Quelques nouvelles...
Grâce à la persévérance et au travail (sans doute long et difficile) de recoupement et de recherche de Ballester-Olmos, d'Anthony Bragalia et d'autres, ce cas est, comme bien d'autres cas photographiques anciens et "mythiques" (McMinnville, Chauvet...) à définitivement classer comme un cas de trucage photographique. En ce qui concerne les témoignages, il ne s'agit que de confusions astronomiques avérées, pour la plupart.
Ce travail remarquable met en avant et dénonce le nombre important d'erreurs, de mauvaises interprétations, de confusions voire de tromperie entre les observations multiples et les photographies, ce qui, au fil du temps, a contribué à alimenter le mythe.
Contrairement à une légende tenace, il n'existe aucun dossier relatif au cas photographique de Wanaque dans les dossiers du projet Blue Book, mais seulement un rapport écrit par le rédacteur d'un journal, concernant une observation, identifiée par la suite comme étant une confusion avec un aéronef. Un autre rapport de seconde main est également mentionné, faisant état d'une observation ayant duré plusieurs heures. L'observation ne fût pas rapportée à l'Air Force et seule une enquête préliminaire fût menée concluant à une confusion d'origine astronomique (Jupiter).
Ballester-Olmos regroupe ensuite les dates et heures d'observation de janvier 1966 en quatre tranches assez précises pour noter qu'elles sont toutes concordantes avec la présence dans le ciel, aux mêmes moments, de Jupiter. Une possible confusion avec Sirius, également dans le ciel à ces instants, a également été évoquée ainsi (d'après Wim Van Utrecht) qu'avec Vénus, pour l'observation par l'officier de police Cisco.
Déjà à l'époque, le NICAP (cité par Hynek en 1972 comme étant, avec l'APRO, la meilleure organisation civile d'étude ds OVNIs) lui-même considérait dans son rapport final ce cas d'observation comme étant "
à 25% le fait d'OVNIs et à 75% le fait de personnes excitées à la vue de planètes.".
Dans la suite de l'article, Ballester-Olmos égrène les différentes observations, souvent très mal documentées (et dont rien ne peut être déduit) et parfois agrémentées de photos n'ayant aucun rapport avec le cas. Ainsi, une photo sous-exposée de la galaxie d'Andromède a même été utilisée en illustration du cas! ...Avec un titre bien trompeur: "
cette photo a été remise à l'auteur de l'article par un photographe qui a eu plus de chance"... Ce que les astronomes de l'époque et d'aujourd'hui (Tim Printy) n'ont pas manqué de dénoncer rapidement:
Puis nous arrivons enfin au cœur du cas avec la fameuse photographie, objet de bien des confusions et des erreurs, que ce soit de date, de lieu (voir le chapitre "la connexion avec la Pennsylvanie") ou d'origine.
Je ne vais pas rentrer dans le détail de cet "imbroglio ufologique", et de ce qui s'apparente à une véritable enquête policière pour remonter à la source et retrouver les informations originales. Tout cela peut être lu dans le rapport de Ballester-Olmos.
On pourra juste mentionner le mythe (encore un) du trou dans la glace qui aurait été réalisé par l'OVNI des photographies en mars 1966 (?), avec des originaux confisqués par le gouvernement et un photographe anonyme, le tout figurant à l'origine dans un article à sensation du magazine Dell, et que rien ne cautionne.
Par ailleurs, divers personnages entrent en scène dans cet imbroglio; nous pourrons citer entre autres un ufologue et psychiatre du New Jersey (B. Schwarz, qualifié par Ballester-Olmos de confus, ambigu et très spéculatif en ce qui concerne les photographies, et extrêmement crédule au regard des témoignages), le photographe et ufologue August C. Roberts (connu pour avoir produit et distribué des fausses photographies d'OVNI), le contacté Howard Menger dont un des films truqués réalisé à la fin des années 50 (1958) comporte des images d'OVNI très proches de celles étudiées ici:
Dans son livret de 1967, Roberts montre comment des trucages de photographies d'OVNI peuvent être facilement réalisés en utilisant des techniques de chambre noire:
On pourra noter que le résultat est très ressemblant aux photographies de Wanaque.
La résurgence du cas, quand à elle, date de 2011. En effet, les photographies de Wanaque n'ont pas généré de nouvelles contributions jusqu'à la publication en juin 2011 d'un article de l'ufologue américain Anthony Bragalia, déjà mentionné ici même.
Concernant les cinq photos publiées, il confirme que "
certaines photographies ont trouvé leur chemin [anonymement] jusqu'à ... August C. Roberts".Il révèle que le magazine "Flying Saucers. UFO Reports" a reçu les images "
prétendument du vaisseau et du faisceau observés", le contributeur n'ayant souhaité aucune compensation ni reconnaissance.
Le dernier "épisode" de cette saga date d'octobre 2017. L'enquête d'Anthony Bragalia lui aurait permis de retrouver l'auteur original des 5 fameuses photographies, un dénommé Claude Coutant, âgé de 46 ans au moment des faits, travaillant dans une usine du New Jersey et décédé en 1985. A l'appui de ceci, Bragalia fournit deux tirages papier de la photographie la plus connue, annotées au dos "hiver 1966".
La grande majorité des personnes (ufologue, analystes photos...) interrogées et citées récemment par Ballester-Olmos au sujet de ces photographies, et en particulier de la plus connue, abondent dans le sens d'un photo-montage ou ne se prononcent pas
in fine, en l'absence de données fiables et quantifiables.
Concernant l'interprétation de Bragalia révélant des "
entités ou formes tri-dimensionnelles flottant dans le rayon de lumière" (sic!) , tous sont très dubitatifs sur la validité du processus "
d'analyse de colorimétrie unique". Tout comme le faisait à son époque le GSW et Spaulding, mettre de jolies couleurs vives sur une basique amélioration de contrastes/luminosité n'a jamais rien pu révéler quoique ce soit de plus. Le résultat n'est ni plus ni moins qu'une mise en couleur des différents niveaux d'intensité lumineuse. L'information n'émerge pas comme par magie! Ainsi, ce qui est observé n'est probablement qu'un effet de parédolie produit par des éléments visuels liés à des artefacts créés lors des processus divers de numérisation du fichier.
Par ailleurs, Win Van Utrecht a pu démontrer que les exemplaires de Bragalia n'étaient pas des originaux, mais des photos d'autres tirages.
Pour terminer, je reproduis les commentaires finaux et la conclusion de Ballester-Olmos:
Commentaires finauxLes photographies s'articulent autour de deux types de personnalités curieuses. L'une est une source anonyme d'aventures multiples et dramatiques et que tout le monde qualifierait de marginales (la fameuse "
Lunatic Fringe" représentée ici par "B.C."), à l'exception du psychiatre Dr. B.E. Schwarz. L'autre est représentée par un personnage discrédité dans le domaine des photographies d'OVNI, A.C. Roberts.
Les seuls exemplaires tirés de la série, prétendument de première génération, ne satisfont à aucun des critères indispensables à toute analyse scientifique: pas de négatif, pas de données techniques de la caméra, pas de date ni d'heure exactes, pas de témoignage (lié à la photographie) de première main, etc.
Sans éléments pour étudier les images, la personnalité des "créateurs" du matériau doit peser lourd dans la balance. Des précédents semblables sous la forme d'images ont été trouvés dans un film [truqué] réalisé par un contacté populaire du New Jersey [Menger], étroitement lié aux deux personnages ci-dessus ["B.C." et Roberts].
Conclusion personnelleLa photographie est un faux. La série de photographie est un faux. La méthode d'analyse employée par Bragalia est simpliste, inutile et inefficace pour le but recherché, voire totalement erronée.
La paire de tirages de l'auteur présumé Claude Coutant est une reproduction de tirages précédents, et non des originaux comme il a été implicitement sous-entendu. L'auteur probable de la présente série de photographies était August C. Roberts. Il pouvait le faire et se trouvait au bon endroit et au bon moment.
La date de décembre 1966 ne peut être valide car le premier tirage est paru à la mi-octobre 1966. Mon idée est que Roberts a réalisé la série d'images pendant ou après la vague de janvier 1966 et l'a présentée à l'occasion de la seconde vague d'octobre 1966.
Des séries antérieures d'images ressemblant à celles-ci peuvent exister, probablement liées à Howard Menger et probablement également fabriquées par August Roberts.