JoliBob Rekin a écrit:Phénomène classique et tout à fait naturel, mais c'est tellement beau :
A comparer avec le "ballet d'OVNI", ou à l'époque présage, obsevé en 1535 dans la même ville, et peint quelques années plus tard
Mais tout ce spectacle, c'est minable à coté de ce qui aurait été observé en 1866, toujours à Stockholm:
Quelque perfection qu'atteigne de nos jours la pyrotechnie, elle n'en reste pas moins et n'en restera pas moins toujours un grossier jeu d'enfants en comparaison des feux d'artifice dont la nature s'avise parfois de donner le spectacle aux hommes, et comme elle l'a fait le 18 juillet dernier à Stockholm.
A la suite d'un orage violent, tout à coup le ciel, qui de sombre était devenu bleu et serein, se couvrit d'un véritable rideau de feu qui s'étendait aux quatre points cardinaux, et qui semblait produit par de grandes étincelles électiques, se déchargeant les unes sur les autres. « On croyait, raconte un témoin de ce spectacle étrange, avoir sous les yeux une image saisissante de l'enfer et de son affreux chaos de flammes. »
Peu à peu l'agitation de cette mer en combustion se calma et laissa voir un palais, d'une architecture fantastique, dont le toit se dressait en clochetons découpés à jour, et reposait sur des colonnes torses ou ruisselait des guirlandes animées de diamants, d'éméraude et de rubis.
Tout les habitants de Stockholm admiraient un phenomène dont cette ville n'est point du reste témoin pour la première fois, et qu'on nomme en Suède, soit les apparitions de la fée Morgane, soit kiemung, quand un nouveau rideau d'étincelles gigantesques couvrit subitement cette scène, l'effaça, disparut lui-même quelques instants après et céda la place à une forteresse immense avec ses tours, ses mâchicoulis, ses fossés, ses herses et ses ponts levis.
Au fond de l'horizon on distingait vaguement une troupe de chevaliers à cheval, bannières et trompettes en tête, qui se dirigeait lentement vers la forteresse.
Tout à coup cette forteresse s'écroula par une formidable secousse, et se trouva instantanément remplacé par un site et une forêt sauvages dont la végétation ressemblait à la végétation que le géologie attribue aux premières époques de la création de notre globe, et telle que le découvrira sans doute un jour le télescope de l'astronome sur la surface de la lune, toute grouillante de volcans éteints, d'éruptions de lave devenues immobiles et de crevasses incommensurables. Au milieu de ces contrées étanges, couraient rampaient, nageaient, volaient toutes sortes de grands monstres près desquels devenaient vraisemblables les gargouilles de nos cathédrales gothiques et les fantaisies les plus excentriques de Jacques CAllot dans la Tentation de saint Antoine.
Pendant cette troisième période du phénomène on vit peu à peu le tableau ardent et animé perdre de sa puissance et de sa vivacité. Des tons rutilants il passa à des tons d'un pourpre foncé, qui devinrent violacés, puis grisatres, et qui finirennt insensiblement par s'affaiblir et par s'effacer tout à fait.
A six heures il ne restait plus de traces de ce feu d'artifice céleste apparu à cinq heures. Le ciel se montrait libre et bleu comme auparavant et comme si reien de merveilleux ne s'y fut passé.
S.Henry Berthoud
L'univers illustré 29 aout 1866
Dernière édition par oncle dom le 10/12/10, 08:51 pm, édité 1 fois