Quelques réflexions épistémologiques... à suivre...
Introduction
J'ai réfléchi à la question de la rationalité de la méthode fortéano-conspiro-ufologique que Gérald Bronner appelle le mille-feuille argumentatif : tous les éléments sont de type très faible mais le poids que représente leur nombre ou leur persistance ou leur popularité est censé leur donner une crédibilité. Une version naïve de la preuve probabiliste des OVNI a été publiée dans le journal du MUFON, déjà discuté dans le fil sur les arguments probabilistes.
Il est pourtant possible de raisonner rigoureusement de manière probabiliste sur la base de données incertaines par l'induction bayésienne. Par exemple l'argumentation exposée dans l'article de Jean Bricmont "Est-il rationnel de croire aux visites d’extraterrestres ?" écrit sous forme philosophique peut être réécrit sous forme bayésienne. http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article834 "Croire" signifie simplement accorder une probabilité subjective élevée.
Le problème avec la manière bayésienne de raisonner n'est pas tellement la probabilité subjective a priori, plus ou moins arbitraire, mais le calcul du facteur de Bayes, également subjectif, qui dépend des connaissances préalables et du choix de ce qui est considéré comme un élément à prendre en compte pour renforcer ou affaiblir une hypothèse.
Exemple : les "magiciens" tirent des lapins des chapeaux depuis fort longtemps (ou autre tour de "magie"). Si chaque lapin sorti du chapeau renforce la probabilité subjective de l'hypothèse "magie" pour quelqu'un qui ne connaît pas le "truc", l’événement n'a en revanche aucune influence sur le degré de croyance (= probabilité subjective) en la magie véritable pour celui qui sait que le tour peut être réalisé sans difficulté par un illusionniste.
Cela illustre que la seule manière de ne pas aboutir à une conclusion fausse en accumulant les probabilités subjectives correspondant aux observations extraordinaires difficilement explicables dans le contexte d'une information ou connaissance insuffisante serait de s'assurer qu'il n'y a aucune possibilité d'autre explication, ce qui est généralement impossible si on n'a pas la prétention d'omniscience et on sort alors du cadre des probabilités pour rentrer dans le domaine des certitudes factuelles, rarement accessibles.
Il y a deux manières de s'en sortir.
1) Refuser de prendre en considération les éléments douteux ou sans lien logique avec l'hypothèse comme données exploitables. Tenir compte des faits et pas de leur interprétation. L'inférence bayésienne est aussi objective qui les données et connaissances qui sont prises en compte : garbage in garbage out.
et
2) Tenir compte de tous les éléments y compris négatifs, comme l'absence de preuves telles qu'on s'attendrait à en trouver si l'hypothèse était vraie. L'absence de "preuve" est, dans ce cas, la "preuve" de l'absence, ce qui peut être démontré mathématiquement très facilement. "Preuve" au sens d'élément qui renforce une hypothèse, "evidence" in English, pas au sens de la logique.
Introduction
J'ai réfléchi à la question de la rationalité de la méthode fortéano-conspiro-ufologique que Gérald Bronner appelle le mille-feuille argumentatif : tous les éléments sont de type très faible mais le poids que représente leur nombre ou leur persistance ou leur popularité est censé leur donner une crédibilité. Une version naïve de la preuve probabiliste des OVNI a été publiée dans le journal du MUFON, déjà discuté dans le fil sur les arguments probabilistes.
Il est pourtant possible de raisonner rigoureusement de manière probabiliste sur la base de données incertaines par l'induction bayésienne. Par exemple l'argumentation exposée dans l'article de Jean Bricmont "Est-il rationnel de croire aux visites d’extraterrestres ?" écrit sous forme philosophique peut être réécrit sous forme bayésienne. http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article834 "Croire" signifie simplement accorder une probabilité subjective élevée.
Le problème avec la manière bayésienne de raisonner n'est pas tellement la probabilité subjective a priori, plus ou moins arbitraire, mais le calcul du facteur de Bayes, également subjectif, qui dépend des connaissances préalables et du choix de ce qui est considéré comme un élément à prendre en compte pour renforcer ou affaiblir une hypothèse.
Exemple : les "magiciens" tirent des lapins des chapeaux depuis fort longtemps (ou autre tour de "magie"). Si chaque lapin sorti du chapeau renforce la probabilité subjective de l'hypothèse "magie" pour quelqu'un qui ne connaît pas le "truc", l’événement n'a en revanche aucune influence sur le degré de croyance (= probabilité subjective) en la magie véritable pour celui qui sait que le tour peut être réalisé sans difficulté par un illusionniste.
Cela illustre que la seule manière de ne pas aboutir à une conclusion fausse en accumulant les probabilités subjectives correspondant aux observations extraordinaires difficilement explicables dans le contexte d'une information ou connaissance insuffisante serait de s'assurer qu'il n'y a aucune possibilité d'autre explication, ce qui est généralement impossible si on n'a pas la prétention d'omniscience et on sort alors du cadre des probabilités pour rentrer dans le domaine des certitudes factuelles, rarement accessibles.
Il y a deux manières de s'en sortir.
1) Refuser de prendre en considération les éléments douteux ou sans lien logique avec l'hypothèse comme données exploitables. Tenir compte des faits et pas de leur interprétation. L'inférence bayésienne est aussi objective qui les données et connaissances qui sont prises en compte : garbage in garbage out.
et
2) Tenir compte de tous les éléments y compris négatifs, comme l'absence de preuves telles qu'on s'attendrait à en trouver si l'hypothèse était vraie. L'absence de "preuve" est, dans ce cas, la "preuve" de l'absence, ce qui peut être démontré mathématiquement très facilement. "Preuve" au sens d'élément qui renforce une hypothèse, "evidence" in English, pas au sens de la logique.