Dans le lot mis en ligne en août 2024 se trouve un PAN D1 à SAINTE-FOY-DE-PEYROLIERES (31) le 8 juillet 2018. Il a semble-t-il subi quelques interventions du collège d'experts au fil de l'enquête mais reste au final inexpliqué.
https://www.cnes-geipan.fr/sites/default/files/Compte%20rendu%20enquete679.pdf
https://cnes-geipan.fr/fr/cas/2018-07-50618
Le récit détaillé du témoin permet d'avancer une des hypothèses les plus probables à envisager qui n’a pas du tout été examinée parmi les 7 hypothèses retenues ni été exclue dans le C.R (l’autre, non développée ici car non vérifiable, étant des stimulus biologiques, insectes ou oiseaux rétroéclairés).
Ce que le témoin décrit évoque furieusement un largage de nuit de quelques paras-commandos avec voiles rectangulaires ou bien de parachutistes de compétition.
Tout d'abord le point très lumineux initial , ce sont les leds ou lampes de casque (pour ne pas se percuter de nuit probablement) du groupe de X paras qui viennent de sauter en altitude d’où la faible taille° estimée (1ou2mm). Le témoin n’aura pas prêté attention à l’avion de largage (feux et/ou bruit d’hélice) probablement à cause de l’étoile filante qui l’intéressait peu avant et du fait qu’il n’avait pas encore observé les PANs. Aucune raison préalable de prêter attention à des avions qu’il voit passer régulièrement mais qu’il mentionnera bien après les PANs qui l’ont interpelé et incité à mémoriser d’autres détails concomitants dans le ciel.
De loin (alti maxi 4000m lors du largage classique) tout commence avec la « grosse étoile », ensemble des lampes groupées lointaines, très lumineuse qui, au fil du rapprochement en descente, se scinde très vite en plusieurs lueurs qui chutent "
en cascade". La chute libre verticale dure environ 4 ou 5seconde puis l’ouverture des parachutes doit donner une impression fugitive de fixité et/ou d'extinction des lampes de position moins ou non visibles lors de la secousse d'ouverture.
A propos de cette variation brusque de mouvement, le témoin dit «
c'est quelque chose qui a été, vraisemblablement, « piloté » de façon intelligente, et donc, qui a été commandé par une intelligence. Ce que je sais c'est que le corps humain ne peut pas supporter une telle accélération fulgurante et notamment qui s'en suivrait d'un tel ralentissement si brutal, sans quoi c'est le coma assuré, pour ne pas dire le pire …». Le parachutiste qui chute puis pilote sa voilure de façon intelligente subi bien ce choc brutal de décélération brusque à l’ouverture mais sans risque pour sa vie heureusement. Pratiquement l’altitude d’ouverture se fait aux environs des 1000m (entre 1500 et 850m).
Il est clair à la lecture des déclarations du témoin que c’est
cet instant très précis qui, surinterprété, a fait basculer le jugement du témoin dans l’incompréhension : «
…. ça s'est mis à changer de direction, afin de passer de trajectoire à direction verticale à trajectoire à direction horizontale (…) Quelle est le mode de ralentissement employé ? Tout ça en 10 secondes. C'est impossible, et j'en conviens. Alors je suis témoin d'un truc impossible. » puis il explique sans le savoir que ce sont ses évaluations de qui l’ont leurré «
ça devait probablement arriver à une vitesse avoisinant les 36000 km/h ? Mais même si ça arrivait à 10000 km/h en fin de descente verticale, comment cela a-t-il pu ralentir pour changer de direction ? Voilà. J'ai ça sur la conscience. C'est impossible …. ». Notons ici que l’enquêteur tend à tomber exactement dans le même piège avec des calculs de vitesse indiqués dans le C.R qui ne sont pas plus fiables et invitent à penser « étrange » (« 4320 km/h < v’1 < 8640 km/h 17280 km/h < v’2 < 34560 km/h »)
Le témoin précise plus loin "
Si je prends 4 formes rectangulaires proportionnellement identiques (4 parachutes à voilure rectangulaire)
et d’un aspect orangé chauffé (il suffit d’un éclairage urbain au sodium par dessous ou de voilures oranges)
dont chaque forme est approximativement 10 à 20% plus grande que la forme précédente (logique, si les parachutes sont les uns au-dessus des autres en perspective de profondeur),
et si je fais un film d’une demi seconde avec ces formes dont le sens du déroulement du film se fera en commençant par montrer la forme la plus petite et au ton le moins clair (logique, la voile la plus éloignée est moins lumineuse et plus petite),
et en allant à la forme la plus grande et au ton le plus clair, alors je vais distinguer un grossissement en quelques séquences visuelles sur une demi seconde, quelques dixièmes de secondes. "
Il ajoute voir "
des nuances comme translucides orangées sous quasiment toute cette surface visible, même qu’à ce moment-là, ça avait une apparence d’une sorte de métal liquide en fusion réparti sous divers endroits de cette forme rectangulaire, et il m’a même semblé distinguer un aspect légèrement bombé (détail cohérent avec l’extrados des voiles gonflées) s
ur le bord le plus long de ce rectangle." Chose qui semble se confirmer dans un autre propos : "
sous cette forme et en divers endroits, il y avait même plus que quelques très petites et très fines zones qui paraissaient comme moins chauffées qui étaient d’un aspect orange très très foncé à noir". Assez étonnamment le témoin aurait fugitivement perçu les ombrages des divers boudins ou/et coutures des voiles ! Ce qui confirmerait sa bonne accoutumance à l’obscurité et sa très bonne acuité visuelle, non vérifiée. Un autre passage renforce cette hypothèse : «
J’ai même vu qu’il y avait des traits ou des lignes semblables à des boursoufflures, qui partaient de vers l’avant des débuts de chacun des deux bords qui se trouve à proximité de la pointe du « V ». Chaque ligne ressemblait à une sorte de boursouflure, elle partait de l’avant, et allait vers l’arrière et semblablement vers l’arrière de la pointe du « V ». »
La forme changeante en rectangle ou V ou triangle s’explique l’association mentale de 4 parachutes, peu éloignés, mal identifiés et peu discernables nettement hormis certains détails structurels fins et fugaces par rétroéclairage. Le cerveau a alors tendance, dans un temps aussi court, à regrouper les éléments semblables en un seul ensemble cohérent en forme. Nous avons avec cette fabuleuse illustration du PAN , pure reconstruction mentale (ci-dessus).
Si l’explication développée ici est la bonne, ce PAN D1 est un cas d’école qui coche les 6 principes de la Gestalt théorie ou psychologie de la perception des formes (lois de la bonne forme, de continuité, de proximité, de similitude, de clôture et de destin commun). Les experts psy du GEIPAN méritent d’être consultés pour évaluer ce constat. Dans la phase finale un autre détail mérite intérêt "
Lorsque ce petit jour ou flash bleuté est apparu, une fraction de seconde, la surface de ce PAN est apparue d’une couleur gris mat et assez bombée. Tout l’engin semblait comme entouré d’une sorte de « jour crépusculaire ». ..... "et ça s’est fait « autour de l’engin » c'est-à-dire que cette lueur « ne venait pas de l’engin lui-même ». Possible signal lumineux émis du sol pour indiquer la zone de posé aux paras, simple effet du bref survol de lampadaires ou projecteur à lumière froide ? Rien de très étrange.
"
je ne distinguais plus que ces points lumineux dont la luminosité a fini par s’estomper dans les 2 ou 3 secondes suivantes, puis plus rien. Il s’est éloigné qu’à la fin du visuel, en « mode ralenti ». Possible phase de freinage peu avant le posé des paras ou plus banalement un simple effet perceptif d’un mouvement en perspective d’éloignement.
Le témoin note : "
Flottement/oscillation : Lorsque je l’ai repéré et qu’il était encore avec cet aspect fortement chauffé, j’ai distingué qu’il effectuait, très finement, une sorte d’oscillation ou une sorte de flottement parfois rapide, ...." ce qui serait une description de l'oscillation des voiles dirigées par le(s) parachutiste(s) qui vérifie par exemple la présence, la position de ces collègues ou le bon fonctionnement de ses suspentes (à vérifier avec des experts en la matière…).
Mouvement global du PAN : Le témoin indique «
Depuis le jardin, le début de l’observation a commencé en direction du nord et se termine en direction du sud-sud-est. » Selon le C.R après mesures azimutales (approximativement représentée par les 2 flèches bleues ci-dessous) nous avons une direction approximative du début 355°N à H°=63° avec une direction finale (vers posé possible) selon le CR : 135° vers Sud-est à H°=13°. Soit un réel cap global Nord-ouest vers Sud-est , dans le sens du vent.
La Dircam indique « LF R 112 FONSORBES
Activités spécifiques Défense. Aérolargage. 3000ft AMSL SFC Activable H24. A l’exclusion de la D 178 lorsqu’elle est active. Contournement obligatoire à l’exception et après autorisation de Toulouse APP 125.175 des - IFR au DEP et ARR sur AD Toulouse Francazal, - IFR au DEP et ARR sur AD MuretLherm, - des aéronefs assurant des missions de sauvetage, assistance, police ou douane, - des aéronefs pour lesquels le cadre de leur mission ou la situation le justifie. »
https://www.dircam.dsae.defense.gouv.fr/images/Stories/Doc/ERF/ERF_ZONE_R.pdf
Il est dommage de ne pas trouver dans le C.R (même en annexes) une telle carte aéronautique d’approche à vue disponible sur le web ici
https://cdn.oxygenedrone.com/briefing/data/vac/LFBR.pdf
ou là (p.9 et 12).
https://www.dircam.dsae.defense.gouv.fr/images/Stories/Doc/MIAC1/miac1_muret_lfbr.pdf
Extrait présenté ci-dessus avec le lieu en surligné ;
Secteur aéroportage de Fonsorbes R112 qui inclut la zone d’observation des PAN et la zone D178 pointée en bleu qui semble correspondre à l’entreprise de poudre LACROIX Ruggieri ; Trajectoire possible des PANs ajoutée en vert.
A signaler aussi, encore au Sud-est du témoin, la présence d'un aérodrome MURET-LHERM avec piste au 120°N/300°N où avait eu lieu l'un des plus grands meetings aériens de France, le 32e show Airexpo en date du samedi 2 juin 2018 à l'aérodrome de Muret Lherm (Haute-Garonne). Appellation LFBR.
On peut trouver ceci comme régiment à Muret : "3e RMAT
Passation de commandement de la compagnie de commandement et de logistique] Après 2 ans de commandement, le capitaine Virginie rend son fanion. Le capitaine Frédéric lui succède à la tête de la compagnie🫡. 🪂 La cérémonie s’est conclue par un saut de démonstration de l’équipe de parachutisme sportif du régiment." et voici une équipe de 4 paras du 3eRMAT (ci-contre).
Puisqu’il est question dans le C.R des activités de la PAF, raisonnablement exclue comme explication du cas, lors des préparatifs du 14 juillet 2018 : ce jour-là à Bordeaux ce sont les parachutistes des forces spéciales du 13e régiment de Dragons qui font aussi une démonstration de jour risquée (obstacles, tourbillons urbains,…) avec atterrissage en ville.
Les paras et commandos sont évidemment capables de pratiquer les sauts de nuit :
Chute opérationnelle — Wikipédia (wikipedia.org) et Parachutisme militaire — Wikipédia (wikipedia.org)
Il le font parfois avec strobe ou lampe frontale :
https://www.facebook.com/photo?fbid=524160967961160&set=pcb.524161097961147
https://www.facebook.com/photo/?fbid=524161014627822&set=pcb.524161097961147
https://thumbs.dreamstime.com/videothumb_large9768/97683076.webm
Ils ne sont pas les seuls puisque les civils s’y adonnent aussi de manière très visible avec LEDS colorées et lampes.
https://thumbs.dreamstime.com/videothumb_large22852/228529853.webm
https://fr.dreamstime.com/saut-en-parachute-l-avion-ski-nuit-sports-extr%C3%AAmes-video228530128
Quelques infos sur les conditions requises pour le saut de nuit dans le civil :
https://www.ffp.asso.fr/wp-content/uploads/2013/02/sauts-sp%C3%A9ciaux-2015.pdf
Saut en Parachute de Nuit : Est-ce Possible ? Nocturne (sensations-garanties.com)
EN CONCLUSION- En l’état des informations et constats présentés plus haut, ce PAN D1 ressemble désormais bien plus à un
PAN B « parachutage de nuit ». Il pourrait éventuellement devenir un PAN A si le Geipan veut y consacrer un peu plus de temps en investigations désormais bien ciblées (recherche de NOTAM relatifs à la zone concernée, traces des activités liées au parachutisme civil et militaire dans la région à la date des faits, …).
-Force est de constater que malgré la forte taille angulaire estimée de l’ensemble des PAN, aucune méthodologie permettant de pondérer ou calibrer la réalité de cette restitution mémorielle n’a été menée. Ce moyen comparatif avec calibrage de l’estimation angulaire de la Lune (ou autre objet connu présent dans l’observation) devrait être systématiquement utilisé dans le cadre particulier d’un PAN D1 ou/et PAN de grande taille°. Ici nous avons les deux.
- Grâce à l’enquêteur, le témoin a fourni un nombre très impressionnant de petits détails révélateurs et de séquences chronologiques mémorisées durant une courte durée. Ceci semble avoir incité l’enquêteur à se fier un peu trop aux estimations de durée et distance pour ses calculs trigonométriques (d’où l’avertissement utile mis en gras dans le C.R). Or ici, comme dans nombre d’autres PAN (D ou pas), l’important est dans la perception du comportement du PAN et de petits détails structurels fins bien plus révélateurs que la perception d’une grande « masse sombre » en rectangle ou triangle (pertinemment suspectée d’être illusoire ou trompeuse dans le C.R).
- Ce n’est donc pas le manque de fiabilité du témoin, le manque d’informations intrinsèques objectives ni la consistance du récit qui cause la non-identification finale de ce PAN mais bien la méthodologie d’investigation et la qualité de l’expertise via les hypothèses envisagées ou absentes (exclues explicitement ou implicitement).
L’étrangeté perçue par le témoin, face à du connu mais inhabituel ou unique pour lui, est compréhensible. Celle évaluée par le GEIPAN quoique raisonnablement moyenne (0.55), suffit pourtant à influer pour seulement +0,06 près sur le classement D1 au lieu de B probablement expliqué ! Une ridicule marge d’erreur dans l’expertise suffit à basculer d’un ‘monde connu à l’inexpliqué’. -Comme dans beaucoup de récit, le témoin évoque spontanément et inconsciemment l’explication la plus probable (ici soulignée) a examiner avec soin et en priorité : «
…. je vois assez souvent les A400M passer après avoir fait des largages de parachutistes (donc à 400 m. de hauteur je présume) »….. « Niveau altitude, je pense qu’en déplacement horizontal (en phase 3), il est descendu assez bas, peut‐ être à 2000 mètres d’altitude, voire moins, peut‐être 1500 m (seuil moyen d’ouverture prudente du parachute) ; et ensuite (à la phase 5) je me demande s’il n’est pas descendu encore plus bas, peut‐être bien à moins de 1000 m (début de la limite d’ouverture à 850m) juste après son accélération, car c’est lorsqu’il était vers la fin de son trajet (en phase 5), qu’il m’a semblé être à une assez basse altitude et je dis cela parce qu’il m’a semblé qu’il avait approché une altitude voisine à celle des A400M quand je les vois fréquemment passer à partir de notre domicile (lorsqu’ils passent en journée pour faire des largages de parachutistes). »
C’est alors à l’enquêteur et aux experts de savoir en tenir compte surtout quand un témoin exclut de lui-même sa première impression rationnelle (qui est souvent la bonne) pour opter pour une surinterprétation perceptive menant à l’étrange. Il faut donc évoquer en détail toutes les hypothèses explicatives plausibles (ici « parachutistes de nuit » et « biologiques -oiseaux/insectes ») tant qu’elles ne sont pas démenties par plusieurs paramètres objectifs.