Qu'est-ce que l'efficacité du GEIPAN ? Faut-il la mesurer au travers des classifications réalisées ? Mon avis personnel est qu'il peut y avoir bien des choses, mais déjà que de manière plus large, le choix des catégories « A, B, C, D », utilisées dans le passé, ont fait plus de mal que de bien à l'ufologie.
Elles ont contribué à cliver les individus, si ce n'est à créer une ambiance délétère, à construire des camps, exactement comme en politique.
Personnellement, je souhaiterais que les ufologues focalisent moins sur ces catégories qui ne permettent pas de toute façon d'analyse scientifique.
Au mieux, elles ne servent que des statistiques "généralistes". Et elles coupent les "cheveux en quatre" : dans l'esprit de nombreux individus elles servent essentiellement d'étendards pour défendre une cause, certains ayant leur petite idée de la proportion "qu'il faudrait" de PAN A, B, C, D...
Hormis les cas classés « A », pour lesquels il y a peu (moins) de doute, il ne faut pas perdre de vue que ces catégories intègrent toutes une part d'incertitude résiduelle forte sur la nature du phénomène observé.
Ces catégories ont été trop souvent été utilisées de manière plus ou moins « intuitive » par des enquêteurs de « tous bords » (croyants/sceptiques), classant les cas « A », « B », « C » ou « D » de manière préférentielle et inconsciente en fonction de leurs représentations et cartes mentales implicites. Et cela est compréhensible : entre une classification B, C ou D parfois l'écart est si ténu entre ces catégories que nos
croyances sur le monde ressurgissent, ne serait-ce que dans le choix de nos hypothèses de travail.
Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas disposer d'outils pour mesurer et classifier ces phénomènes étranges, de prioriser le traitement de l'information (comme évoqué précédemment). Il est toujours important pouvoir mieux qualifier ce qui fait un cas.
C'est pourquoi, en 2008, pour sortir de ce débat et travailler de manière plus constructive, j'ai proposé au GEIPAN la mise en œuvre d’une méthodologie de classification basée sur la qualification précise (chiffrée) de l'étrangeté [E] d'une part et de la consistance [C] d'autre part. L'objectif était d'introduire des nuances surtout pour des cas tangents B/C/D (voir ci-dessous).
La consistance, une notion que j’ai introduite à l’époque, qui correspond à la quantité d'information fiable disponible (= la solidité des données).
En qualifiant plus précisément, de manière chiffrée et fine, les cas par deux valeurs {Etrangeté, Consistance}, l’idée était de sortir des clivages absurdes, de réduire la subjectivité et les effets de frontière entrainés par les catégories A, B, C, D.
Il fallait aussi arriver à rendre explicite la liste des hypothèses proposées et évaluées pour chaque cas et mesurer plus finement la solidité de chacune de ces hypothèses. Ce que peu de personnes faisaient - et qui mériterait encore d’être amélioré.
Un exemple simple de clivage : lorsque les cas disposent d'une étrangeté proche de E = 0.5 et d'une consistance également proche de C = 0.5, le consensus devient difficile… En effet, selon l'ufologue à qui vous vous adressez ce cas pourrait être catégorisé B, C ou D. Avec toutes les conséquences que vous pouvez imaginer sur les conversations, entre les "pros" et les "anti".
Alors qu’en utilisant les notions d'Etrangeté et de Consistance, cela ne pose aucun problème. De plus, avec des valeurs chiffrées, ces cas pourront être analysés statistiquement/calculés mathématiquement de manière beaucoup plus simple. Sans compter que nous pouvons aussi ajouter des écarts types pour travailler sur ces valeurs.
Et puis, dans l’absolu, imaginez qu’après une « revisite de cas » par le GEIPAN, l’étrangeté passe de 0.52 à 0.48 : est-ce que cela change la face du monde ? Pas vraiment, 0.04 points d’écart sur une donnée d’entrée ne change pas franchement la donne. Pourtant cela suffirait à faire basculer une classification de "B" vers "D", un monde en matière d'ufologie ! Se contenter de compter les PAN D, de ce point de vue là est une méthode un peu dépassée.
Autre raison de sortir de ces classifications : la catégorie « C » est du domaine de l’avancement de l’enquête (= « ai-je eu assez d’éléments pour catégoriser ou non ? »). Elle n’aurait jamais dû être intégrée au même niveau que les autres, surtout au sein d’une séquence de lettres A, B, C, D. Elle est aussi souvent vue comme une catégorie « Poubelle », « Circulez il y a rien à en faire ».
Pourtant, il existe des cas C très intéressants et parfois plus solides (plus consistants) et plus étranges que certains cas B. Une classification en Etrangeté et Consistance permet de les identifier et de les faire remonter facilement ce que ne permet pas la classification A, B, C, D.
Michaël