Oui, les histoires japonaises de cette époque mentionnent non pas des vaisseaux célestes qui se seraient écrasés (ce qui va vachement loin dans l'interprétation), mais des navire ou des bateaux avec des gens dedans.
https://actualitte.com/article/110452/livres-anciens/quand-en-1803-un-ovni-debarqua-au-japon
Tanaka Kazuo, professeur à l’Université de Gifu spécialiste du texte, est formel : « L’engin décrit dans les documents japonais de la période Edo, a tout de la soucoupe volante », rapporte Nippon. Au cours de ses recherches, il a retrouvé onze versions de la légende aux divergences plus ou moins importantes. Mais les plus intéressantes, selon lui, datent de 1803, année où l'OVNI aurait touché la terre nippone.
L’une des sources les plus connues est le Toen shōsetsu, une compilation des « rumeurs fantastiques » établie par le cercle littéraire Toenkai en 1825. On trouve aussi le récit dans le Ume no chiri (Poussière de prune), de 1844, signé Nagahashi Matajirō, ainsi que dans les Notes de Ōshuku (Ōshuku zakki), le Hirotaka zuihitsu (Essais de Hirotaka). Ou encore le Hyōryūki-shū (Enregistrement de naufragés) de 1835, qui rassemble des histoires de navires étrangers et de marins japonais échoués au large du Japon.
Le Banke bunsho (Document de Banke) présente une approche plus intrigante encore, car il est le seul à localiser précisément le lieu de la rencontre : Hitachihara Sharihama. Ce village apparaît sur un document du cartographe, Inō Tadataka, mais sa localisation actuelle reste confuse.
Un navire étranger devenu OVNI ?
Plus que le fantastique du texte, les représentations d’époque de cet engin indéterminé rappellent furieusement les visions de soucoupes.
Une légende à soie....
Tanaka Kazuo remarque que les vêtements de la femme dans une illustration de l’œuvre ressemblaient à ceux d’une statue de bodhisattva, au temple Shōfukuji à Kamisu, qui est dédié à l’élevage des vers à soie. Une légende locale attribue le début de la sériciculture à une princesse Konjiki. Dans une version de l’histoire, cette princesse échoue sur le rivage après avoir voyagé depuis l’Inde sur une pirogue en forme de cocon.
Baleine sous caillou
Le chercheur émet l’hypothèse que les premières rumeurs firent état d’un « navire creux » débarquant sur une plage appelée Kashimanada : les habitants de Shōfukuji l’intégrèrent tout bonnement à la promotion du temple. Il s'agirait en réalité de l’accostage d’un navire étranger, déformé et embelli avec le temps. Peut-être un baleinier russe naufragé, mais on n'en trouve nulle mention dans les archives officielles.
L’Histoire japonaise de l’époque Edo soutient cette thèse du bateau étranger : le début du XIXe siècle s’inscrit dans cette période isolationniste du Japon, qui dura près de deux siècles, dite Sakoku (fermeture du pays). Cette politique prit fin avec l’expédition de 1853-1854 menée par Matthew Perry qui força le pays de Bashô à s’ouvrir.
La princesse brillante
Une autre histoire, bien plus ancienne, Le Conte du coupeur de bambou (Taketori Monogatari), également connu sous le nom de La princesse brillante (Kaguya-hime), apparut au début de la période Heian (794-1185). Son auteur est inconnu.
Un vieux coupeur de bambou trouva un jour une petite fille, la princesse Kaguya, à l’intérieur d’une tige de bambou brillante. Devenue par la suite une fascinante femme au charme surnaturel, elle séduisit tous les hommes qu’elle rencontrait, jusqu’à l’empereur lui-même. Cependant, elle les refusa tous, consciente qu’elle ne venait pas de la Terre, mais de la Lune. Elle y retournera finalement, escortée par son peuple, venu la chercher.
Beaucoup connaissent ce récit en Occident par l’entremise de son adaptation en film d’animation par le Studio Ghibli de 2013, Le conte de la princesse Kaguya, réalisé par Isao Takahata. Certains verront dans cette légende, avant tout, une allégorie, qui rappelle le poème en prose de Baudelaire, Les Bienfaits de la lune.