J'avais lu un livre concernant l'opération Paperclip ou une vie d'Heisenberg, il y a quelques années. On y racontait les débuts de la physique nucléaire en Europe avec Heisenberg, Dirac, Einstein, Joliot-Curie..., comment tout ce monde communiquait académiquement jusqu'à la seconde guerre mondiale, puis Heisenberg avait fait le choix de rester en Allemagne, alors que la plupart des physiciens allemands étaient partis. Le livre raconte comment les savants européens aux states ont organisé le lobby pour qu'ils commencent la production de la bombe A, face à la menace potentielle de la bombe nazie, puisque Heisenberg, le meilleur savant allemand était en charge de développer de nouvelles armes selon ce qu'Albert Speer, ministre de l'approvisionnement de guerre pouvait fournir. Oui Heisenberg travaillait avec quelques personnes sur un modèle de réacteur, mais selon le livre, ralentissait les recherches pour éviter qu'Hitler ait la bombe. Lorsque les américains dans le cadre de l'opération Paperclip ont récupéré le reste du réacteur allemand, démonté en plusieurs morceaux, ils se sont aperçus que la bombe A allemande était un mythe au vu de l'état de la recherche allemande alors que les américains avaient investi dans un effort incroyable pour faire Trinity.
Durant leur détention en Angleterre, Heisenberg et son équipe sont écoutés par le MI6 et en août 1945, à l'annonce des bombes sur Hiroshima et Nagasaki, le livre raconte qu'Heisenberg calcule à partir des dégâts, la puissance de la bombe.
Bon, la version qu'Heisenberg ait retardé volontairement la construction d'une arme nucléaire allemande est remise en cause: https://fr.wikipedia.org/wiki/Werner_Heisenberg
Wikipédia a écrit:De nombreux historiens des sciences prennent ces documents comme une preuve de l'implication de Heisenberg dans le programme allemand, en dépit de ses dénégations postérieures. Pour le physicien Samuel Goudsmit (Alsos Mission, 1947) et les historiens David Cassidy (Uncertainty : the life and science of Werner Heisenberg, 1992), Paul Lawrence Rose (Heisenberg and the Nazi atomic bomb project, 1998) et le physicien Jeremy Bernstein (Hitler's uranium club : the secret recordings at Farm Hall, 2001), Heisenberg était dans l'impossibilité matérielle de faire la bombe (par manque de moyens et par une approche théorique inadéquate) mais il l'aurait certainement produite s'il avait pu car il le désirait ardemment ; c'est également l'avis du physicien du CNRS Sébastien Balibar, qui réfute aussi l'idée que Heisenberg ait voulu cacher aux nazis la possibilité de construire des armes nucléaires.
De son côté l'historien Mark Walker ne croit pas aux affirmations faites par Heisenberg après la guerre, qui prétendait que lui et ses collègues avaient gardé le contrôle de la recherche, qu'ils avaient reçu l'ordre de ne développer que les applications pacifiques, et que la question morale avait dominé leur pensée. Au contraire, Walker analyse comment les physiciens allemands ont réussi après guerre à éviter la purge, et le rôle prépondérant d'Heisenberg.
Cependant pour le journaliste Thomas Powers (Le mystère Heisenberg, 1992) et le dramaturge Michael Frayn (Copenhague, 1998), qui reprennent ses déclarations, Heisenberg aurait pu fabriquer la bombe mais, par bonté d'âme, a refusé de le faire.
Edit 1. le livre que j'avais lu est "Le mystère Heisenberg" de T. Powers.
https://www.amazon.fr/MYSTERE-HEISENBERG-LAllemagne-nazie-atomique/dp/2226063099
Edit. 2
L'article de Korii rapporte:
Chic! Des sangliers!
Ce qui est plus surprenant, c'est que ces niveaux de radioactivité ont baissé chez la plupart des animaux chassés, mais pas chez les sangliers. Mais pourquoi sont-ils plus touchés que les cerfs et les chevreuils, par exemple? Voire que les humains? Tout simplement parce qu'ils ont pour habitude de consommer des aliments tels que des champignons ou des truffes souterraines et qu'ils se retrouvent donc en première ligne dans la récupération des résidus de césium.
L'équipe de l'ACS note que 88% des échantillons de viande de sanglier testés en Allemagne dépassent les limites réglementaires locales en matière de césium radioactif dans les aliments. Un chiffre qui monte à 100% si l'on applique les normes japonaises. Vous risquez de sentir passer l'indigestion.
Si l'accident de Tchernobyl semblait être le responsable idéal, 68% de la contamination des sangliers serait due, d'après l'étude, aux essais d'armes nucléaires entamés dès 1939 par le IIIe Reich. Chez certains de ces mammifères, le césium issu des explosions seules suffit même à dépasser la limite réglementaire. Méfiance, donc, si vous visitez la Bavière: évitez le saucisson de sanglier et les truffes, et contentez-vous de boire une bonne chope.
La source des essais nucléaires nazis d'après l'article de Korii (merci l'hypertexte) est cette émission de France Culture de 2013 "La marche des sciences", "Des scientifiques sous le Troisième Reich. Pourquoi Hitler n’a pas eu la bombe atomique": https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-marche-des-sciences/des-scientifiques-sous-le-troisieme-reich-pourquoi-hitler-n-a-pas-eu-la-bombe-atomique-4813565
France Culture a écrit:Août 1945, Hiroshima et Nagasaki, deux villes japonaises meurtries par l’arme atomique mise au point par les Américains. La fin d’une seconde guerre mondiale sanglante qui, à ses débuts, ne pouvait laisser imaginer que les Etats-Unis remporteraient la victoire dans cette quête de l’arme nucléaire. En 1939, c’est l’Allemagne qui prit la tête de la course à l’atome, forte des meilleurs physiciens et de laboratoires performants, et face à des équipes françaises et américaines déjà bien avancées. On prétend même que les nazis auraient procédé à un essai nucléaire en mars 1945... Vérité ou affabulation ? Que s’est-il passé, côté allemand, pour ruiner cette suprématie de départ ? Qui étaient ses scientifiques allemands qui oeuvraient en secret pour mettre au point la première bombe nucléaire ? Ils s’appelaient Werner Heisenberg, Otto Hahn, Kurt Diebner, Walter Gerlach... et c’est leur histoire que nous raconte l’historien et journaliste Nicolas Chevassus-au-Louis, auteur du livre Pourquoi Hitler n’a pas eu la bombe atomique , paru chez Economica.
Une émission en partenariat avec le magazine Pour la science , pour la seconde partie de la Marche des sciences , avec comme invitée Christine Berthaud , directrice du centre de communication scientifique directe à Villeurbanne. Elle est l’auteur, avec Agnès Magon, d’un article “La science accessible à tous” , qui porte sur le libre accès d’articles de recherche scientifique sur internet, ses enjeux, ses bienfaits et ses conséquences.
Edit 3:
Oncle Dom a écrit:Korii prétend se baser sur un article de Popular Mechanics. Mais, s'il est bien question de retombées radioactives, il n'est nullement question d'expériences atomiques nazies dans cet article.
Oui, l'article évoque la marge temporelle de 60 à 80 ans. La conclusion de l'article d'ACS est d'avoir mis en évidence une accumulation des Césium dans l'environnement qu'on avait négligée jusque là et que l'impact des essais nucléaires atmosphériques (nombreux en Eurasie depuis 1949, c'est moi qui écris) est à prendre en compte dans de futures recherches:
ACS a écrit:
Although it is still debated whether or not the persistent 137Cs contamination in Bavarian boars spanning decades has its roots in fungal species, we can now present isotopic evidence that the atmospheric weapons fallout that has been residing in our environment for more than 60 years is still affecting radioactive contamination levels in wild boars. More unexpectedly, in Cham (region C), Kelheim (region E), and Garmisch-Partenkirchen (region K), we found that about 40–50% of 137Cs contamination in some wild boar samples originated from the weapons fallout. Therefore, our findings provided visual evidence for the interpretation that persistent 137Cs contamination in Bavarian wild boars is also related to the six decades old global weapons fallout in our ecosystem.
[...]
Having proven a powerful tool in complex radioecological questions, this study highlights the outstanding potential of 135Cs/137Cs for the distinction of present or future 137Cs sources. Possible applications include other environmental 137Cs repositories such as mushrooms, (60,61) honey, (44) or sediments. (62) Lastly, this study illustrates that strategic decisions to conduct atmospheric nuclear tests 60–80 years ago still impact remote natural environments, wildlife, and a human food source today. A similar, long-lasting consequence can be expected from Chornobyl-137Cs deposited in central Europe that will have a longer impact than the relatively short ecological half-lives of 137Cs suggest.
Donc la présence de césium proviendrait des essais atomiques atmosphériques soviétiques depuis 1949. Cela correspondrait plus ou moins à la marge temporelle de 60-80 ans. Mais comment être plus précis ?