Le 4 février 1974, l'émission Actuel 2, de François de Closets, opposait l'astrophysicien Pierre Guérin, à quatre journalistes, sur le thème des OVNI.
Ce qui était nouveau, c'est que c'était l'astrophysicien qui défendait l'existence des OVNI, alors que dans une émission précédente, en 1969, avec l'astronome Paul Muller, c'était l'inverse.
Les journalistes étaient Michel Rouzé, Gérard Bonnot et Robert Clarke, tous trois journalistes scientifiques, et Jean-Claude Bourret, peu suspect de scepticisme, puisqu'il était en train d'animer l'émission Pas de panique, sur le même sujet, mais en le présentant comme un sujet respectable
Il y a actuellement de nombreux sites, qui donnent accès à la vidéo de l'émission, avec de nombreux commentaires. Beaucoup de commentateurs relèvent la qualité ce cette émission (qui est effectivement moins mauvaise que ce que nous voyons aujourd'hui). Mais l'important, ce sont les commentaires des intervenants eux même.
Voici le commentaire de Pierre Guérin :
Et voici le commentaire de Michel Rouzé:
C'est curieux, ils ne disent pas la même chose...
Vous avez dit bizarre?
Ce qui était nouveau, c'est que c'était l'astrophysicien qui défendait l'existence des OVNI, alors que dans une émission précédente, en 1969, avec l'astronome Paul Muller, c'était l'inverse.
Les journalistes étaient Michel Rouzé, Gérard Bonnot et Robert Clarke, tous trois journalistes scientifiques, et Jean-Claude Bourret, peu suspect de scepticisme, puisqu'il était en train d'animer l'émission Pas de panique, sur le même sujet, mais en le présentant comme un sujet respectable
Il y a actuellement de nombreux sites, qui donnent accès à la vidéo de l'émission, avec de nombreux commentaires. Beaucoup de commentateurs relèvent la qualité ce cette émission (qui est effectivement moins mauvaise que ce que nous voyons aujourd'hui). Mais l'important, ce sont les commentaires des intervenants eux même.
Voici le commentaire de Pierre Guérin :
Notons que le directeur de l'IAP était Jean-Claude Pecker.Au cours des mois qui suivirent, et pendant deux années, je me vis un peu malgré moi emporté dans le tourbillon des émissions radio et télé auxquelles on conviait pro-Ovnis et anti-Ovnis pour les faire s'opposer. Le « Dossier OVNI » de Bourret avait donné à d'autres journalistes l'idée d'exploiter à leur tour le filon. Le clou fut atteint lorsque François de Closets me proposa, au début de 1974, d'être l'invité d'un soir de son émission « Actuel 2 ». Face à moi sur le plateau, quatre journalistes dont trois particulièrement hargneux contre l'ufologie et bien décidés à en découdre avec moi: Robert Clarke (de la télévision), Gérard Bonnot (de L'Express), et Michel Rouzé (de l'Union rationaliste), le quatrième étant Bourret dont je savais qu'il resterait neutre. De Closets menait les débats, s'efforçant d'être impartial et d'empêcher qu'on m'interrompe à tout moment dès que je commençais à répondre aux objections que l'on m'opposait. Lors du pot qui suivit l'émission, mes contradicteurs le lui reprochèrent vertement, prétendant qu'il ne leur avait pas permis de s'exprimer, ce qui est un comble. Ils étaient trois contre un seul, et il eût fallu par surcroît qu'on leur laissât le monopole de la parole! Je visionnai l'émission peu après, et me trouvai très mauvais, cherchant trop souvent mes mots et remplaçant les vides entre ceux-ci par des «heu, heu» dénués d'élégance. Paradoxalement, les téléspectateurs me trouvèrent, semble-t-il, bon, estimant, selon l'expression de l'un d'eux, que j'avais su «clouer le bec» à mes contradicteurs sans me démonter. Je reçus, dans les deux jours qui suivirent, des sacs de lettres de félicitations auxquelles se trouvaient mêlées quelques lettres d'injures. Tout ce courrier avait été déversé par le facteur, devant mes collègues goguenards, sur une petite table dans le bureau d'accueil à l'entrée de l'IAP et cela me gênait beaucoup. Le directeur de l'IAP, qui passait par là, me lança: « Que voulez-vous, Guérin, qui sème le vent récolte la tempête. »
(Pierre Guérin - OVNI les mécanismes d'une désinformation - Albin Michel -2000)
Et voici le commentaire de Michel Rouzé:
Il y a quelque huit mois, mon téléphone sonna.
— Allô, Michel Rouzé? Ici Jean-Claude Bourret, de France-Inter. Je fais une série d'émissions sur les OVNI. Voudriez-vous y participer en nous donnant votre avis sur l'origine des soucoupes volantes ?
— Volontiers. C'est très intéressant, comme phénomène psychologique et sociologique...
— ...
— ...
— Comment ! Vous ne pensez pas que les OVNI existent vraiment ? Mais 1eur réalité est indiscutable ! Il ne s'agit pas de la mettre en cause. D'où viennent-ils ? Et pourquoi visitent-ils la Terre ? Voilà ce que nous voudrions savoir.
Les extraterrestres...
— Je suis prêt à dire ce que j'en pense. Quand dois-je venir au studio d'enregistrement ?
— Je vous téléphonerai... je vous téléphonerai...
Jean-Claude Bourret ne m'a jamais rappelé. Mais je l'ai entendu, chaque soir, au micro de France-Inter, produire, avec des « témoignages » sur des apparitions de soucoupes volantes, quelques interviews de personnages sélectionnés. Un peu plus tard, une partie de ce matériel a paru en librairie, avec une photographie de Jean-Claude Bourret au milieu des prestigieux micros de l'ORTF.
Entre-temps, du reste, François de Closets avait réuni dans un studio-de télévision, face à un « ufologue » connu, quatre journalistes, dont trois spécialistes de l'information scientifique : Robert Clarke, de « France-Soir », Gérard Bonnot, de l'« Express », et moi-même.
Le quatrième était Jean-Claude Bourret. Je n'en veux nullement à ce charmant confrère. Il connait bien son métier.
J'ai été longtemps, moi aussi, journaliste d'information générale. Je sais la grandeur de cette tache, ses petitesses et ses tentations. Plaire au public, fabriquer la nouvelle la plus sensationnelle, celle qui se vendra le mieux. Je ne parle pas des servitudes politiques, qui ne sont pas en cause
Par la force des choses, le journaliste scientifique oublie moins facilement l'existence d'une réalité objective, qu'il convient de respecter, ce qui implique par voie de conséquence le respect du lecteur ou de l'auditeur.
Quant aux téléspectateurs, ce soir-la, ils n'entendirent guère Jean-Claude Bourret. Au point que le physicien Pierre Auger, qui me félicita quelques jours plus tard pour le comportement scientifique des journalistes au cours de la discussion, n'avait pas perçu de discordance.
Jean-Claude Bourret, si disert à l'accoutumée, n'ouvrit pratiquement pas la bouche. Etait-il complexé par notre présence ?
Pourtant nous ne dîmes qu'une faible partie de ce que nous aurions voulu dire. Les dés étaient pipés. Ni Pierre Auger ni les autres téléspectateurs ne pouvaient voir sur le petit écran les gestes impératifs par lesquels François de Closets, à plusieurs reprises, nous imposa d'abréger : nous n'étions évidemment invités que comme faire-valoir de l'« ufologue ». Journalisme oblige. Au sortir du studio, Gérard Bonnot était furieux. Robert Clarke, philosophe. Quant a moi, pas mécontent d'être venu : les absents ont encore bien plus tort.
(Michel Rouzé -Lueurs sur les soucoupes volantes- AFIS n° 48, octobre 1974)
C'est curieux, ils ne disent pas la même chose...
Vous avez dit bizarre?