Voici la lettre (Désolé, le téléchargement d'hier n'a pas marché)
De : Xavier PASSOT, Responsable du GEIPAN de Juillet 2011 à Janvier 2016
à : Sebastien Deurdilly et Johan de Faria Upside Télévision 33 Quai de Dion Bouton 92800 Puteaux
et à : Dominique Filhol par mail
Le 15 février 2021
Objet : Réaction à l’émission « Le Bureau des OVNIS »
Messieurs,
Sollicité par Dominique Filhol pour sa réalisation du «Bureau des OVNIS », j’ai accepté un long interview le 21 novembre 2020, auquel je me suis livré avec une totale sincérité. Craignant que mes propos ne soient escamotés, je lui ai même laissé une fiche mentionnant les messages élémentaires
auxquels je tenais.
Comme pour d’autres personnes interviewés, traitées avec le même mépris, rien de notre entretien n’a été retenu dans la version finale de ce soi-disant documentaire diffusé sur Canal+ en février. Vous trouverez ci-dessous la liste détaillée de mes remarques sur cette émission.
Mais cette légère frustration n’est pas l’objet principal de cette lettre ; j’ai eu précédemment la même déconvenue avec d’autres producteurs qui recherchent exclusivement l’étrange dans le phénomène OVNI et occultent volontairement tout élément contraire à cet angle de réalisation.
Avec tous les interviews qu’il a menés, Dominique Filhol a obtenu, non sans mal, toute la matière pour faire un documentaire exceptionnel, complet, argumenté, sincère, mais contradictoire, qui aurait permis de faire comprendre la complexité du phénomène OVNI et sa richesse. Il en a fait une
émission réduite aux seuls éléments montrant un GEPAN focalisé sur les cas qu’il a jugé les plus excitants pour le public. Je ne sais si c’est de son propre fait ou « sur ordre », mais peu m’importe, je vois un résultat méprisable, un n-ième programme inutile entretenant le mythe par la récitation
des cas emblématiques, dans la même veine que son précédent opus “OVNIS, Une Affaire d’États”.
Je vous demande par conséquent de retirer mon nom de la liste des personnes remerciées pour la réalisation de ce programme : je n’y ai aucunement participé, et ne souhaite pas que mon nom soit associé à ce que je considère comme une imposture.
Ce qui est méprisable dans ces émissions que vous présentez comme « documentaires », c’est que ce ne sont que des divertissements conçus pour produire de l’émotion, comme vous savez très bien le faire. Mais le téléspectateur croit qu’il reçoit une information complète ; c’est donc une
imposture, un mépris des spectateurs que vous manipulez ainsi. Vous connaissez très bien toutes les informations qu’il faudrait présenter pour que ce soit un vrai documentaire, mais vous les cachez car elles affaibliraient l’effet étrange de ce genre d’émission.
A l’inverse, la série OVNIS, qui est clairement un divertissement, une fiction, présente bien mieux la complexité du phénomène OVNI et le rôle du GEPAN : la difficulté de ces enquêtes insolites, l'alternance entre les instants de doute et de certitude, entre la rigueur et le rêve.
Un scénario ébouriffant, surprenant toujours le spectateur, porté par des acteurs remarquables, des reconstitutions admirables, en font un programme exceptionnel. Ce qui transparaît derrière cette série et qui la rend si attachante, c’est la profonde humanité de ces personnages de fiction, qui nous
ressemblent tant.
J’aimerais que cette lettre vous fasse comprendre que, bien au-delà d’hypothétiques visiteurs d’autres mondes, le phénomène OVNI est un sujet de choix pour parler de science du quotidien, de la difficile question de l’inconnu en sciences, de l’humanité et de ses croyances. Clémence Dargent
et Martin Douaire, eux, l’ont bien compris et ils nous ont cependant charmés.
Sincèrement
Xavier Passot
Annexe : remarques détaillées
-L’intervention de Roger Baldacchino est vraiment brève (8s) , surtout lorsqu’on sait le temps qu’a duré son interview.
-Le choix de faire référence à Spielberg et aux lumières de Lubbock me semble hors sujet du GEPAN, d’autant plus que ce dernier cas est a priori expliqué.
-L’OVNI filmé (9’30 à 9’40) a exactement l’aspect d’une traînée d’avion au lever du soleil.
-Passer 2’20 sur le très fragile cas Cussac de 1967, (observé par deux enfants, enquêté plus de 10 ans après) me semble inopportun
-à 20’34 : sur la photo, c’est le spationaute Patrick Baudry, pas J.L. Chrétien
-Dans les 5’30 consacrées au cas Trans-en-Provence, il aurait été opportun de souligner qu’il n’y avait qu’un seul témoin, que les traces étaient peut-être déjà là la veille, et que les traces circulaires au sol ne correspondent pas du tout aux 4 pieds de l’engin tel que dessiné par le témoin.
-La cas du 5 Novembre 1990 a été ré-étudié très soigneusement en 2015 : c’est bien un cas « A » parfaitement identifié ; les témoignages non concordants avec l’observation d’une rentrée d’objet spatial présentent les divergences habituelles de ce genre de cas ; à chaque
observation de bolide suite à une rentrée atmosphérique de météoroïde, (maintenant parfaitement caractérisée grâce au réseau de caméras FRIPON) on constate les mêmes illusions de perception et erreurs d’estimation de trajectoires par les témoins. (Voir les Actualités GEIPAN de Mars 2015
- à 37’40 : sur la photo, c’est le spationaute Michel Tognini, pas J.P.Haigneré
-Le cas AF3532 « Duboc » est un phénomène certes inexpliqué, mais lointain et non corrélé à un écho radar (l’écho simultané ne correspond pas à la direction de l’observation)
-Citer le cas américain Nimitz dans un « documentaire » sur le GEPAN d’avant 2000 est totalement hors sujet, et révélateur de l’angle exclusif de l’étrangeté qu’ont choisi la production et le réalisateur.
Et rien sur :
les illusions de perception visuelle
le canular de l’enlèvement à Cergy-Pontoise en 1979
la rentrée atmosphérique du 11/11/1980
les réflexions d’Alain Esterle sur le phénomène OVNI (cf note technique de 1983)
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