Désolé pour le déterrage de sujet, mais je pense que cela en vaut la peine.
Je suis tombé hier soir sur le reportage de 2012 de la chaîne National Geographic intitulé "les OVNI envahissent l'Europe" et dans lequel une large partie était consacrée à cette observation.
Comme la très grande majorité d'entre vous, je connais ce cas de réputation, mais sans jamais avoir eu ni le temps ni l'intérêt de m'y pencher un peu plus.
Cependant, lorsque j'ai entendu la description qui en est faite, à la fois dans l'émission, par le Cdt Duboc lui-même, mais également rapportée par l'enquête du SEPRA à l'époque...
- "couleur rouge brunâtre, marron"
- "contours flous"
- "grandes dimensions"
- "évolution vers une forme de chevron"
- "l'objet passe non loin de l'avion, en-dessous de lui"
- "au-dessus de Paris"
- "altitude FL 350 (35000 pieds), soit 10500 m"
- "distance à l'avion semblant se maintenir, d'environ 45 km"
- "apparaît stationnaire et disparaît une fois dépassé par l'avion, comme s'il se "dématérialisait"."
- "observation ayant duré environ une à deux minutes"
... je n'ai pu m'empêcher de penser à une hypothèse qui, sauf erreur de ma part, n'a été évoquée nulle part, celle de l'observation d'une formation nuageuse temporaire provoquée par la présence en altitude d'une couche d'inversion de subsidence.
Ce type d'inversion de température se produit en conditions anticycloniques, ce qui était le cas le jour de l'observation, avec un puissant anticyclone positionné sur l'ouest de la France et une pression atmosphérique au sol de 1029hPa sur Paris, avec des valeurs exceptionnellement hautes sur l'ouest :

L'air dans l'anticyclone descend depuis la troposphère vers le sol, se comprime et s'échauffe. Il peut arriver que les couches d'air inférieures soient plus froides que cet air descendant échauffé, nous sommes donc en présence d'une inversion de température, qui se produit généralement entre le sol et 5 km d'altitude.
Lorsque cette inversion se produit au-dessus d'une zone à forte concentration urbaine, comme Paris (et l'observation du phénomène était justement orientée vers Paris), les poussières, particules de polluants s'accumulent en altitude et se retrouvent "coincés" dans la couche d'inversion, pouvant former ainsi une concentration locale devenant visible, d'autant plus si une certaine humidité est présente, favorable à la condensation et donc à la création dans le même temps de nuages, dont les gouttelettes agglomérent à ces particules de polluants et de poussières.

Par chance, il se trouve que les données des émagrammes sont présentes et consultables pour Trappes, non loin de Paris, à 12 heures UTC, soit très peu de temps avant l'heure de l'observation. Nous pouvons aussi consulter les données archivées de Météo France dans sa publithèque, en particulier en ce qui concerne la nébulosité relevée par célométre au-dessus des stations de Melun et de Paris:

Nous notons la présence d'une couche nuageuse recouvrant 3 à 4/8 octats du ciel à une altitude de 900 m. Les nuages en question sont des cumulus (type 8 en C1).
Cette couche nuageuse est également visible en "1" sur l'émagramme, les deux lignes représentant la température à l'air libre en fonction de la pression atmosphérique (et donc de l'altitude; la plus à droite) et la température dite "du thermomètre mouillé" ou humidité de l'air, étant très proches.
Ce qu'il est intéressant de noter pour ce cas, est la présence entre environ 3000 et 4000 m d'altitude (en "2" sur l'émagramme) de deux inversions successives bien marquées, avec un gradient d'environ 10°C à chaque fois. Celui du bas, aux alentours de 3000 m d'altitude est propice à la formation de nuages, généralement des altocumulus ou altostratus à cette altitude, et en tous les cas à faible développement vertical.

Le nuage de type altostratus est de type moyen, évoluant entre 2000 et 5000 m d'altitude, stratiforme et aux limites difficilement discernables.
La présence d'altocumulus a bien été notée par l'équipage de l'avion, mais ils n'ont probablement pas pu/su reconnaître un autre type de nuage isolé, mais pouvant toutefois être de grande taille, au-dessus de la région parisienne, et formé à la fois de gouttelettes d'eau et (à forte concentration) de polluants et de poussières issus de l'activité Parisienne, et se trouvant temporairement "coincé" à une altitude d'environ 3000 m, à la base de la couche d'inversion. Le nuage emprisonnant ces particules polluantes prend une teinte plus foncée, ce qui participe au fait que l'équipage n'ait pas pu le reconnaître comme tel, un tel phénomène étant certainement rare.
Le changement de forme et la dissipation rapide du phénomène s'expliquent respectivement par le propre mouvement de l'avion et le changement de perspective, et par la présence en altitude ("3" sur l'émagramme) d'un vent fort à 3000 m (45 nœuds / 83 km/h).
Quelques interrogations subsistent toutefois relativement à cette hypothèse, et en particulier:
- la grande différence d'altitude entre celle de l'avion au moment de l'observation et la position de la couche d'inversion (pratiquement 9000 m)
- si c'est bien le vent en altitude qui a dissipé la formation nuageuse/polluante, pourquoi ne l'a t-elle pas fait avant? En d'autres termes, si le vent était présent avec la même intensité avant l'observation, comment a t-il pu permettre quand même la formation de ce nuage particulier?