Bonjour,
Vite fait encore (weekend ^^), désolé.
En 1947, il n'y avait pas de classification "au dessus de top secret" (le projet Mogul était simplement top secret.
Non, mais il existait des
priorités au sein du niveau Top Secret (1A, 2A...). Selon un memorandum exhumé du 8 juillet 1946 (page 50 de mon livre) coupant court à toutes les affirmations de certains, le but du projet Mogul, les données scientifiques obtenues et l’agencement des matériels sont classifiés TOP SECRET (priorité 1-A), et non pas le nom du projet lui-même, ni les composants du train de ballons (d'ailleurs l'étude est confiée également à des civils des laboratoires Watson ou encore l'Université de New York - compartimentation -). C'est le même niveau que la bombe. Attendez les gars, il s'agit ici de mettre en place un dispositif pour "enregistrer des signaux acoustiques en haute altitude" et découvrir si les russes procèdent à des essais atomiques ou bien s'ils effectuent des essais/tirs de missiles (V1 V2)...
J'ai toujours du mal à croire que les militaires de Roswell une unité d'élite de soldats triés sur le volet (il étaient responsables des seuls bombardiers atomique au monde !) aient pu être incapables d'identifier des matériaux pourtant très prosaïques.
Déjà, ce ne sont pas "les militaires", mais une poignée de militaires qui se compte sur les doigts d'une main
Je rappelle également l'information suivante souvent occultée dans la littérature sensationnaliste (extrait) :
Le Roswell Morning Dispatch, au matin [8 juillet], publie un article indiquant que deux "discs" ont été récupérés au Texas et
l'un apparait décrit comme faits de feuilles aluminium ou d'étain. De là, à partir de ce papier du matin, l'association feuilles d'aluminium ou d'étain et "flying disc" existe historiographiquement (Circleville en est un autre exemple) et cela même à Roswell;
Extrait de cet article :
“The second flying disks (sic) was reported found by Bob Scott, a farmer living two and a half miles east of Hillsboro. He said the disk fell on his place Friday, and that it resembled a saucer. He said it was so bright he could not look at it very long. He said he was afraid people might believe he was "going to extremes in imagining things" and he told no one but his family until yesterday.
Then he notified O.F. Kissick and Joe Gerick, Hillsboro, who went to the field and investigated. Most of it had melted, they said. Gerick said one piece looked like tin foil, but when he picked it up, it appeared to be celluloid… “
Et donc pour des protagonistes qui auraient peut-être lu les articles du matin d'un des journaux de Roswell (Haut, je le rappelle, est attaché de Presse de la base, et lit vraisemblablement la presse) et faisant justement face à de tels matériaux "feuilles aluminium ou étain" tout juste récupérés, qu'ils ne savent pas identifier plus que cela, il est parfaitement légitime que pour eux ces matériels soient de bons candidats à un "disque" tel et justement comment on rapporte et pense qu'un "disque" se composerait.
Une cible radar n'est pas un matériel "ordinaire" si on n'en a jamais vue ou touchée. Marcel n'avait probablement jamais vu de cibles-radar comme j'essaie de le rappeler page 169.
Extraits :
On peut lire ici et là, comme on l'a déjà rapporté, que Jesse Marcel était très familier avec les cibles radar. Par exemple, Gildas Bourdais reprend en France très récemment un « argument »1 avancé de longues années avant outre-Atlantique :
« Petit détail : son fils, le Dr Jesse Marcel Jr, a défendu sa mémoire contre des attaques assez ignobles des sceptiques, dans son livre The Roswell Legacy (2007). Il y a reproduit son diplôme de « radar intelligence officer » obtenu en 1945. Marcel n’ignorait rien des cibles radar ! » Mais ne s'agit-il pas à nouveau d'un argument dit d’épouvantail ? En effet, cette affirmation est donnée sans investigation ou éléments de démonstration, si bien que c'est au lecteur de vérifier si ce qui est affirmé est véridique...Or, il s’agit bien là d’un faux argument, démontré il y a déjà plus de 14 ans. La réalité est toute autre.
On note qu’il s’agit d’un diplôme obtenu début septembre 1945 suite à un stage d’environ un mois "seulement". Que contenait et en quoi consistait exactement ce stage en ce qui concernerait plus spécifiquement les cibles radar, effectué à l’AAF Basic Unit Radar Observer School (Virginie), ex-3539th AAF base, aujourd’hui communément appelée Langley Air Force Base ? Ce stage ne portait-il pas plutôt sur une formation "de base" sur les radars eux-mêmes et l’interprétation des données, plus que sur les cibles radar elles-mêmes ? Le sujet des cibles radar était-il même seulement abordé ?
Dès 1995, certains enquêteurs anglo-saxons ont répondu à la question, comme Robert Todd 1. Les sujets, abordés au cours de ce stage du 13 août 1945 au 3 septembre 1945, comportaient une formation de base sur radar AN/APS 15A, formation sur l’interprétation d’un écran radar (scope interpretation), sur la navigation au radar (radar navigation), le bombardement radar (radar bombing), l’étude de cible au radar - celles que l’on cherche à bombarder - (target study), la planification de mission (mission planning), la reconnaissance d’avion au radar (aircraft recognition), les contre-mesures radar (radar countermeasures) et la photographie d’écran radar (scope photography). Aucun de ces sujets ne portait sur les cibles radar.
La formation basique portait légitimement sur le renseignement à l'aide de radar (radar intelligence) comme on s'y attendait, aucunement sur le renseignement météo (weather intelligence). Si bien que l'argument du diplôme de Jesse Marcel est totalement fallacieux. En effet, la formation de Jesse Marcel est effectuée en vue d'opérer sur des B29.
Les cibles radar faisaient partie, rappelons-le, d'une méthode destinée à déterminer les vitesses et directions des vents au-dessus d'une station, en suivant une cible radar sur ballon ou bien une radiosonde embarquée avec soit un radar ou une radio 2
Le mythe utilise un autre procédé narratif trompeur à l’instar de l’argument du diplôme de Jesse Marcel. Marcel aurait forcément côtoyé des officiers météo (weather officers) et les aurait vu utiliser de telles cibles radar ! En effet, Marcel aurait participé à l’opération Crossroad (croisement) en 1946 où de tels dispositifs météorologiques auraient été employés. Cette opération est une série de deux essais atomiques sur l’atoll de Bikini.
On se demande pourtant pourquoi un officier supérieur chargé du renseignement, fort occupé, s’amuserait à quitter son poste pour aller suivre ces opérations météo menées par des hommes de troupe ou des subalternes.
A ce sujet, l'enquêteur Tim Printy3 a retrouvé des photos officielles de l'opération Crossroad, et parmi elles, une photo d'un ballon météo est disponible. Reproduite après, on peut voir que le ballon météo n'emporte tout simplement pas de cible radar.
Logiquement, le Major Jesse Marcel ignorait les cibles radar. C'est pour cette raison que l'affaire Roswell a débuté, puis est retombée, quand la lumière a été faite là-dessus quelques jours après, avant que certains auteurs n’en fassent un mythe à partir de 1978.
Il y a également le ruban à motifs et/ou ceux-ci s'imprimant sur les baguettes, donnant encore
légitimement un caractère insolite.
De plus, les protagonistes n'agissent ni ne pensent sur des engins extraterrestres (comme vous l'avez bien compris et le rappelez Simx àmha), mais sur des "soucoupes volantes" ou des "disques", termes que "je" me suis efforcé je crois de contextualiser sémantiquement pour juin/juillet 1947 et ses contemporains... Le sème "extraterrestre" n'est pas directement associé, très loin de là, à ces termes en juin/début juillet 1947 et aussi fortement/directement qu'il va en être pour les années à venir. Ce matériel est donc un légitime candidat de "soucoupe" ou de "disque" ainsi contextualisés.