied étalon, la base mesurera 56 pieds 1/2 de côté. Ce chiffre, multiplié par 33 000, donne cette fois un résultat plus approché encore de la vitesse de la lumière.
Non seulement il s'agit là de numérologie entre des grandeurs incompatibles, mais, même si des valeurs incroyables pouvaient être retrouvées avec la même facilité que dans la grande pyramide, ça ne prouverait pas qu'il s'agisse de pur hasard, puisque les francs maçons si friands de symboles, ont contribué à son édification. Il en est de même pour le Capitole, ou la ville même de Washington. Comme l'explique Alain Bauer, ancien grand maître du Grand Orient de France (2000 à 2003) dans un article de l'Express:
La capitale, Washington, est-elle un rébus sacré bâti sur un plan maçonnique ?
Elle a été dessinée par un architecte français, Pierre Charles L'Enfant, de manière géométrique, avec une dimension maçonnique évidente, des carrés, des triangles et des orientations particulières. Cela se voit de façon éclatante avec le plan d'origine. Depuis, l'évolution urbaine a pris le dessus.
Le Capitole, siège du Parlement américain, repose-t-il sur une pierre maçonnique ?
La première pierre du Capitole a été mise en place par des frères, au terme d'une cérémonie purement maçonnique, avec George Washington, vêtu de son tablier et truelle à la main, ainsi que ses collègues en tenue, au vu et au su de tout le monde. D'ailleurs, beaucoup de bâtiments américains affichent une "première pierre" offerte par une loge maçonnique, comme le célèbre obélisque du Washington Monument.
L'argument consistant à repérer des particularités dans l'architecture de grands monuments, pour le reléguer au hasard, ne tient donc pas compte de la volonté des architectes comme les bâtisseurs des grandes cathédrales, à intégrer dans leurs constructions, des proportions divines et autres symboliques troublantes.
En définitive, l'interprétation de Jean Pierre Adam me parait très insuffisante pour expliquer l'ensemble des faits (car oui, on parle bien de FAITS) abondamment relevés dans le documentaire...