Salut tout le monde,
J'ai cherché un peu partout sur le forum, mais je ne trouve aucun sujet dédié spécifiquement au "Wow! Signal" du programme SETI. Dans les lignes qui suivent, je résume brièvement le cas, les tentatives de réplication, et les hypothèses explicatives, et je finis par un petit inventaire de ressources disponibles.
Le signal 'Wow!', c'est un 'signal' d'origine indéterminée reçu par le radiotéléscope 'Big Ear' (programme SETI à l'Ohio State University) le 15 août 1977. Le Big Ear fonctionnait alors pour le compte du SETI depuis 1973 (il le fera jusqu'en 1995).
NB : Pour tout ceux qui souhaitent des détails sur les spécifications techniques du Big Ear, ainsi que sur les méthodes d'analyses utilisées par les gulus du SETI, je vous recommande l'article de Ehman "The Big Ear Wow! Signal, 30th Anniversary Report" (lien ci-dessous). Le site BigEar.org contient en outre une jolie petite bilbiographie de la littérature sur le Wow!.
Disclaimer : Je ne prétends pas être exhaustif ni totalement correct (je n'ai rien d'un astronome ou d'un astrophysicien). Si vous voulez complétez ou contredire, en ben c'est forum, dai dai!
Le projet et les hypothèses de départ
L'objectif du SETI avec le Big Ear était de scanner le ciel dans l'espoir capter un signal radio dans l'intensité serait suffisamment forte par rapport au bruit de fond cosmique pour garantir une origine artificielle.
Plus spécifiquement, on s'attendait à un signal sur :
1) une bande étroite (10KHz max),
2) sur la fréquence de l'hydrogène (élément le plus commun dans l'espace, donc supposé posséder un valeur symbolique universelle dans le cadre d'une éventuelle communication), soit ~1420.4 MHz, aussi appelée 'raie à 21cm',
3) ou quelque part ailleurs dans le 'waterhole', soit 1420.4 à 1666 Mhz, cette seconde fréquence étant celle de l'hydroxyle (-OH), formant avec l'hydrogène... de l'eau, symbole de la vie. De plus, le waterhole, est un spectre réservé par la loi pour les observations astronomiques (cela limite les risques d'interférence).
4) Le signal devait durer quelques 72s, parce que c'est le temps que met Big Ear pour scanner le ciel (pour ce faire, le téléscope utilise la rotation terrestre), et former une courbe de Bell s'étalant sur ce laps de temps. Le signal monte en intensité puis redescend au fur et à mesure qu'il est balayé par le 'faiseau' d'observation. Si ça vient du ciel, ça dure 72s et ça forme une courbe de Bell. Plus ça colle précisément, plus ça vient de haut.
5) Le Big Ear possédait deux lobes, ou 'horns' en anglais, observant la même partie du ciel à environs 3 minutes d'intervalle. Si lors du passage du second lobe le signal présent au passage du premier a disparu, il y a alors plus de chances pour qu'il soit d'origine artificielle (car il est intermittent). Idem si c'est l'inverse
L'observation
L'observation, c'est 6EQUJ5, ou les chiffres de 0 à 9 dénotent une intensité de 1.00 à 10.00, et les lettre de A à Z les intensité supérieures, tels que A pour 10.00 à 11.00, B pour 11.00 à 12.00, ainsi de suite. Comme le montre la photo des données du Wow!, cela représente une intensité bien au delà du bruit cosmique environnant, jusqu'à 30 fois supérieure en fait.
L'observation dure les 72s prévue, avec la forme en courbe de Bell prévue (avec suffisamment de précision pour déterminer une distance minimale comparable à celle de la lune).
La bande est étroite, mesurée 1420.356 et 1420.4556 MHz, soit la fameuse raie à 21cm de l'yhdrogène, suivant parfaitement l'hypothèse de départ des chercheurs.
Le nom de Wow! vient de l'inscription notée sur la feuille de données par le Dr. Jerry R. Ehman, le responsable scientifique qui a vérifié lesdites données. D'où le nom de l'observation, qui aurait aussi bien pu s'appeler 6EQUJ5. J'eu préféré 6EQUJ5... ça fait plus scientifique.
Suite à un défaut de conception dans le traitement informatique des données, il est à relever qu'il a été impossible de déterminer quel lobe a perçu le signal. Ce dont on est sûr, c'est qu'un seul lobe a perçu le signal (il était donc 'éteint' trois minutes avant ou après), et l'heure de réception du signal (22h16 EST, selon Ehman (1997)). A partir de là, on peut calculer deux zones dans le ciel, ou 'error boxes' d'où aurait pu provenir 6EQUJ5. Les deux zones (deux ascensions droites et une seule déclinaison) se trouvent quelque part un peu au sud du groupe stellaire 'chi du Sagittaire'.
Tentatives de réplication
Comme tous bons scientifiques qui se respectent, les p'tits gars du SETI ont tenté de répliquer l'expérience, c'est-à-dire de retrouver la trace du signal et de voir un peu mieux à quoi ça ressemblait... et ce un mois durant. Hélas! Du côté de Big Ear, qui rappelons est limité par les mouvements de la terre pour 'orienter son antenne', on a rien reçu depuis. Mais d'autres équipes ont tenté leur chance avec des instruments plus mobiles, et plus sensibles aussi!
En 1987 et 1989, Robert Gray utilisa le META array de l'observatoire Oak Ridge au Massachusetts, mais ne trouva rien.
En 1995 et 1996, Gray, toujours le même, tenta de répliquer l'observation au moyen du VLA au Nouveau Mexique (Gray & Marvel, 2001; Alexander, 2001). Sans succès! Le VLA est infiniment plus sensible et précis que Big Ear, mais Gray ne regarda jamais plus de 22 minutes au même endroit.
En 1998 et 1999, Gray reçu l'aide de Simon Ellingsen et de 'son' télescope en Tasmanie (dans l'hémisphère nord, on est limité à 1 heure d'observation continue au maximum), ce qui lui permit de cumuler 14 heures d'observations continues de la région d'origine supposée de 6EQUJ5 (Gray & Ellingsen, 2002). Mais en vain. Sauf peut être que cela permet de falsifier plusieurs hypothèses.
Comment expliquer le signal?
Avions, vaisseaux spatiaux, satellites, etc. - Pour reproduire la jolie courbe de Bell du Wow! il faut soit être loin dans le ciel, soit bouger de manière à créer l'impression d'être le fond du ciel, ne pas se détacher de la voûte céleste. Oubliez donc les avions. Pour les vaisseaux et les satellites, c'est peu probable, et il n'y avait rien de répertorié qui corresponde à l'observation. De plus, les fréquences dans le waterhole sont interdites. Evidemment, on peut toujours supposer un satellite TOP SECRET qui émettrait à 1420 MHz. Si quelqu'un est spécialistes des satellites espions de la fin des années 70s, qu'il parle!
Planètes, astéroïdes, astres - Les astéroïdes n'émettent pas un champ magnétique suffisamment puissant pour générer le 6EQUJ5, et 1420 MHz ne correspond pas vraiment à la signature d'une planète. De plus, il n'y avait rien de tel (astéroïdes, planètes) dans l'alignement des 'error boxes' au moment de l'observation. Cf. Ehman (2007). On a pas repéré autre chose (astre) dans ces boxes qui reproduise le Wow! malgré les investigations de Robert Gray.
Scintillation interstellaire et lentilles gravitationnelles - Si j'ai bien tout compris, on parlerait alors d'un signal de faible intensité magnifié par une scintillation astronomique. Du coup, le signal d'origine serait plus faible, et donc moins ou pas pertinent (le design de l'expérience repose la-dessus). Mais cela apparaît comme peu probable, car les investigations de Gray en 1995 et 1996 avec le VLA (100x plus sensible que Big Ear selon Gray et Marvel (2001)) n'ont pas trouvé de source (non-boostée par la scintillation) qui aurait pu être à l'origine du signal. En gros, à moins que la source soit plus de 100x inférieure à 6EQUJ5, il n'y avait plus rien dans les 'error boxes' en 1995, alors que ce genre de phénomène est habituellement réplicable (Gray & Ellingson, 2002 : 971; Gray & Marvel, 2001 : 1177) Deuxième hypothèse, si un phénomène de lentille gravitationnelle 'brouille' un signal faible et le magnifie, pourquoi un tel phénomène ne dure même pas 3 minutes? C'est un phénomène 'massif, qui ne devrait disparaître ou apparaître aussi promptement (Ehman, 2007).
Un quasar - Selon Ehman, un quasar est peu probable, car avec le système à deux lobes : "[...], for a strong radio source of small angular diameter like a distant galaxy or quasar, we see a negative (inverted) beam response followed by a positive beam response shortly thereafter. However, this was not the case for the Wow! source." (2007). Pour la petite histoire, en 1963, Kardashev avait supposé par erreur que le signal transmis par le quasar CTA-102 était celui d'une civilisation extraterrestre placée au niveau II ou III sur son échelle des civilisations extra-terrestres. Vous trouverez plus d'infos sau sujet de CTA-102 sur Wikipedia. Il n'y a en tous les cas pas de rapport apparent avec 6EQUJ5.
Un pulsar - Peu probable, étant donné que les pulsars ont des périodes assez courtes, de l'ordre de quelques secondes au maximum. Le premier pulsar radio découvert (en 1967) avait été effectivement, dans premier temps, confondu avec une source 'intelligente'. Il s'agit de LGM-1(pour 'little green men'), mais sa période était de 1.337 seconde. De plus, aucune observation ultérieure dans les 'error boxes' (notamment Gray en 1995 et 1996) n'a rien trouvé qui ressemble à un pulsar. Notons anecdotiquement qu'en 2003, un signal à ~1420 Mhz a été détecté par le programme SETI@home, mais le signal (joliment nommé SHGb02+14a, ça fait très scientifique!), qui par ailleurs n'a pas un fréquence stable et une faible intensité, semble être un pulsar... ou un artefact. Vive les pulsars!
Soucoupe volante - Il se pourrait également qu'une soucoupe volante se soit positionnée juste au dessus du Big Ear et ait reproduit artificiellement une émission radio comme venant du chi du Sagittaire. La démarche est très logique. Si on croit que les Zitis sont très loin, on ne les cherchera pas sur Terre. Et les Zitis disposent indubitablement de la technologie adéquate pour ce genre de simulation. Notons tout de même que (comme tout spécialiste d'exopolitique le sait bien) plusieurs protocoles du Conseil d'Andromède interdisent ce genre d'opération... Mais comme disait Jimmy, il faut s'attendre à tout avec les 'little greys'. Vous êtes avertis!
Réflexion d'un signal terrestre - N'importe quel appareil terrestre émettant à 710 ou 473.33 MHz émettra également un signal résiduel affaibli en 1420 MHz (il est interdit d'émettre directement à 1420 MHz, rappelez-vous!). Si un tel signal était reflété par un débris métallique en orbite autour de la terre, alors en principe on pourrait considérer par erreur ce dernier comme venant (à l'origine) du ciel. Mais pour reproduire la courbe de Bell du Wow!, le débris ne doit pas trop tourner sur lui-même (pas plus d'un tour par heure), et doit se déplacer de manière à ne pas se détacher du ciel. Peut probable selon Ehman (2007). A mon sens, l'idée d'une réflexion d'un signal terrestre demeure pourtant tentante. En effet, même si les probabilités qu'un bout de ferraille spatiale puisse renvoyer le signal est faible, il ne faut pas oublier que comme le relève, pour d'autres raisons, Ehman (2007) : "Use of the Big Ear would quickly result in our achieving the record for the longest continuously-running survey of narrowband radio emission (indeed, we did achieve that record as described in the "Guinness Book of World Records"), although we didn't purposely set out to achieve that record)." Partant de là, les chances de trouver quelque chose de peu probable augmentent, fatalement, si on regardent longtemps. Notons pour Ehman que le bande passante de 10 KHz reste peu courante dans les communications terrestres. Suivant une logique résiduelle, la plupart des sceptiques classerait probablement (my guess) 6EQUJ5 dans cette catégorie.
HET, ou Random + error? - Il est a priori scientifiquement raisonnable de considérer l'HET, dans le mesure où des hypothèses déductives ont été posées, et que l'observation 6EQUJ5 les respectent. Pourtant... voyez surtout la conclusion...
On pourra évidemment tenter d'imaginer mille et un scénarii avec des phares cosmiques fonctionnant à la bonne périodicité pour correspondre à l'absence de réplication, mais avec quelle légitimité, si justement on a pas d'autre observation?
Conclusion
Pour conclure, peut être peut-on citer l'astronome Seth Shostak, qui dans un article sur les recherches de Robert Gray se demande : "So was the Wow signal our first detection of extraterrestrials? It might have been, but no scientist would make such a claim. Scientific experiment is inherently, and rightly, skeptical. This isn't just a sour attitude; it's the only way to avoid routinely fooling yourself. So until and unless the cosmic beep measured in Ohio is found again, the Wow signal will remain a What signal." (Shostak, 2002). Disons qu'on a une expérience avec des hypothèses des départ, et une observation qui colle avec tout ça... mais une seule observation qu'on a pas réussi à répliquer. Scientifiquement, pas grand chose.
Addendum, j'ai pas tout compris...
... mais ça me semble assez intéressant : "We note that the Wow frequency given by Kraus corresponds to the frequency of the peak H i emission found in our observations: both were some 20 kHz below the LSR, implying a radial velocity of approximately 4 km ss a 2%chance that any detection would fall in the channel corresponding to the Hi peak." (Gray & Ellingson, 2002 : 971).
Photo complète de la fiche de données : http://www.bigear.org/Wow30th/WowL.jpg
Quelques sources :
- Alexander A. (2001). "The "Wow!" Signal Still Eludes Detection", The Planetary Society News, accès web au 02.04.12, url : http://www.planetary.org/news/2001/0117_The_Wow_Signal_Still_Eludes.html
- CTA-102 sur Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/CTA-102
- Ehman J. R. (1997). "The Big Ear Wow! Signal. What we know and don't know about it after 20 years", Site BigEar.org, accès web au 02.04.12, url : http://www.bigear.org/wow20th.htm
- Ehman J. R. (2007). "The Big Ear Wow! Signal, 30th Anniversary Report", site BigEar.org, accès web au 02.04.12, url : http://www.bigear.org/Wow30th/wow30th.htm
- Gray R. H. (2011). The Elusive Wow: Searching for Extraterrestrial Intelligence, Chicago : Palmer Square Press.
- Gray R. H. & Ellingson S. (2002). "A Search for periodic Emissions at the Wow Locale", The Astrophysical Journal, 578 : 967-971, url au 02.04.12 : http://www.bigear.org/Gray-Ellingsen.pdf
- Gray R. H. & Marvel K. B. (2001). "A VLA Search for the Ohio State 'Wow", The Astrophysical Journal, 546 : 1171-1177, url au 02.04.12 : http://www.bigear.org/Gray-Marvel.pdf
- Pulsar LGM-1 sur Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/LGM-1
- Raie à 21cm sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Raie_%C3%A0_21_centim%C3%A8tres
- SETI sur Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/SETI
- SHGb02+14a sur Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Radio_source_SHGb02%2B14a
- Shostak, Seth (2002). "Interstellar Signal from the 70s Continues to Puzzle Researchers", site BigEar.org, accès web au 02.04.12, url : http://www.bigear.org/shostak_wow_20021205.htm
- Signal Wow! sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Signal_Wow!
- Waterhole sur wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Waterhole_(radio)
J'ai cherché un peu partout sur le forum, mais je ne trouve aucun sujet dédié spécifiquement au "Wow! Signal" du programme SETI. Dans les lignes qui suivent, je résume brièvement le cas, les tentatives de réplication, et les hypothèses explicatives, et je finis par un petit inventaire de ressources disponibles.
Le signal 'Wow!', c'est un 'signal' d'origine indéterminée reçu par le radiotéléscope 'Big Ear' (programme SETI à l'Ohio State University) le 15 août 1977. Le Big Ear fonctionnait alors pour le compte du SETI depuis 1973 (il le fera jusqu'en 1995).
NB : Pour tout ceux qui souhaitent des détails sur les spécifications techniques du Big Ear, ainsi que sur les méthodes d'analyses utilisées par les gulus du SETI, je vous recommande l'article de Ehman "The Big Ear Wow! Signal, 30th Anniversary Report" (lien ci-dessous). Le site BigEar.org contient en outre une jolie petite bilbiographie de la littérature sur le Wow!.
Disclaimer : Je ne prétends pas être exhaustif ni totalement correct (je n'ai rien d'un astronome ou d'un astrophysicien). Si vous voulez complétez ou contredire, en ben c'est forum, dai dai!
Le projet et les hypothèses de départ
L'objectif du SETI avec le Big Ear était de scanner le ciel dans l'espoir capter un signal radio dans l'intensité serait suffisamment forte par rapport au bruit de fond cosmique pour garantir une origine artificielle.
Plus spécifiquement, on s'attendait à un signal sur :
1) une bande étroite (10KHz max),
2) sur la fréquence de l'hydrogène (élément le plus commun dans l'espace, donc supposé posséder un valeur symbolique universelle dans le cadre d'une éventuelle communication), soit ~1420.4 MHz, aussi appelée 'raie à 21cm',
3) ou quelque part ailleurs dans le 'waterhole', soit 1420.4 à 1666 Mhz, cette seconde fréquence étant celle de l'hydroxyle (-OH), formant avec l'hydrogène... de l'eau, symbole de la vie. De plus, le waterhole, est un spectre réservé par la loi pour les observations astronomiques (cela limite les risques d'interférence).
4) Le signal devait durer quelques 72s, parce que c'est le temps que met Big Ear pour scanner le ciel (pour ce faire, le téléscope utilise la rotation terrestre), et former une courbe de Bell s'étalant sur ce laps de temps. Le signal monte en intensité puis redescend au fur et à mesure qu'il est balayé par le 'faiseau' d'observation. Si ça vient du ciel, ça dure 72s et ça forme une courbe de Bell. Plus ça colle précisément, plus ça vient de haut.
5) Le Big Ear possédait deux lobes, ou 'horns' en anglais, observant la même partie du ciel à environs 3 minutes d'intervalle. Si lors du passage du second lobe le signal présent au passage du premier a disparu, il y a alors plus de chances pour qu'il soit d'origine artificielle (car il est intermittent). Idem si c'est l'inverse
L'observation
L'observation, c'est 6EQUJ5, ou les chiffres de 0 à 9 dénotent une intensité de 1.00 à 10.00, et les lettre de A à Z les intensité supérieures, tels que A pour 10.00 à 11.00, B pour 11.00 à 12.00, ainsi de suite. Comme le montre la photo des données du Wow!, cela représente une intensité bien au delà du bruit cosmique environnant, jusqu'à 30 fois supérieure en fait.
L'observation dure les 72s prévue, avec la forme en courbe de Bell prévue (avec suffisamment de précision pour déterminer une distance minimale comparable à celle de la lune).
La bande est étroite, mesurée 1420.356 et 1420.4556 MHz, soit la fameuse raie à 21cm de l'yhdrogène, suivant parfaitement l'hypothèse de départ des chercheurs.
Le nom de Wow! vient de l'inscription notée sur la feuille de données par le Dr. Jerry R. Ehman, le responsable scientifique qui a vérifié lesdites données. D'où le nom de l'observation, qui aurait aussi bien pu s'appeler 6EQUJ5. J'eu préféré 6EQUJ5... ça fait plus scientifique.
Suite à un défaut de conception dans le traitement informatique des données, il est à relever qu'il a été impossible de déterminer quel lobe a perçu le signal. Ce dont on est sûr, c'est qu'un seul lobe a perçu le signal (il était donc 'éteint' trois minutes avant ou après), et l'heure de réception du signal (22h16 EST, selon Ehman (1997)). A partir de là, on peut calculer deux zones dans le ciel, ou 'error boxes' d'où aurait pu provenir 6EQUJ5. Les deux zones (deux ascensions droites et une seule déclinaison) se trouvent quelque part un peu au sud du groupe stellaire 'chi du Sagittaire'.
Tentatives de réplication
Comme tous bons scientifiques qui se respectent, les p'tits gars du SETI ont tenté de répliquer l'expérience, c'est-à-dire de retrouver la trace du signal et de voir un peu mieux à quoi ça ressemblait... et ce un mois durant. Hélas! Du côté de Big Ear, qui rappelons est limité par les mouvements de la terre pour 'orienter son antenne', on a rien reçu depuis. Mais d'autres équipes ont tenté leur chance avec des instruments plus mobiles, et plus sensibles aussi!
En 1987 et 1989, Robert Gray utilisa le META array de l'observatoire Oak Ridge au Massachusetts, mais ne trouva rien.
En 1995 et 1996, Gray, toujours le même, tenta de répliquer l'observation au moyen du VLA au Nouveau Mexique (Gray & Marvel, 2001; Alexander, 2001). Sans succès! Le VLA est infiniment plus sensible et précis que Big Ear, mais Gray ne regarda jamais plus de 22 minutes au même endroit.
En 1998 et 1999, Gray reçu l'aide de Simon Ellingsen et de 'son' télescope en Tasmanie (dans l'hémisphère nord, on est limité à 1 heure d'observation continue au maximum), ce qui lui permit de cumuler 14 heures d'observations continues de la région d'origine supposée de 6EQUJ5 (Gray & Ellingsen, 2002). Mais en vain. Sauf peut être que cela permet de falsifier plusieurs hypothèses.
Comment expliquer le signal?
Avions, vaisseaux spatiaux, satellites, etc. - Pour reproduire la jolie courbe de Bell du Wow! il faut soit être loin dans le ciel, soit bouger de manière à créer l'impression d'être le fond du ciel, ne pas se détacher de la voûte céleste. Oubliez donc les avions. Pour les vaisseaux et les satellites, c'est peu probable, et il n'y avait rien de répertorié qui corresponde à l'observation. De plus, les fréquences dans le waterhole sont interdites. Evidemment, on peut toujours supposer un satellite TOP SECRET qui émettrait à 1420 MHz. Si quelqu'un est spécialistes des satellites espions de la fin des années 70s, qu'il parle!
Planètes, astéroïdes, astres - Les astéroïdes n'émettent pas un champ magnétique suffisamment puissant pour générer le 6EQUJ5, et 1420 MHz ne correspond pas vraiment à la signature d'une planète. De plus, il n'y avait rien de tel (astéroïdes, planètes) dans l'alignement des 'error boxes' au moment de l'observation. Cf. Ehman (2007). On a pas repéré autre chose (astre) dans ces boxes qui reproduise le Wow! malgré les investigations de Robert Gray.
Scintillation interstellaire et lentilles gravitationnelles - Si j'ai bien tout compris, on parlerait alors d'un signal de faible intensité magnifié par une scintillation astronomique. Du coup, le signal d'origine serait plus faible, et donc moins ou pas pertinent (le design de l'expérience repose la-dessus). Mais cela apparaît comme peu probable, car les investigations de Gray en 1995 et 1996 avec le VLA (100x plus sensible que Big Ear selon Gray et Marvel (2001)) n'ont pas trouvé de source (non-boostée par la scintillation) qui aurait pu être à l'origine du signal. En gros, à moins que la source soit plus de 100x inférieure à 6EQUJ5, il n'y avait plus rien dans les 'error boxes' en 1995, alors que ce genre de phénomène est habituellement réplicable (Gray & Ellingson, 2002 : 971; Gray & Marvel, 2001 : 1177) Deuxième hypothèse, si un phénomène de lentille gravitationnelle 'brouille' un signal faible et le magnifie, pourquoi un tel phénomène ne dure même pas 3 minutes? C'est un phénomène 'massif, qui ne devrait disparaître ou apparaître aussi promptement (Ehman, 2007).
Un quasar - Selon Ehman, un quasar est peu probable, car avec le système à deux lobes : "[...], for a strong radio source of small angular diameter like a distant galaxy or quasar, we see a negative (inverted) beam response followed by a positive beam response shortly thereafter. However, this was not the case for the Wow! source." (2007). Pour la petite histoire, en 1963, Kardashev avait supposé par erreur que le signal transmis par le quasar CTA-102 était celui d'une civilisation extraterrestre placée au niveau II ou III sur son échelle des civilisations extra-terrestres. Vous trouverez plus d'infos sau sujet de CTA-102 sur Wikipedia. Il n'y a en tous les cas pas de rapport apparent avec 6EQUJ5.
Un pulsar - Peu probable, étant donné que les pulsars ont des périodes assez courtes, de l'ordre de quelques secondes au maximum. Le premier pulsar radio découvert (en 1967) avait été effectivement, dans premier temps, confondu avec une source 'intelligente'. Il s'agit de LGM-1(pour 'little green men'), mais sa période était de 1.337 seconde. De plus, aucune observation ultérieure dans les 'error boxes' (notamment Gray en 1995 et 1996) n'a rien trouvé qui ressemble à un pulsar. Notons anecdotiquement qu'en 2003, un signal à ~1420 Mhz a été détecté par le programme SETI@home, mais le signal (joliment nommé SHGb02+14a, ça fait très scientifique!), qui par ailleurs n'a pas un fréquence stable et une faible intensité, semble être un pulsar... ou un artefact. Vive les pulsars!
Soucoupe volante - Il se pourrait également qu'une soucoupe volante se soit positionnée juste au dessus du Big Ear et ait reproduit artificiellement une émission radio comme venant du chi du Sagittaire. La démarche est très logique. Si on croit que les Zitis sont très loin, on ne les cherchera pas sur Terre. Et les Zitis disposent indubitablement de la technologie adéquate pour ce genre de simulation. Notons tout de même que (comme tout spécialiste d'exopolitique le sait bien) plusieurs protocoles du Conseil d'Andromède interdisent ce genre d'opération... Mais comme disait Jimmy, il faut s'attendre à tout avec les 'little greys'. Vous êtes avertis!
Réflexion d'un signal terrestre - N'importe quel appareil terrestre émettant à 710 ou 473.33 MHz émettra également un signal résiduel affaibli en 1420 MHz (il est interdit d'émettre directement à 1420 MHz, rappelez-vous!). Si un tel signal était reflété par un débris métallique en orbite autour de la terre, alors en principe on pourrait considérer par erreur ce dernier comme venant (à l'origine) du ciel. Mais pour reproduire la courbe de Bell du Wow!, le débris ne doit pas trop tourner sur lui-même (pas plus d'un tour par heure), et doit se déplacer de manière à ne pas se détacher du ciel. Peut probable selon Ehman (2007). A mon sens, l'idée d'une réflexion d'un signal terrestre demeure pourtant tentante. En effet, même si les probabilités qu'un bout de ferraille spatiale puisse renvoyer le signal est faible, il ne faut pas oublier que comme le relève, pour d'autres raisons, Ehman (2007) : "Use of the Big Ear would quickly result in our achieving the record for the longest continuously-running survey of narrowband radio emission (indeed, we did achieve that record as described in the "Guinness Book of World Records"), although we didn't purposely set out to achieve that record)." Partant de là, les chances de trouver quelque chose de peu probable augmentent, fatalement, si on regardent longtemps. Notons pour Ehman que le bande passante de 10 KHz reste peu courante dans les communications terrestres. Suivant une logique résiduelle, la plupart des sceptiques classerait probablement (my guess) 6EQUJ5 dans cette catégorie.
HET, ou Random + error? - Il est a priori scientifiquement raisonnable de considérer l'HET, dans le mesure où des hypothèses déductives ont été posées, et que l'observation 6EQUJ5 les respectent. Pourtant... voyez surtout la conclusion...
On pourra évidemment tenter d'imaginer mille et un scénarii avec des phares cosmiques fonctionnant à la bonne périodicité pour correspondre à l'absence de réplication, mais avec quelle légitimité, si justement on a pas d'autre observation?
Conclusion
Pour conclure, peut être peut-on citer l'astronome Seth Shostak, qui dans un article sur les recherches de Robert Gray se demande : "So was the Wow signal our first detection of extraterrestrials? It might have been, but no scientist would make such a claim. Scientific experiment is inherently, and rightly, skeptical. This isn't just a sour attitude; it's the only way to avoid routinely fooling yourself. So until and unless the cosmic beep measured in Ohio is found again, the Wow signal will remain a What signal." (Shostak, 2002). Disons qu'on a une expérience avec des hypothèses des départ, et une observation qui colle avec tout ça... mais une seule observation qu'on a pas réussi à répliquer. Scientifiquement, pas grand chose.
Addendum, j'ai pas tout compris...
... mais ça me semble assez intéressant : "We note that the Wow frequency given by Kraus corresponds to the frequency of the peak H i emission found in our observations: both were some 20 kHz below the LSR, implying a radial velocity of approximately 4 km ss a 2%chance that any detection would fall in the channel corresponding to the Hi peak." (Gray & Ellingson, 2002 : 971).
Photo complète de la fiche de données : http://www.bigear.org/Wow30th/WowL.jpg
Quelques sources :
- Alexander A. (2001). "The "Wow!" Signal Still Eludes Detection", The Planetary Society News, accès web au 02.04.12, url : http://www.planetary.org/news/2001/0117_The_Wow_Signal_Still_Eludes.html
- CTA-102 sur Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/CTA-102
- Ehman J. R. (1997). "The Big Ear Wow! Signal. What we know and don't know about it after 20 years", Site BigEar.org, accès web au 02.04.12, url : http://www.bigear.org/wow20th.htm
- Ehman J. R. (2007). "The Big Ear Wow! Signal, 30th Anniversary Report", site BigEar.org, accès web au 02.04.12, url : http://www.bigear.org/Wow30th/wow30th.htm
- Gray R. H. (2011). The Elusive Wow: Searching for Extraterrestrial Intelligence, Chicago : Palmer Square Press.
- Gray R. H. & Ellingson S. (2002). "A Search for periodic Emissions at the Wow Locale", The Astrophysical Journal, 578 : 967-971, url au 02.04.12 : http://www.bigear.org/Gray-Ellingsen.pdf
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