Et bien le voici, le voilou, ce fameux rapport ! Bonne lecture !
Double SAROS à Chambeire (21)
IntroductionLors de la session CNEGU de juillet 2012, décision fut prise d'établir une liste de cas de méprises lunaires pouvant être reconstitués à l'issue d'un ou deux cycles de SAROS. La récente éclipse de Soleil visible depuis le Pacifique, pendant de celle observée notamment en France le 10 mai 1994, nous rappelant que 18 ans s'étaient déroulés depuis la grande Opération SAROS de l'été 1994.
Cette liste fut diffusée indépendamment en interne et sur le forum Ufo Scepticisme (ex Sceptic-Ovni) pour une diffusion plus nationale, la zone géographique du CNEGU se limitant par définition au Nord-Est de la France. Ainsi naquit la rubrique « Vérifications SAROS ». (1)
Cette décision fut vite couronnée d'un succès d'estime, car un mois plus tard, une première reconstitution permit de reclasser un PAN C du GEIPAN en PAN A. (2)
Malheureusement, par manque de temps, de volontaire, et surtout d'une météo capricieuse, aucun autre cas datant de 1994 (un cycle de SAROS) et de 1976 (deux cycles de SAROS) n'a pu être testé in situ au cours du reste de l'année. Faisant fi de ces aléas, c'est peu avant l'arrivée de l'année 2013 qu'une liste de cas datant de 1977 et 1995 fut établie. Le premier cas dans la zone géographique du CNEGU est celui de Chambeire (Côte d'Or), datant du 13 mars 1997. La mécanique céleste étant ce qu'elle est, les dates de reconstitutions prévues étaient les 2 et 3 avril. Cette double date s'explique par le fait suivant : il existe un petit décalage (acceptable) en azimut à l'issue d'un cycle de SAROS, mais celui-ci est logiquement doublé à l'issue d'un double cycle de SAROS. Cela peut donc entraîner un décalage important en azimut, jusqu'à 15°. (3) Or, après vérifications, il se trouve que la veille d'une reconstitution de double SAROS, la Lune se retrouve quasiment au même azimut (moins d'un degré!) que 36 ans auparavant. La phase lunaire n'est évidemment pas la même (puisque décalée d'une journée), mais reste néanmoins très acceptable, la forme visuelle de la Lune restant la même. Cette reconstitution en deux dates possibles a même un avantage : celui de pouvoir bénéficier d'une date de secours en cas d'annulation de l'une ou l'autre (mauvais temps, disponibilité des volontaires, etc).
Présentation du casL'observation de Chambeire est essentiellement connue grâce au témoignage d'un des deux témoins paru dans la revue
Les Extraterrestres n°11, du GEOS, paru en juillet 1979.
Dans la nuit du 12 au 13 mars 1977, à 3 heures du matin, M et Mme M circulent en voiture sur la D25, de Mirebeau vers Genlis. Peu avant l'entrée du village de Chambeire, le couple aperçoit, sur leur gauche, juste au-dessus d'un champ, trois petites lueurs oranges. Intrigués, ils s'engagent alors dans un chemin de terre pour faire face au phénomène. Les trois lueurs se mettent à bouger, se réunissent et forment alors une énorme demi-sphère de couleur orange. Ils prennent peur et font demi-tour. Arrivés à Chambeire, le mari tentera d'appeler les habitants d'une maison éclairée, sans succès. Les deux témoins retournent alors sur les lieux pour voir si l'objet est toujours là. Effectivement, l'objet est toujours là, mais pour très peu de temps : l'objet se déplace lentement vers la droite puis disparaît en s'éteignant, ne laissant plus qu'un trait horizontal blanc.
Vous pouvez trouver ci-dessous l'article paru dans
Les Extraterrestres :Hypothèse d'une méprise avec la LuneTant par sa forme que par sa taille apparente et sa couleur, l'objet observé fait penser à une méprise Lune. En effet, on sait que sa hauteur angulaire est peu élevée, puisque située juste au-dessus d'un champ, ce qui serait corroboré par sa couleur (orange), caractéristique d'un lever ou d'un coucher de Lune. Le mari pensera d'ailleurs dans un tout premier temps à « un feu quelconque », comparaison ô combien classique lors d'une méprise Lune. De plus, l'objet observé est énorme (« c'était gigantesque et croyez-moi, je pèse mes mots »). La forme de demi-sphère est caractéristique d'un quartier de Lune.
A ce stade, nous pouvons donc établir l'hypothèse suivante : le cas relève probablement d'une méprise avec un lever (puisque vu vers l'Est) d'un Quartier de Lune. L'heure étant matinale, on peut même préciser qu'il s'agit très probablement d'un Dernier Quartier de Lune.
Le cas de Chambeire fait d'ailleurs partie des cas de méprises Lune potentielles établies par Eric Maillot dans les années 1990.
Une simple vérification sur Stellarium (logiciel d'astronomie) permet d'ailleurs de vérifier et de valider cette hypothèse explicative : le Dernier Quartier de Lune était effectivement en train de se lever, à l'Est-Sud-Est.
Le 13 mars 1977 à Chambeire (coordonnées : 47°16'58'' Nord, 5°15'55'' Est), la Lune était à 1,5° de hauteur angulaire, à l'azimut 121°. La Lune était au Dernier Quartier exact, avec un âge de 22,9 jours. Son lever pour un horizon parfait avait lieu à 2h49.
Localisation du lieu d'observationA première vue, la localisation exacte du lieu d'observation paraît peu précise, puisque située « à quelques centaines de mètres du village appelé Chambeire ». Cependant, le témoignage de Mme M fournit un détail permettant de localiser à coup sûr l'endroit où doit avoir lieu la reconstitution : roulant sur la D25 entre Tellecey et Chambeire, les témoins s'engagent dans un chemin de terre qui les aurait mené « à l'endroit où l'on voyait ces lueurs ». Cela nous permet de déterminer que le chemin de terre emprunté se dirige vers l'Est, car l'OVNI est vu à gauche des témoins.
Or, tant sur Géoportail que sur Google Maps, il est aisé de vérifier qu'il n'y a qu'un seul et unique chemin de terre répondant à cette configuration entre Tellecey et Chambeire, et ce, quelques centaines de mètres seulement avant l'entrée du village.
Il s'agit donc du chemin de terre reliant la D25 à la forêt de Longchamp, au lieu-dit La Combe.
Par chance, la D25 bénéficie sur Google Maps d'une vue en mode Street View, ce qui permet d'avoir un très bon aperçu du paysage du lieu d'observation. Argument en faveur d'une méprise avec un lever de Lune : le relief est relativement plat, sans obstacle important à l'horizon.
Première reconstitution en 1995Le cas de Chambeire a déjà bénéficié d'une reconstitution SAROS, effectuée par Patrick Fournel, le 24 mars 1995.
La Lune, toujours au Dernier Quartier, est apparue à 2h40 (hauteur angulaire de 1°, azimut de 121°). Son lever théorique, pour un horizon parfait, avait lieu à 2h33.
La conclusion de cette contre-enquête à l'époque était :
La lune a le même aspect et le même déplacement que le phénomène décrit en 1977. L'enquête initiale ne dit pas si le ciel était nuageux (ce qui pourrait expliquer l'observation de 3 lueurs de couleur orange, lune coupée par des nuages), ni d'une manière précise l'emplacement exact du phénomène et sa taille (gigantesque!).
Prenant compte de toutes ces réflexions, l'indice de probabilité d'une confusion avec la lune se révèle élevé.
Cette première opération SAROS a donc permis de valider la méprise Lune, sans toutefois la valider à 100% (incertitudes du témoignage + données météo de 1977 manquantes).
D'un SAROS à l'autre : l'amélioration des outils informatiques18 ans se sont donc écoulés depuis cette première reconstitution SAROS et force est de constater que les outils mis à la disposition des ufologues se sont considérablement améliorés durant ce laps de temps. En effet, si en 1995 existaient déjà des logiciels de calculs astronomiques, il faut noter que la création de Stellarium a depuis grandement amélioré les choses.
De plus, comme nous pouvons le voir ci-dessus, il existe désormais des sites ou des logiciels proposant des vues satellites ou type IGN des lieux (Géoportail, Google Earth, Google Maps). L'emploi de cartes routières ou IGN en papier, où certains détails géographiques peuvent ne pas apparaître, s'en trouve désormais presque anecdotique.
De plus, nous avons pu voir que Google Maps propose pour de nombreuses routes à travers le monde des vues en mode Street View, permettant d'être « virtuellement » sur les lieux désirés. Un déplacement in situ s'en trouve donc presque inutile !
Et enfin, last but not least, nous venons de voir qu'en 1995, les données météo d'époque manquaient. Là encore, les choses se sont bien améliorées, car depuis quelques années, des sites internet, tel Infoclimat (4), permettent d'accéder facilement et rapidement aux archives des stations météo.
Par chance, la station toute proche de Dijon-Longvic, distante de 13 km de Chambeire (5), conserve des archives depuis 1931. Les données météo du 13 mars 1977 sont donc disponibles. (6)
La conclusion de la contre-enquête de 1995 avait donc vu juste : le ciel était bien nuageux en 1977, avec présence d'éclaircies !
2013 : le CNEGU remet le couvertDisposant de toutes ces informations, une reconstitution double SAROS n'était donc dans l'absolu pas indispensable, l'opération SAROS de 1995 ayant permis de valider la méprise Lune et d'anticiper la présence de nuages en 1977.
Néanmoins, l'envie de participer « enfin » à une reconstitution SAROS in situ était pour moi très forte, car depuis maintenant deux ans que je calcule ces dates de reconstitutions (7), je n'avais malheureusement pu participer à aucune d'entre elles, emploi du temps oblige. Coup de chance, je suis en RTT pour l'une des deux dates de reconstitution !
Comme déjà dit, deux dates de reconstitutions sont envisagées :
- le
mardi 2 avril 2013, à 2h35. Lune à 1,5° de hauteur angulaire, azimut de 123°. Veille du Dernier Quartier, âge de la Lune de 21,2 jours. Lever théorique de la Lune, pour un horizon parfait, à 2h23.
- le
mercredi 3 avril 2013, à 3h25. Lune à 1,5° de hauteur angulaire, azimut de 121°. Dernier Quartier, âge de la Lune de 22,2 jours. Lever théorique de la Lune, pour un horizon parfait, à 3h14.
Pour rappel, la position de la Lune le 13 mars 1977 à 3h00 était de 1,5° de hauteur angulaire, avec un azimut de 121°.
A quelques semaines de l'opération double SAROS, une liste des volontaires est établie : Patrick Fournel (PFL) se dit très intéressé, car le plus proche géographiquement, mais disponible seulement le 2 avril. J'étais moi-même (TAE) très intéressé, étant en congés, mais seulement le 2 avril. Christine Zwygart (CZT) s'est également portée volontaire, principalement pour le 2 avril, mais seulement si l'un de nous deux se montrait indisponible à la dernière minute. Enfin, Gilles Munsch (GMH) envisagea de participer à l'opération le 2 avril, mais seulement en tout dernier recours, car ses horaires de travail lui étaient peu favorables.
L'inconnue de dernière minute était bien entendu la météo : avec un mois de mars 2013 aux conditions climatiques épouvantables, les prévisions pour le 2 avril étaient plutôt pessimistes. Le trajet entre Soissons et Chambeire représentant tout de même 360 km pour 3 heures et demie de route (8), je décidai donc d'attendre la veille ou l'avant-veille de la date de reconstitution pour confirmer ou non ma venue : il était inutile de venir pour se retrouver devant un ciel complètement bouché.
Fort heureusement, si les prévisions à une semaine étaient pessimistes, les prévisions météo publiées les 31 mars et 1er avril montraient que le beau temps serait de la partie pendant la nuit du 1er au 2 avril. Décision fut donc prise de tenter l'opération double SAROS durant la journée du 1er avril, quand il apparut que les chances d'avoir un ciel bouché étaient extrêmement faibles.
Autre imprévu de dernière minute : durant les derniers jours avant l'opération double SAROS, il apparut que la boîte mail de PFL était saturée. Impossible donc de le joindre par internet. De même que par téléphone, les appels de TAE et CZT restant sans réponse. Dans le doute, CZT décida donc de participer à l'opération, en ma compagnie.
Opération double SAROS en 2013TAE rejoignit CZT à Chaumont (Haute-Marne) en fin de soirée du 1er avril. Tous deux partirent dans le même véhicule en direction de Dijon à minuit. Une heure de route, via l'A5, fut nécessaire pour rejoindre Arc-sur-Tille, départ d'un itinéraire en pleine campagne pour rejoindre le lieu d'observation. Notons, pour l'anecdote, que ce début de route campagnard avait un caractère ufologique, un célèbre cas d'OVNI, cité par le rapport COMETA, s'étant déroulé à Arc-sur-Tille en décembre 1979. (9)
Bénéficiant de plus d'une heure pour rejoindre Chambeire, distante de quelques kilomètres, TAE et CZT firent un petit détour pour rejoindre Mirebeau-sur-Bèze, lieu de départ des témoins en 1977, histoire de s'imprégner encore plus du cas. L'arrivée à Mirebeau eut lieu à 1h15.
La suite de l'itinéraire montra que la participation d'au moins deux personnes lors d'une opération SAROS est nécessaire, tant il est facile de rater sa route en pleine nuit, en pleine campagne : après avoir traversé Cuiserey et Trochères, l'arrivée au hameau de Mitreuil suscita quelques interrogations, tant les indications de direction pour les villages de Cirey-lès-Pontailler (premier village figurant en haut de la carte fournie par la revue
Les Extraterrestres) que de Chambeire étaient manquantes. Pris d'un doute, TAE et CZT rejoignirent enfin le village d'Etevaux, où ils purent retrouver les bonnes indications.
L'arrivée à Cirey-lès-Pontailler était très symbolique, puisqu'à partir de ce moment, on peut se considérer comme étant sur la carte du cas de Chambeire.
A la sortie du village de Tellecey, immense surprise : TAE et CZT croisent une voiture arrêtée sur le bas-côté, phares allumés. Il est 1h35. En doublant ce véhicule, TAE reconnaît son conducteur : il s'agit de PFL ! Les trois membres du CNEGU volontaires pour l'opération double SAROS sont donc maintenant réunis, en compagnie de Christine (CFL), la femme de PFL, et Snow, leur chien. L'opération double SAROS bénéficie donc de quatre participants, ce qui est très convivial !
Après avoir discuté quelques instants, les participants rejoignent le fameux chemin de terre mentionné par les témoins à 1h45. La nuit est noire, le ciel bien étoilé et dégagé, et le vent, soufflant très fort de l'Est, est glacial !
La présence de PFL est fort utile : ayant participé à l'opération SAROS de 1995, la comparaison des lieux est possible. Ceux-ci n'ont pas changé, mis à part la coupe de quelques arbres en bordure de la D25 et la construction de maisons à Chambeire. (10)
De plus, signalons que depuis la prise de vue Street View datant de septembre 2008, un panneau de limitation de tonnage pour véhicules lourds a été installé en bordure de chemin. Les participants de l'opération double SAROS se garent très près de ce panneau.
Disposant d'un peu de temps avant le lever théorique de la Lune (2h23), une discussion à propos du cas s'engage. PFL remet à TAE des documents complémentaires sur le cas : contre-enquête CNEGU de 1995 (opération SAROS), photocopie d'un article du
Bien Public datant du 13 novembre 1979, et récit du cas tel que présenté par les témoins lors d'une conférence de Jean-Claude Bourret le 27 novembre 1984. Ces documents s'avéreront très utiles pour la concepttion de cet article.
PFL présente également des photographies du lieu d'observation, prises de jour en 1995, ce qui permet de constater qu'effectivement, les lieux n'ont pas changé.
TAE installe son trépied photographique, afin de pouvoir photographier sans bouger la Lune à son lever.
Cependant, le vent glacial a raison de la volonté des participants encore debouts à l'extérieur : chacun se réfugie dans sa voiture pour s'abriter. Pour tromper le temps, TAE relit à CZT l'article paru dans
Les Extraterrestres, afin de bien se remémorer les conditions d'observation des témoins en 1977. TAE fait également part d'une observation d'un lever de Dernier Quartier de Lune, vu près de Soissons en juin 2010, et de l'aspect visuel qui en découle : d'abord un halo orange à l'horizon. Puis la « sortie de terre » d'un petit triangle, qui grossit régulièrement, prenant la forme d'une demi-sphère en quelques minutes. Assez impressionnant à suivre en direct, alors que la nuit était très sombre. L'expérience pourra d'ailleurs être tentée, si des volontaires le souhaitent, les 25, 27 et 28 août prochain à Saint-Bonnet (Hautes-Alpes). (11)
Les minutes passent, et l'heure fatidique approche. L'excitation aussi, car inéluctablement, un « OVNI » est en approche !
A 2h23, rien n'est encore visible. Cinq minutes plus tard, à 2h28, la Lune n'est d'ailleurs toujours pas visible. Une observation plus détaillée du ciel permet de comprendre pourquoi : malgré un ciel bien dégagé, il y a néanmoins la présence d'UN voile nuageux, situé à l'horizon entre l'Est et le Sud-Est ! Précisément là où est la Lune !
A 2h35, un halo lumineux apparaît dans le voile nuageux. Au vu de sa couleur (orange) et de son emplacement (vers l'Est-Sud-Est), il ne fait guère de doute qu'il s'agit du reflet de la lumière lunaire.
Confirmation en est donnée à 2h40 précisément, quand à la faveur d'une petite trouée, la portion nord du quartier de Lune apparaît visuellement. Cela permet de situer visuellement la Lune sur la vue Street View.
Même si le lever réel de la Lune à l'horizon est manqué, il est constaté que la Lune est bien détachée du bois qui sert de repère (un degré de différence en hauteur angulaire). La Lune est parfaitement visible depuis le chemin de terre, mais également depuis la route bitumée (TAE faisant l'aller-retour au pas de course, à travers champ, pour vérification).
Surtout, sa couleur orange colle parfaitement avec la description fournie par les témoins (couleur également constatée en 1995).
La Lune à 2h43TAE prend quelques photographies de la Lune avec un APN classique (Canon A610), mais la température glaciale a raison des piles au bout de quelques minutes. Pas plus de chance avec un autre APN (Canon EOS 1000D) qui présente alors un souci technique pour le moins inattendu : une demande de formatage de la carte mémoire est demandée, ce qui ne s'était pas présenté les jours précédant l'opération double SAROS ! Effets allégués de l'OVNI Lune ?
Les images de la Lune prises avec le Canon A610 sont de piètre qualité, car le zoom numérique de 15X est utilisé (ce qui dégrade les images). De plus, la Lune n'est visible qu'à travers un voile nuageux plus ou moins épais, ce qui dégrade encore plus son image. Néanmoins, sa forme en demi-sphère apparaît bien. De même, sa couleur orangée est bien visible.
La Lune à 2h46 (zoom numérique de 15X)La Lune à 2h47 (zoom numérique de 10X)Cette panne d'appareils photos n'est toutefois pas trop grave, car le voile nuageux passant devant la Lune s'épaissit, masquant de plus en plus cette dernière. Pendant quelques minutes, les participants de l'opération double SAROS assistent à plusieurs changements de forme de notre satellite naturel, au gré des trouées nuageuses. Finalement de quoi revivre en live l'observation de 1977, la Lune se payant même le luxe de disparaître complètement à 2h50 (les témoins n'ont-ils pas dit que leur OVNI avait disparu en s'éteignant?).
A 2h55, l'opération double SAROS étant parfaitement concluante, les participants décident de mettre fin à leur observation et de rentrer chez eux, pour un repos bien mérité.
ConclusionPour paraphraser la conclusion de l'opération SAROS de 1995, la Lune avait effectivement le même aspect et le même déplacement que le phénomène décrit en 1977. Cette opération SAROS a même « bénéficié » de la présence d'une bande nuageuse qui aurait pu compromettre toute l'opération, mais qui a finalement permis de revivre un autre aspect de l'observation de 1977.
A 2h40, la Lune apparaissait bien détachée de l'horizon. Rappelons que l'opération double SAROS était prévue pour 2h35, soit environ dix minutes après le lever de la Lune : c'est en effet l'écart entre le lever théorique de la Lune et l'heure de l'observation en 1977. Cette année-là, la Lune n'était donc pas masquée par le relief au moment de l'observation, et les témoins auraient logiquement dû la voir à la faveur d'éclaircies, dans la direction qu'ils indiquent. Le comportement allégué de l'OVNI étant parfaitement cohérent avec la présence de la Lune, la nature de la méprise ne fait donc aucun doute.
Les témoins, sincères, n'ont tout simplement pas reconnu la Lune, car l'image de celle-ci était en partie masquée par des nuages. De même, sa couleur arborée, bien que typique d'une phase de lever ou de coucher, est une source d'étonnement pour le grand public. (12)
Rappelons que l'amélioration des outils informatiques a permis de valider une hypothèse émise lors du SAROS précédent : la présence de nuages au moment de l'observation.
Sur un plan plus anecdotique, notons qu'au moment de l'apparition de l'OVNI/Lune, deux appareils photos ont connu des défaillances. Elles ne sont bien sûr pas imputables à la Lune, mais placées dans un contexte ufologique bien particulier, bien des pannes peuvent être interprétées comme des effets incontestables de la présence d'un OVNI...
L'opération double SAROS de Chambeire est donc un succès. Gageons que bien d'autres reconstitutions in situ seront à l'avenir couronnées d'une telle réussite !
Une dernière note au passage : dans l'article de la revue
Les Extraterrestres, Mme M dit qu'elle et son mari sont allé déposer leur témoignage en gendarmerie de Genlis deux jours après les faits, soit le 15 mars 1977. L'observation ayant fait l'objet d'un procès-verbal, il est très plausible que celui-ci ait été envoyé au GEPAN, à l'époque.
Renseignements pris auprès du GEIPAN actuel, aucun PV se rapportant à ce cas n'a encore été trouvé.
Addendum : de la faillibilité de la mémoire humaineLes deux témoins ont fait part de leur observation à au moins quatre reprises : gendarmerie de Genlis (15 mars 1977),
Les Extraterrestres n°11 (date antérieure à juillet 1979), conférence de l'ADRUP à Châtillon sur Seine en novembre 1979 (13), et conférence de Jean-Claude Bourret le 27 novembre 1984. A l'occasion de cette dernière, Patrice Vachon (PVN) a pu recueillir directement le récit des témoins (14).
Sept ans et demi après les faits, force est de constater que le temps a agi sur la mémoire des témoins, offrant un récit bien plus déformé que précédemment. L'influence des différents enquêteurs rencontrés durant ce laps de temps, ainsi que leurs questions, ont également probablement jouer un rôle (lequel ? N'ayant pas assisté aux différents entretiens, impossible de le savoir). Ainsi, l'heure estimée de l'observation était «
vers minuit ». Les témoins disaient revenir d'une soirée... à Genlis (c'est tout le contraire!). De même, après avoir pris peur, ils disent s'être rendus à Genlis pour aller chercher quelqu'un (en fait : Chambeire). Les «
trois petites lueurs » du début de l'observation font ici place à … «
deux tapis qui sautaient l'un à côté de l'autre, des tapis en feu mais c'était lumineux. Ils faisaient comme des chenilles, pas tellement grand ». Enfin, si en 1979 la taille de l'OVNI était plutôt vague («
énorme demi-sphère », «
proportions énormes », «
c'était gigantesque ») - Mme M précisera d'ailleurs : «
Etant donné qu'il faisait nuit et que l'on ne savait pas quel était l'engin qui se trouvait devant nous, nous ne pouvions pas évaluer avec précision les dimensions de cette demi-sphère » - le récit de 1984 laisse apparaître des dimensions assez précises pour cet « engin » : «
il représentait la hauteur d'un immeuble de 3 étages sur 100 m de large » (à une distance estimée de 50 m seulement ! - distance elle-même estimée à «
100 mètres environ » en 1979).
Bien loin de nous l'idée de faire passer les témoins pour des affabulateurs, bien au contraire, car leur récit paru dans
Les Extraterrestres a permis de déterminer ce qu'ils ont vu (prouvant par là même qu'ils ont bien vu quelque chose !). Néanmoins, et cela est valable pour toutes les observations d'OVNI : il est important de recueillir au plus vite le témoignage des témoins, véritable matière brute en ufologie, avant que le temps n'agisse, avec tous ses problèmes de mémorisation et de faux souvenirs. Notons que si nous n'avions disposé que du récit de 1984, il aurait été bien difficile d'établir avec certitude une méprise avec la Lune. Tout au plus l'hypothèse aurait été jugée possible, au vu de la forme de l'OVNI (correspondant à la phase lunaire du jour), mais avec un décalage de trois heures entre l'observation de l'OVNI et le lever effectif de la Lune.
En ce sens, le PV de gendarmerie de Genlis de mars 1977 serait une vraie mine d'informations, car le récit y serait encore brut, frais, datant de seulement deux jours.
Moralité : les récits d'OVNI datant de plusieurs années après les faits sont à prendre avec la plus grande prudence.
Notes :(1)
https://ufo-scepticisme.forumactif.com/f28-verification-saros (2) il s'agit du cas de Marseille, datant du 31 juillet 1994 : http://www.cnes-geipan.fr/index.php?id=202&cas=1994-07-01716
(3) pour plus d'explications à ce sujet :
https://ufo-scepticisme.forumactif.com/t3298-cas-1976-double-saros#57927 (4) http://www.infoclimat.fr
(5) distance établie grâce à la règle fournie sur Google Earth : quand on vous dit que ces nouveaux outils sont formidables !
(6) disponibles à l'adresse suivante : http://www.infoclimat.fr/observations-meteo/archives/13/mars/1977/dijon-longvic/07280.html
(7) le premier cas pour lequel j'ai calculé une date SAROS était celui d'Authon du Perche (28), en juillet 2011 : http://cnegu.info/product_info.php?cPath=552_566&products_id=1148&osCsid=e3e47c7a689ee99068e951d94e25da02
(8 ) informations fournies par Mappy.fr, encore un bien bel outil informatique qui n'existait pas en 1995 !
(9) cas disponible sur le site du GEIPAN : http://www.cnes-geipan.fr/index.php?id=202&cas=1979-12-00696
(10) donnée confirmée par la page Wikipedia de la commune de Chambeire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chambeire , dont la population passe de 134 personnes en 1975, à 225 personnes en 1990, pour arriver à un chiffre de 289 en 2009. Encore une fois, nous pouvons signaler que Wikipedia n'existait pas en 1995.
(11)
https://ufo-scepticisme.forumactif.com/t3549-cas-1977-double-saros#63107 (12) lire par exemple cette question : http://www.cidehom.com/question.php?_q_id=4797
(13) source :
Le Bien Public n°264, 13 novembre 1979, article
Les O.V.NI. existent-ils ?(14) copie du résumé sur demande.