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L'évolution, mythes et idées reçues (par Zeke)

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Patrice

Patrice
Administration
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Zeke

Puisque l'étude des objets volants non identifiés semble s'occuper de génétique et d'évolution des espèces, en l'occurence la nôtre, je pense qu'il serait de bon ton de poster ici quelques articles faisant état de nos connaissances actuelles sur l'histoire de notre lignée et sur les mécanismes d'évolution du vivant, quitte à bousculer quelque peu certaines idées reçu.

Citation:
Quatre mythes courants à propos de l’évolution

Près de 150 ans après la publication de « l’origine des espèces » de Darwin, la théorie de l’évolution reste mal comprise par le grand public. L’évolution n’est pas une théorie de pointe ; elle n’est pas difficile à comprendre, et pourtant de récents sondages révèlent qu’environ la moitié des Américains croient que les humains ont été créés dans leur forme actuelle il y a quelques 10.000 ans (Brooks 2001, CBS 2004). Une même proportion rejette l’idée que les humains se sont développés à partir d’espèces animales antérieures (National science Board 2000).
Il est pourtant clairement prouvé qu’aucune espèce, y compris les humains, n’est sortie du néant. Chaque forme de vie a une histoire découlant d’une évolution, et ces histoires sont étroitement liées entre elles. Si nous ne comprenons pas cette évolution complexe, nous prendrons de mauvaises décisions sur notre avenir et celui d’autres espèces. Devons-nous modifier génétiquement l’espèce humaine ? Que deviendront nos ressources alimentaires ? Quels seront les effets du réchauffement global sur la biologie humaine ? Ces questions, et bien d’autres d’importance directe pour l’humanité, n’ont de réponse que si nous comprenons le processus de l’évolution.
En regardant comment l’évolution est décrite dans les médias destinés au grand public, nous sommes tombés sur de nombreux problèmes, le principal étant l’utilisation d’expressions inexactes. Dans le présent article nous examinons des phrases courantes : « l’évolution n’est qu’une théorie » ; « l’échelle du progrès » ; « les chaînons manquants » ; et enfin « seules les forts survivent ».
Ces expressions sont au mieux trompeuses, au pire carrément fausses. La plupart de ces phrases ont des racines anciennes, décrivant la biologie telle qu’on la comprenait il y a des siècles.


« L’évolution n’est qu’une théorie »
Avez-vous parfois entendu des gens critiquer l’évolution en proclamant que « c’est seulement une théorie » ? Le district scolaire du comté de Cobb en Géorgie fit exactement cela en demandant d’apposer sur les livres scolaires de biologie des autocollants déclarant : « L’évolution est une théorie, et non un fait, concernant l’origine des êtres vivants » [2]. Le problème que pose cette revendication réside dans deux usages distincts du mot « théorie ». Dans l’usage populaire, le mot renvoie à une supposition non fondée, comme quand quelqu’un émet une « théorie » prétendant que telle lumière mobile dans le ciel nocturne est un vaisseau spatial extra-terrestre. En revanche, quand des scientifiques utilisent le mot théorie, ils se réfèrent à une explication logique, testée, bien fondée, couvrant une grande variété de faits [3]. Dans ce sens la théorie de l’évolution est aussi solide que la théorie de la gravitation ou que d’autres modèles explicatifs en chimie ou en physique. Il est vrai que la plupart des preuves de l’évolution ne sont pas obtenues par des expériences de laboratoire, comme en chimie ou en physique ; mais on peut en dire autant sur la géologie et la cosmologie.
Un géologue ne peut remonter le temps pour observer en direct la formation de la croûte terrestre ; un cosmologiste ne peut être témoin de l’effondrement d’une étoile en trou noir. Mais cela ne signifie pas que les théories scientifiques de ces phénomènes ne sont que des suppositions sans bases fermes. Certaines théories scientifiques rendent mieux compte des faits que d’autres ; en biologie, il n’existe pas de théorie concurrente ayant plus de pouvoir explicatif que l’évolution. Le biologiste Théodose Dobjansky l’a exprimé au mieux quand il dit : « Rien en biologie n’a de sens si on ne l’éclaire pas par l’évolution ».
Bien des gens confondent la théorie de l’évolution avec le lamarckisme, ainsi nommé d’après le naturaliste français Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829). En un sens Lamarck était évolutionniste, car il pensait que les espèces nouvelles avaient évolué à partir d’espèces anciennes ; mais il se trompait sur le mécanisme de ces transformations et sur le temps nécessaire pour ces changements. Lamarck pensait que le mécanisme du changement biologique était la transmission, à la génération suivante, de caractères acquis pendant la vie d’un individu. Son exemple le plus connu et celui de la girafe. Selon Lamarck, les ancêtres de la girafe avaient des cous plus courts et les étiraient pour atteindre des feuilles placées en hauteur dans les arbres. Leurs descendants auraient des cous plus longs car les caractéristiques des cous étirés de leurs parents leur étaient transmises. De plus, Lamarck pensait que l’évolution vers une nouvelle espèce pouvait se faire en peu de générations, peut-être même en une seule. Sa position était raisonnable en son temps, mais il s’avère qu’elle est incorrecte.
Car les caractères acquis ne se transmettent pas [4]. Si vous perdez un bras dans un accident, votre descendance ne naîtra pas avec un bras en moins. Si vous soulevez des poids pour augmenter votre masse musculaire, vous ne transmettrez pas de plus gros muscles à votre descendance. Les Juifs pratiquent la circoncision depuis des centaines de générations, et ce caractère acquis n’est pas dans l’héritage biologique.
La position de la théorie évolutionniste moderne (néodarwinisme [5]) est que quelques ancêtres des girafes avaient des cous plus longs suite à des mutations survenues au hasard. Ces animaux bénéficiaient ainsi de nourritures que leurs congénères ne pouvaient atteindre, avaient de ce fait une meilleure santé, vivaient plus longtemps et avaient donc plus de possibilités de s’accoupler et de transmettre à leur descendance des gènes gouvernant un cou plus long. Beaucoup de changements marginaux, sur une longue période, sont nécessaires pour qu’apparaisse une nouvelle espèce, ou du moins des girafes à long cou.
L’évolution des girafes (ou d’autres formes de vie) ne doit pas être considéré comme un processus isolé. Il y a au moins trois processus indépendants qui, quand on les considère ensemble, forment notre idée de l’évolution : ce sont la réplication, la variation, et la sélection. La réplication est pour l’essentiel la reproduction. La variation est liée aux changements aléatoires, par exemple les mutations, se produisant dans la descendance, la rendant différente de leurs parents. La sélection est le processus par lequel des individus mieux adaptés à leur environnement ont tendance à être les seuls à survivre, et donc à transmettre leurs gènes. Ces trois processus se produisent continuellement dans la nature, et nous appelons évolution leur effet cumulatif.
Si une théorie scientifique entièrement nouvelle, ayant un meilleur pouvoir explicatif, était émise, alors le néodarwinisme serait balayé comme le lamarckisme l’a été. Ni le créationnisme ni l’« intelligent design » ne peuvent être acceptés comme théories scientifiques concurrentes, car ils ne sont pas scientifiques. Ils ne proposent pas d’explication naturelle des phénomènes biologiques, mais plutôt des explication surnaturelles qui ne peuvent être testées scientifiquement. Le néodarwinisme offre une explication naturelle rendant compte des faits liés à l’évolution et rejette les explications surnaturelles.
En discutant la théorie de l’évolution il faut comprendre pourquoi il est trompeur de prétendre que l’évolution est seulement une théorie. L’évolution est en effet une théorie, mais c’est une théorie largement prouvée, et avec plus de pouvoir explicatif qu’aucune théorie biologique concurrente.


L’échelle du progrès
Le mot évolution est parfois utilisé dans le sens de progrès. On parle d’évolution morale à propos de certains changements culturels ayant conduit à une amélioration, telle la reconnaissance accrue des droits des femmes. Ou bien on parle d’évolution technologique en comparant les techniques actuelles à celles des chasseurs-cueilleurs. Cet emploi du mot évolution implique un développement progressif vers des étapes meilleures ou plus évoluées. C’est ce sens non biologique de l’évolution qui influence les gens et les amène à croire que l’évolution biologique implique un progrès qui serait comme une échelle conduisant des états inférieurs vers des états supérieurs.
L’idée d’une échelle évolutive du progrès trouve ses racines dans des concepts, issus de la Grèce classique ou de l’Europe médiévale, sur la nature de l’Univers. La concrétisation la plus commune de ces concepts est « la grande chaîne du vivant », très influente en Europe du quinzième au dix-huitième siècle. L’idée de base est que Dieu et sa création forment une hiérarchie ordonnée allant des choses les moins parfaites, situées en bas de la chaîne, jusqu’aux plus parfaites, situées au sommet, c’est-à-dire Dieu lui-même. En simplifiant, le rangement du bas vers le haut est le suivant : les roches et minéraux, les plantes, les animaux, l’Homme, les anges, Dieu.
Le schéma de « la grande chaîne du vivant » n’était pas établi en pensant à l’évolution, car l’idée de l’époque était que Dieu créa toutes les espèces sous leur forme actuelle, il y a longtemps. « La grande chaîne du vivant » est en fait une méthode de classification. Cette idée commença à perdre du soutien avant la révolution darwinienne et les idées de Darwin et leurs améliorations ultérieures finirent par rompre les liens de la « grande chaîne du vivant ».
La compréhension biologique moderne de l’évolution n’implique pas un progrès vers un but élevé que la vie s’efforcerait d’atteindre [6]. Les mutations génétiques arrivent au hasard.
Une étude de l’ADN des pinsons de Darwin dans les îles Galapagos (Perren et al 1995) donne un bon exemple des raisons pour lesquelles l’idée de progrès est sans signification par rapport à l’évolution. Les résultats de l’étude suggèrent que les premiers pinsons arrivés sur les îles étaient les pinsons de Warbler (Certidea olivacea), dont les becs pointus en faisaient de bons mangeurs d’insectes. De nombreux autres pinsons évoluèrent plus tard à partir des pinsons de Warbler. L’un d’eux est le Geospiza, pinson terrestre, dont le bec large est bon pour écraser des graines ; un autre est le Camarhynchus, pinson arboricole, avec son bec émoussé bien adapté pour déchirer la végétation.
Bien que les pinsons mangeant des graines ou de la végétation aient évolué à partir des pinsons insectivores, ils ne sont pas « plus évolués » que leur ancêtre, ni « supérieurs » sur quelque échelle évolutive. Comme l’évolution des pinsons des îles Galapagos était gouvernée à la base par le régime alimentaire, les pinsons terrestres devinrent plus adaptés à vivre de graines, les pinsons arboricoles à vivre de végétation et les pinsons de Warbler à vivre d’insectes. Si les graines devaient se raréfier sur les îles Galapagos, on peut concevoir que les pinsons granivores, qui sont l’espèce la plus récente, iraient vers l’extinction, alors que les pinsons insectivores, qui étaient là depuis plus longtemps, continueraient à prospérer. Les concepts de « plus élevé » ou « moins élevé » ne s’appliquent pas aux pinsons des îles Galapagos, ni nulle part ailleurs dans l’évolution. Ce qui compte c’est l’adaptation ou l’adaptabilité à l’environnement. Les espèces ne peuvent prévoir l’avenir pour s’adapter délibérément aux changements d’environnement ; si celui-ci change radicalement, les adaptations autrefois favorables se révèlent nuisibles.
Bien que les biologistes rejettent « la grande chaîne du vivant », de même que toute autre explication similaire de l’évolution par une échelle de progrès, l’idée persiste encore dans la culture populaire. Une analogie plus exacte serait celle d’un buisson dont les branches partent dans toutes les directions. Si nous regardons ainsi l’évolution, nous serons moins égarés par l’idée de progrès, car les branches d’un buisson croissent dans des directions variables dans les trois dimensions ; de nouvelles branches peuvent sortir de branches plus anciennes, et cela n’implique pas que celles qui sont plus loin du tronc soient meilleures ni plus avancées que celles plus proches du tronc. Une branche plus récente issue d’une branche antérieure, comme une espèce évoluée à partir d’une espèce antérieure, n’indique pas un plus grand progrès ou avancement. C’est plutôt une pousse nouvelle et différente du buisson, ou, plus précisément, une nouvelle espèce suffisamment adaptée à son environnement pour pouvoir survivre.

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Patrice

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[quote]Le chaînon manquant
« Des fossiles pourraient être le "chaînon manquant” des humains », annonçait le Washington Post le 22 avril 1999. L’histoire évoque des fossiles découverts en Éthiopie... « qui pourraient être le prédécesseur longtemps cherché des êtres humains ». Mais près de cinquante ans plus tôt, le paléontologiste Robert Broom publiait Finding the missing link [7], qui relatait sa découverte d’« hommes-singes » fossiles dans des grottes en Afrique du Sud. Et depuis 1950 on a continuellement annoncé la découverte de « chaînons manquants ». Que se passe-t-il ? Comment se fait-il que ce « chaînon manquant » ait été découvert de façon répétée ?
Le problème réside dans une fausse métaphore. Quand nous disons « chaînon manquant », nous évoquons une chaîne métaphorique, un ensemble de chaînons s’étendant loin en arrière dans le temps. Chaque chaînon représente une seule espèce, une seule variété de vie. Comme chaque chaînon est connecté à deux autres chaînons, il est lié de façon intime aux formes passées et futures. Si l’on casse un de ces liens, les morceaux de la chaîne se séparent, et la relation est perdue. Mais, si l’on retrouve le chaînon perdu, on reconstruit la chaîne, on rassemble les morceaux séparés. Une raison importante de l’attractivité de cette métaphore est qu’elle permet de mettre en spectacle la recherche toujours recommencée du fameux chaînon manquant.


« En réalisant que l’homme descendait du singe, on imaginait des hypothèses, des chimères, appelées « chaînons manquants », moitié grand singes, moitié hommes. Aujourd’hui, nous avons abandonné ce concept au profit de celui de « dernier ancêtre commun », qui désigne l’espèce ancestrale à partir de laquelle la lignée qui va donner naissance aux hommes se sépare de celle des chimpanzés. [...] D’ailleurs, les initiales du dernier ancêtre commun sont DAC, ce qui me remémore Pierre Dac, selon lequel “le chaînon manquant entre le singe et l’homme, c’est nous !” Il n’avait pas tort... »
Pascal Picq, dans un débat sur le site de forumevents
Mais la métaphore est aussi trompeuse qu’attractive. Concevoir chaque espèce comme un chaînon dans la grande chaîne de la vie remonte à une époque où la biologie était surtout une typologie ; la « fixité » des espèces, l’idée qu’elles ne changeaient jamais, était le paradigme dominant. John Ray (1627-1705) et Carolus Linnaeus (1707-1797) (généralement appelé Linné en France NDT), qui étaient les architectes de la classification biologique et qui ne croyaient pas à l’évolution, décrivaient l’ordre des espèces vivantes, et pensaient que cet ordre était établi par Dieu. Ray suggérait que la fonction, voulue par la divinité, des insectes piqueurs était de tourmenter les damnés. Mais alors que les liens d’une chaîne sont détachés, ne changent jamais et sont aisément définis, il n’en est pas de même dans les groupes de formes de vie [8]. Nous définissons en général une espèce comme un groupe interfécond qui ne peut pas se reproduire avec un autre groupe. Mais comme les espèces ne sont pas fixes (elles changent au cours du temps), il devient délicat de savoir où finit une espèce et où commence une autre. Pour ces raisons, beaucoup de biologistes contemporains préfèrent une métaphore du continu, évoquant un passage flou et dégradé d’une espèce à l’autre [9]. La vie n’est pas organisée en chaînons, mais en formes floues. La chaîne métaphorique est bien moins solide que ce que l’on pourrait croire.
En fait, la métaphore de la chaîne est fausse. Elle représente la biologie des siècles passés, non celle de l’époque actuelle. Le mythe subsiste par commodité ; il est plus facile de se représenter les espèces comme des types, avec des caractères bien séparés, que d’imaginer un passage progressif entre elles. Nous apprenons à l’école les caractères spécifiques des plantes et animaux ; ce n’est pas en soi un problème, mais cela nous masque le fait que ces caractéristiques changent dans le temps.
Il est clair que l’article du Post et le livre de Broom décrivent la découverte des australopithèques, des hominidés africains qui vécurent il y a plus de 3 millions d’années. Ils étaient bipèdes, comme les hommes actuels, mais avaient des grandes dents et un petit cerveau, comme les chimpanzés. Ils avaient des outils rudimentaires en pierre, plus complexes que les bâtons utilisés par les chimpanzés pour tester les termitières, mais bien moins complexes que les outils analogues fabriqués par les premiers membres de notre espèce Homo. En termes d’anatomie et de comportement, certains australopithèques paraissent vraiment « à demi humains ». De plus, on croit largement que le premier Homo descendrait de quelque variété tardive d’australopithèque. Broom et le Post avaient raison après tout : un « chaînon manquant » avait été trouvé, c’était Australopithecus [10]. Mais il y avait de nombreuses variétés d’Australopithecus et d’Homo, on ne sait pas tracer une ligne entre le dernier Australopithecus et le premier Homo. Il est donc plus correct de dire que nous avons trouvé quelque intermédiaire flou plutôt que le « chaînon manquant » [11]
Nous pouvons venir à bout de la fausse métaphore en changeant de vocabulaire. En classe, dans les livres scolaires, dans les discussions avec nos étudiants et dans les communiqués de presse (lien critique entre le monde de la recherche et le grand public), nous devons dire que nous cherchons un chaînon manquant et non le chaînon manquant. Mieux encore, nous devons remplacer l’expression toute faite de « chaînon manquant » par quelque chose de plus exact.


Seuls les plus forts survivent
Il y a environ un million d’années, un singe si grand qu’on l’a appelé Gigantopithecus hantait les forêts de bambous de l’Asie du Sud. Mesurant près de 3 mètres, pesant de 300 à 500 kilos, avec une mâchoire faite pour écraser les bambous et grande comme une boîte à lettres, c’était vraiment une créature forte. Mais il n’en reste que quelques dents et mâchoires dans les réserves des musées.
Si seuls les forts survivent, comment se fait-il que les premiers Homo aient survécu, alors que ces bipèdes protohumains coexistaient avec Gigantopithecus, deux fois plus gros ? Le moindre conflit aurait conduit à ce que la suprématie physique du super-singe mette fin au combat.
Les géants d’hier peuvent devenir les pièces de musée d’aujourd’hui. Comment est-ce possible si seuls les forts survivent ? Comment se fait-il que les humains dominent maintenant la Terre, alors que dépouillés d’outils et de culture, ce sont les plus vulnérables des animaux ?
La réponse évidente est qu’il y a plusieurs manières d’évaluer la force. Le muscle est une mesure, le cerveau en est une autre. Mais cette distinction est souvent perdue de vue dans la culture populaire. Quand nous disons « le fort » ou même « le plus adapté », la plupart des gens pensent immédiatement à des compétitions entre individus. On imagine ces individus se battant dans quelque arène de l’évolution, où ils combattent pour la survie ou l’accouplement. Les plus forts survivent, transmettent leurs gènes, et propagent leur lignée. Le perdant, et toute sa lignée, s’éteindront.
Mais cette notion de combat unique dans une arène de compétition unique est trop simple. Dans la réalité, il y a des dizaines d’arènes, des dizaines de problèmes auxquels un organisme doit faire face dans sa vie. Peut-être la compétition directe avec d’autres individus est-elle l’une de ces arènes, mais chaque jour les individus sont chassés d’une arène vers une autre. Si la rivière s’assèche, c’est l’arène de l’économie de l’eau. Si la température chute, vous êtes poussés vers l’arène de la conservation de la chaleur. Si les propriétés de la végétation que vous mangez commencent à changer, vous êtes maintenant dans l’arène de la versatilité métabolique.
En bref, la survie est bien plus complexe que ce qu’implique le concept d’une arène unique où combattraient les individus. Les formes de vie luttent contre un large ensemble de facteurs, et souvent contre plusieurs facteurs simultanément.. En biologie, ces facteurs sont appelés pressions sélectives.
Les pressions sélectives changent elles aussi. Une certaine pression sélective peut être très contraignante pendant une période, modelant ainsi le cours de l’évolution ; mais ensuite la pression peut diminuer et un autre souci peut devenir prépondérant. Et comme l’environnement change tout le temps, aucune espèce ne peut savoir quelles seront les pressions sélectives à affronter dans l’avenir. En fait, une telle anticipation consciente du futur est exclue pour la plupart des espèces (les daims auraient-ils pu anticiper l’invention du fusil ?), et l’évolution est uniquement réactive, modelant les espèces en fonction des environnements passés et présents, mais ne « regardant » jamais vers l’avenir [12].
Nous, les humains, comme toutes les formes de vie, existons et luttons non dans une seule arène, mais dans une immense toile de pressions sélectives d’une incompréhensible complexité et toujours changeantes. La survie est bien plus importante que de battre simplement vos pairs immédiats.
Pourquoi persiste le mythe d’une arène de l’évolution où se déroulent des combats singuliers ? La réponse est probablement mêlée avec des valeurs individualistes issues de la Renaissance, trop complexes pour être examinées ici [13], mais il y a un lien clair avec le darwinisme social du 19e siècle. Les darwinistes sociaux greffèrent les idées de base de l’évolution biologique darwinienne sur la société humaine et l’économie. Pour eux, le progrès ne pouvait résulter que de l’élimination d’imperfections humaines, et cela pouvait être atteint au mieux par la compétition. Cette compétition, résumée par le terme d’Herbert Spencer « la survie du plus apte », était supposée signifier la compétition entre individus. Il est significatif que les programmes de téléréalité soient liés à cette métaphore, pour laquelle le concept de survie par la compétition individuelle sans pitié est central.
Le meilleur moyen de vaincre ce mythe est d’enseigner que la force brute ne garantit pas le succès à long terme. En fait, aucune caractéristique isolée ne le garantit. Il est plus important de montrer pourquoi il n’y a pas de clé
unique pour le succès à long terme, car nous ignorons comment notre environnement sélectif va changer. Pour l’humanité, alors, le seul espoir de succès, de survie, est de rester flexibles et adaptables. La vraie force est dans l’adaptabilité, qui résulte des variations génétiques et cognitives.


Conclusion
L’image de l’évolution qui serait fondée sur les mythes communs que nous avons décrits est une mosaïque de confusions. Il est très important de porter remède à ces confusions, car la manière dont nous pensons à nous-mêmes, et à tout autre espèce terrestre, est directement liée à la manière dont nous comprenons l’évolution. Nous pouvons nous voir comme séparés du monde naturel, qui serait un simple théâtre de notre évolution [14], ou au contraire comme l’une des nombreuses espèces coévoluant sur la Terre. Nous risquons de nous obstiner dans la première voie si nous continuons à décrire l’évolution en des termes incorrects ou obsolètes. La seconde voie, qui est correcte, serait renforcée par un meilleur usage du langage, et en admettant que nous avons amélioré nos connaissances en biologie depuis 150 ans.
Pour faire avancer cette nouvelle vision, il faut développer un usage plus précis du langage et des métaphores, afin d’expliquer précisément ce qu’est l’évolution et comment elle se produit.



http://www.pseudo-sciences.org/article.php3?id_article=501quote]

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Patrice

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Venom

Pour ceux qui ont un excellent niveau d'anglais, je conseille le podcast: evolution101.

http://www.drzach.net/podcast.htm

C'est un des meilleurs podcasts scientifiques que j'ai eu l'occasion d'écouter jusqu'à maintenant. Je suis fan (Dr Zach produit aussi un autre tout aussi excellent podcast "Apologia" qui propose un débat constructif entre des athées et des théistes).

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Patrice

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Zeke

Citation:
"L'évolution n'est orientée ni vers le mieux, ni vers la complexité"
Quelle et l'idée reçue la plus fausse associée à la sélection naturelle ?
A mon avis, l'idée selon laquelle l'évolution est un progrès est la pire. Car derrière progrès il y a direction. Or, l'évolution n'est pas orientée, ni vers le mieux, ni vers la complexité.

Pourtant, la sélection naturelle sélectionne les "meilleurs"…
Oui, mais cette sélection des meilleurs est circonstanciée, associée à un milieu donné et à des conditions particulières. Le "meilleur", ou le plus adapté, à un instant ne l'est pas forcément à l'instant suivant.

De plus, l'évolution vers la complexité ne rend compte que d'une seule partie du processus évolutif. Les bactéries fournissent un parfait contre exemple : ces organismes simples dominent la biosphère depuis 3,5 milliards d'années !

D'ailleurs, si l'évolution tendait vers le mieux, comment rendre compte des disparitions ? Quand on parle d'évolution, on pense "création", alors que le tiers des groupes de mammifères qui ont vécu sur Terre ont disparu aujourd'hui. L'histoire de la vie a montré beaucoup plus de disparitions que d'apparitions. C'est un sujet peu connu et sous estimé alors qu'il est majeur.


Justement, comment expliquer ces disparitions ?
Pour qu'une espèce disparaisse, il faut qu'il se produise des changements géographiques et climatiques. Pour l'extinction des dinosaures, par exemple, on évoque la chute d'une météorite géante, et le volcanisme. Mais cela n'explique pas réellement pourquoi un groupe entier a disparu.

Il y aurait également des "forces internes" qui condamnent les espèces. Une faible diversité génétique et beaucoup de consanguinité conduisent à une accumulation de gènes délétères. Cela se produit lorsqu'il n'y a pas de flux migratoires entre les populations. Dès lors, ces populations deviennent très vulnérables aux variations du milieu et peuvent finir par s'éteindre. Nombreuses espèces se transforment en une d'autres espèces… Ainsi Homo erectus n'existe plus que par ses descendants actuels : Homo sapiens. De même, les dinosaures ont disparus mais pas les oiseaux qui en sont directement issus.


Ces nouvelles espèces, comment apparaissent elles ?
Une espèce est constituée d'individus qui peuvent se reproduire entre eux dans des conditions naturelles, et dont la descendance est viable. Pour qu'il y ait formation d'espèce ou spéciation, il faut un isolement reproductif. C'est-à-dire un obstacle à la reproduction entre plusieurs populations d'une espèce.
De nature géographique - populations séparées par un océan -, comportementale - les populations ne vivent pas aux mêmes heures de la journée - ou génétique - des mutations rendent les populations incompatibles -, cet isolement crée une barrière reproductive.
"La faible diversité génétique et la consanguinité peuvent expliquer pourquoi des populations deviennent très vulnérables"

Et ensuite ?
Plus le temps passe, plus les gènes des populations isolées divergent, le matériel génétique n'étant pas stable. Au bout de plusieurs générations, elles peuvent devenir séparées et ne peuvent plus se reproduire entre elles, même en laboratoire. Elles sont devenues des espèces différentes.

On a identifié certains gènes de la spéciation, depuis quelques années. Ils sont responsables de l'isolement sexuel car ils sont par exemple impliqués dans la fabrication des spermatozoïdes. Leur découverte est une grande révolution ! On commence à pouvoir répondre à de vieilles questions à l'aide de mécanismes génétiques et à "l'évo-dévo", une nouvelle discipline qui mêle génétique et embryologie.

Comment expliquer l'apparition d'espèces si différentes ?
Entre les quatre pattes du chat, les ailes des oiseaux et les nageoires de poissons, quelle diversité de membres chez les vertébrés ! L'apparition d'une nouvelle forme serait due à une accumulation de différences dans les gènes du développement qui contrôlent ces formes. La croissance des membres, par exemple, est sous leur contrôle.

Ainsi, en agissant sur ces gènes "architectes" des souris, on peut faire varier leur nombre de doigts, ou créer des pattes sans radius ou sans cubitus. Pour mieux comprendre l'apparition de nouvelles formes, il faut étudier les divergences d'espèces proches. Entre un homme et un poisson, lignées trop différentes, c'est chercher une aiguille dans une botte de foin.
"L'apparition d'une nouvelle forme serait liée à une accumulation de différences dans des gènes architectes"
Les espèces domestiquées ne pourraient-elles pas servir vos recherches?
On étudie le maïs et le chien. Mais on a négligé les espèces domestiquées alors qu'elles constituent un réservoir d'exemples. D'autant qu'il persiste chez les animaux domestiqués, la forme ancestrale, sauvage, qui côtoie la nouvelle, espèce sélectionnée, ce qui n'est pas le cas pour les espèces non domestiquées.



Toutes les espèces sont-elles destinées à changer ?
D'abord, elles peuvent changer à des vitesses variables qui dépendent des lignées. Et de plus, il y a souvent maintenance des formes: beaucoup d'espèces ne changent pas, ou peu sur de longues périodes de temps: les gènes mutent, tandis que les formes et les espèces restent très semblables, c'est le cas des bactéries et des "fossiles vivants", comme le ginkgo biloba.

Est-ce envisageable de voir apparaître une nouvelle lignée, et sous quelles conditions ?
Bien sûr. Avec un isolement reproductif et du temps. On le voit sur des espèces dont les générations sont courtes, et, par exemple, en étudiant la colonisation d'îles récemment créées par une éruption volcanique L'évolution, ce n'est pas que du passé. C'est aussi le changement permanent des êtres vivants qui se conjugue au présent.

François Bonneton est généticien du développement, plus précisément chercheur en évolution et structure des récepteurs nucléaires d'hormones. Maître de conférence à l'Université Lyon-1, et à l'ENS de Lyon, il travaille depuis 15 ans sur la génétique, l'évolution et le développement des insectes et, plus récemment, sur les déclencheurs de la métamorphose chez ces animaux.
Rédaction JDN

http://www.journaldunet.com/imprimer/science/biologie/interviews/05/interview-selection.shtml

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Merci zeke.
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Le Mensonge peut faire le tour de la Terre le temps que la Vérité lace ses chaussures

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Citation:


Extrait du livre
« Le miroir du monde »
de Cyrille Barrette




LES PREUVES DE L'ÉVOLUTION
Depuis Jean-Baptiste de Lamarck (1809), de plus en plus de scientifiques sont convaincus que l'évolution du monde vivant est un fait, c'est-à-dire que la vie a une histoire. Il n'y a aujourd'hui aucun biologiste raisonnable qui croit que la vie n'a pas d'histoire, c'est-à-dire que les espèces auraient été créées instantanément par une intervention surnaturelle. Essence du fait de l'évolution est que la vie a émergé imperceptiblement à partir de la matière non vivante et que, par la suite, les espèces se sont transformées et ont émergé les unes à partir des autres par un processus naturel. Même le pape a récemment reconnu ce fait (Jean-Paul II, 1997). Je veux souligner le fait de l'évolution, parce que le fait est souvent confondu avec la théorie. Malheureusement, le mot évolution veut dire au moins quatre choses différentes, trois qu'on considère comme valides et une qui ne l'est probablement pas. Évolution désigne un fait, mais aussi une théorie, puis un parcours, un cheminement particulier. Mais évolution signifie aussi amélioration. Ce dernier sens est sans doute utile dans le langage courant, mais à bannir du discours scientifique de la biologie de l'évolution. Nous en reparlerons plus loin.

Un mot d'abord sur notre relation avec la réalité. La condition humaine est telle que l'on ne peut être sûr de rien hors de tout doute. Il semble qu'on ne puisse échapper à ce doute métaphysique qui découle des limites inhérentes de notre cerveau et de notre raison. Mais si, à cause de ce doute, l'on refuse de considérer que l'évolution est un fait, il faudra également refuser de " croire " le fait que la terre est ronde, qu'elle tourne autour du soleil, que les continents dérivent, que l'eau est faite de deux gaz, que Napoléon a existé, etc. Nous sommes certains de la véracité de ces affirmations hors de tout doute raisonnable, et c'est amplement suffisant pour les considérer comme des faits. L'évolution de la vie est du même ordre.

Voici brièvement ce que les biologistes considèrent comme des preuves que l'évolution est un fait, hors de tout doute raisonnable. Les sept preuves que je vais présenter sont d'autant plus convaincantes qu'elles sont indépendantes les unes des autres ; elles ne sont pas sept façons de dire la même chose et, bien qu'elles soient indépendantes, elles pointent toutes dans la même direction, toutes affirment que l'évolution est un fait. En dehors du doute métaphysique, on ne peut pas espérer mieux que de posséder plusieurs preuves, indépendantes, arrivant à la même conclusion.

Pour résumer ce qui précède, voici ce que je réponds à qui affirme que l'évolution est seulement une théorie et qu'elle n'est même pas prouvée. D'abord, l'évolution n'est pas seulement une théorie, c'est aussi un fait. Ensuite, elle n'est pas prouvée hors de tout doute, mais aucune théorie ne peut l'être, même en physique. Par contre, elle est prouvée hors de tout doute raisonnable, et en ce sens elle est parmi les meilleures théories scientifiques, perfectible, mais très solide.

Une autre façon de considérer les faits présentés est de constater qu'ils sont inexplicables si on ne fait pas appel à l'évolution (Dobzhansky, 1973). En effet, l'évolution explique de nombreuses observations facilement, simplement et de manière très convaincante. De plus, la même idée d'évolution explique tous ces faits, bien qu'ils soient très disparates, concernant les molécules, l'anatomie ou la distribution géographique des espèces. C'est ce qui fait que l'évolution s'impose comme un fait indéniable. Je vais présenter comme des preuves des faits que nous pouvons voir avec nos yeux. Quand nous les interprétons, avec notre cerveau, ces faits nous parlent : ils nous disent que l'évolution est un fait.

LES PREUVES FOSSILES
Les fossiles sont très précieux parce qu'ils sont les seuls objets témoignant de l'existence de la vie passée. Cependant, ce n'est pas seulement l'existence des fossiles dans les roches qui constitue une preuve de l'évolution. En effet, on pourrait toujours dire que ces espèces fossiles ont été créées comme celles qui vivent actuellement, mais qu'elles sont simplement disparues aujourd'hui. Certains prétendent même que ces fossiles ont été créés directement dans les roches et n'ont jamais été vivants. Les fossiles démontrent l'évolution parce qu'en suivant une espèce animale quelconque, comme le cheval ou un escargot, on y voit à travers les couches géologiques successives, des plus profondes aux plus récentes, que la forme animale a changé un peu. On voit bien qu'il s'agit toujours d'un cheval, c'est la même forme générale, mais un peu modifiée ; par exemple, la troisième molaire supérieure est un peu plus grosse ou, dans le cas d'un mollusque, l'enroulement de la coquille est un peu plus serré. Donc, à mesure que le temps passe, le cheval est toujours un cheval, mais sa forme et sa taille ont changé, il a évolué. Et cela est vrai pour chacune des centaines de séquences de fossiles que l'on peut suivre sur une longue période.

Dans ces suites de fossiles, les formes intermédiaires, les " chaînons manquants " sont très importants. En effet, s'il est vrai que la vie a une histoire et que les fossiles en sont la trace, on peut alors faire des prédictions sur les caractères de ces formes intermédiaires qu'on ne connaît pas encore. Or en science, rien n'est plus convaincant que voir une prédiction confirmée. Une science qui énonce et confirme des prédictions est très robuste. En paléontologie, chaque fois qu'une telle prédiction est confirmée par l'observation, c'est-à-dire par la découverte d'un nouveau fossile jusque-là " manquant ", elle constitue une preuve de plus que l'évolution est un fait.

Voici un exemple récent concernant l'évolution des baleines. Depuis très longtemps, les biologistes affirment que les baleines actuelles sont issues de mammifères terrestres. Or, ces derniers ont quatre pattes, alors que les baleines n'ont pas de pattes arrière. Entre les deux on n'avait jamais observé de formes intermédiaires, il y avait là un trou, un " chaînon manquant ". S'il est vrai que les baleines sont le produit d'une évolution à partir de mammifères terrestres, on prédisait depuis longtemps qu'un jour, avec un peu de chance, on allait trouver des fossiles de baleines avec quatre pattes dans les couches géologiques d'environ 45 millions d'années. C'était une prédiction risquée, parce que la ressemblance entre une baleine et un ours, par exemple, sur le plan de la locomotion, est pour le moins très faible. Comme c'est une prédiction risquée, si elle est confirmée, elle constituera une preuve d'autant plus forte.

Or, au cours des dix dernières années, on a trouvé, en Égypte et au Pakistan, plusieurs espèces de baleines (Basilosaurus, Dorudon) pourvues de petites pattes arrière. Si Basilosaurus et Dorudon avaient été créées au lieu d'être le fruit de l'évolution, elles n'auraient eu aucune raison d'avoir de petites pattes ridicules et inutiles pour la marche et même pour la nage.

Cette notion de " chaînon manquant " n'a de sens que s'il est question d'une chaîne, ou d'une suite de fossiles, d'une suite d'événements constituant une histoire. La prédiction de l'existence d'une espèce Y entre les espèces X et Z ne peut être énoncée que si la vie est une chaîne continue. Sinon, il n'y aurait aucune raison qu'ait existé, entre X et Z, une espèce dont les caractères seraient intermédiaires entre ceux de X et ceux de Z, comme une baleine avec des petites pattes ou un lézard avec des plumes à mi-chemin entre les reptiles et les oiseaux. On peut faire deux autres prédictions concernant les séries temporelles de fossiles. Dans une même série, deux fossiles se ressembleront d'autant plus qu'ils sont proches l'un de l'autre dans le temps, et une espèce actuelle ressemblera davantage à un fossile récent qu'à un fossile ancien dans la même série. Ces prédictions, confirmées à des milliers d'exemplaires dans les séries de fossiles connues, peuvent sembler banales et évidentes, mais si l'évolution n'était pas un fait, les fossiles n'auraient aucune raison de se conformer à ces prédictions, ils pourraient se retrouver dans n'importe quel ordre.

Donc, si on regarde une suite de fossiles avec une attitude raisonnable et rationnelle (c'est-à-dire avec sa raison), on doit conclure qu'elle représente l'évolution d'une forme animale. Comme on connaît des centaines de ces suites de fossiles, y compris dans notre propre lignée, il n'est pas extraordinaire de conclure qu'elles constituent une preuve convaincante que les espèces ont évolué ; c'est au contraire une conclusion très raisonnable.

LES PREUVES DE L'EMBRYOLOGIE
Repartons à zéro, faisons comme si nous ne connaissions rien des fossiles ou que nous n'étions pas du tout convaincus par l'histoire des fossiles, pour bien souligner que la preuve tirée de l'embryologie est bien indépendante de celle des fossiles. Même si chaque espèce avait été créée indépendamment et à partir de rien, il n'en demeure pas moins que chaque individu adulte n'apparaît pas comme par magie instantanément et complètement formé. La vie de chaque individu commence par une seule cellule, un ovule fécondé par un spermatozoïde, un zygote. Cette cellule se divise en deux, puis chacune de ces deux cellules se divise en deux, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'un adulte complet soit formé avec tous ses organes constitués de milliards de cellules de toutes sortes. Nous pouvons tous observer cela avec nos propres yeux. Ça ne s'est pas passé il y a des millions d'années comme pour les fossiles, ça se déroule sous nos yeux tous les jours.

Ce développement individuel (l'ontogenèse, par opposition à l'évolution ou phylogenèse) est d'ailleurs un des grands " mystères " de la vie : comment cette cellule unique avec son information encodée par la molécule d'ADN dans ses chromosomes devient-elle, sans aide extérieure, un individu entier fait de milliards de cellules de dizaines de formes et de fonctions différentes, organisées en un ensemble équilibré et intégré qui fonctionne si bien ? Ce mystère livre petit à petit ses secrets à mesure qu'avance la biologie du développement.

À mesure que l'embryon se développe, il change de forme, il ne peut pas faire autrement ; pour passer d'une seule cellule à un cheval adulte, par exemple, il faut que cette chose change de forme. Si chaque espèce avait été créée indépendamment et à partir de rien, on devrait s'attendre à ce que ce changement de forme d'un zygote à un cheval adulte suive un parcours tout à fait différent de celui d'un zygote d'une autre espèce, comme celui d'une morue adulte, dont la forme est très différente de celle du cheval ; il ne devrait y avoir aucune ressemblance entre les deux (figure 1). Autrement dit, à partir du début et à chacun des moments du développement de l'embryon de cheval, on devrait observer quelque chose comme un petit cheval qui se développe, et, dans le cas de la morue, on devrait voir une petite morue qui se développe. À part le fait que les deux embryons commencent leur existence individuelle par une seule cellule, leur développement ne devrait avoir presque rien en commun puisque les deux formes adultes sont très différentes.

FIGURE 1

Deux modèles du développement des embryons de deux espèces de vertébrés


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Au stade zygote, les deux espèces se ressemblent beaucoup dans leur forme dans les deux cas, l'individu n'est qu'une cellule. En A, le modèle représente l'" hypothèse " de la création : même très tôt dans leur développement (au stade 1), les deux embryons sont presque aussi différents l'un de l'autre que le seront les adultes qu'ils sont destinés à devenir. En B, le modèle représente l'évolution: même si les adultes sont très différents, les embryons qu'ils étaient se ressemblent énormément (aux stades 1 et 2). Ces ressemblances ne sont pas explicables en termes fonctionnels puisque les deux embryons se développent dans des conditions très différentes et deviennent des adultes très différents.



Or, le développement des deux embryons a beaucoup de points en commun (figure 2). Le plus frappant est probablement le fait que, à un certain stade de son développement, l'embryon de cheval présente des ébauches de fentes branchiales, comme chez la morue. Plus tard, ces structures disparaissent ou se transforment pour donner autre chose.

Aux fins d'illustration seulement, faisons comme s'il y avait deux explications possibles : la création et l'évolution (en fait, comme nous le verrons plus loin, ce ne sont pas deux hypothèses du même ordre, elles appartiennent aux discours de deux univers qui ne peuvent ni se compléter ni se faire compétition). Dans la première hypothèse, le Créateur a été capable de créer des formes adultes très différentes : morues, poules, tortues, chevaux et humains, mais en ce qui concerne leur développement, il a toujours utilisé le même chemin. Cette uniformité n'était certainement pas nécessaire : s'il était capable de créer des formes adultes aussi différentes que des morues et des chevaux, le Créateur aurait très bien pu créer des parcours de développement tout aussi différents. De plus, ce chemin n'est sûrement pas le plus efficace ; en effet, pourquoi faire passer le développement d'un cheval ou d'un humain par le stade des fentes branchiales, puisque celles-ci ne leur servent jamais à rien, ni aux embryons, ni aux adultes. C'est un détour inutile, nuisible, ni efficace ni élégant, et compliqué sans raison.

FIGURE 2

>> note importante << Les créationnistes prétendent que ces dessins sont faux

Transformation des embryons de vertébrés appartenant à cinq classes



On doit cette image classique de la littérature sur l'évolution à Heackel, un biologiste du 19e siècle. Elle représente, très schématiquement, la morphologie des embryons de cinq espèces de vertébrés appartenant à cinq classes différentes, des poissons osseux aux mammifères. Les stades successifs de leur développement embryonnaire pourraient correspondre aux stades 1, 2 et 3 de la figure 1-B. Tôt dans leur développement, les embryons acquièrent les caractères qu'ils ont en commun, ceux qu'ils ont hérités de leur ancêtre commun. À mesure que leur développement progresse, chacun acquiert les caractères qui sont propres à sa classe, puis à son espèce ; si bien qu'à la naissance (peu après le stade 3), ils ne se ressemblent plus du tout. (figure modifiée à partir de Strickberger, 1996).



Dans la seconde hypothèse, si on interprète les faits d'une manière raisonnable, on déduit que si les embryons de la morue, du cheval et de l'humain passent par un stade avec des ébauches de branchies, cela veut dire qu'ils ont évolué à partir d'un ancêtre commun, une sorte de poisson disparue. Les ébauches de branchies chez les embryons des chevaux, des humains et des oies sont une trace de leur histoire commune avec celle des morues, elles sont une preuve qu'ils ont tous évolué à partir d'un ancêtre commun qui avait des branchies. Le cheval et la morue sont deux branches distinctes aujourd'hui, mais si on remonte assez loin dans le passé, on va trouver qu'ils ont un ancêtre commun, ils sortent du même tronc, et les caractères qu'ils ont en commun au début de leur développement embryonnaire sont hérités de cet ancêtre commun : ils sont une preuve que ces deux espèces ont un ancêtre commun, qu'elles ont une histoire et que leurs histoires respectives ne sont pas parallèles ni indépendantes, mais divergentes à partir d'un point commun.

LA CURIEUSE EXISTENCE DES
ORGANES VESTIGIAUX
Chez les adultes, cette fois-ci, il existe des organes qui ne servent à rien, des modèles réduits et parfois déformés ou rabougris d'organes situés au même endroit chez d'autres formes, chez lesquelles ils servent une fonction. Par exemple, l'appendice et le coccyx chez l'humain, le bassin minuscule des baleines ou de certains serpents (figure 3). Notre coccyx est un vestige de la queue de nos ancêtres primates très lointains, notre appendice est un vestige du cæcum des mammifères herbivores chez qui il est un site de fermentation des plantes leur permettant de digérer la cellulose.

Encore ici, cette preuve est indépendante des deux autres, elle n'a aucun rapport avec les fossiles ni avec l'embryologie. L'existence de ce bassin et de ce fémur minuscules et rabougris chez les baleines ou chez les serpents indique que ces animaux ont évolué à partir d'ancêtres qui avaient des pattes. Si le cheval actuel avait été créé tout d'un coup et à partir de rien, pourquoi le Créateur lui aurait-il laissé de petits doigts latéraux réduits à des baguettes minces, immobiles et sans contact avec le sol ? Pourquoi avoir créé ces petits os inutiles, et justement à cet endroit ? Ils ne sont ni efficaces ni élégants. La seule explication raisonnable est que le cheval actuel, pourvu d'un seul doigt fonctionnel, a évolué à partir d'ancêtres à trois et à quatre doigts et que ces doigts latéraux n'existent maintenant qu'à l'état de vestige. Ces traces nous offrent un témoignage de cette histoire ; elles constituent une preuve qu'il y a vraiment eu une histoire.

FIGURE 3

Caractères vestigiaux chez le cheval et chez les baleines



Cette baleine actuelle, dont les ancêtres ont perdu depuis longtemps leurs membres postérieurs, en garde encore quelques vestiges qui représentent ce qu'étaient le bassin (pelvis) et le fémur (os de la cuisse) des ancêtres encore plus lointains qui étaient terrestres et quadrupèdes. Chez le cheval actuel, chaque membre est pourvu d'un seul sabot qui termine son unique doigt, le majeur ou doigt numéro 3. On observe, par contre, à chaque main et à chaque pied de petites baguettes osseuses qui sont des vestiges des doigts qui étaient complets et fonctionnels chez les ancêtres, (figure modifiée à partir de Luria, Gould et Singer, 1981).



LES PREUVES FOURNIES PAR
L'ANATOMIE COMPARÉE
Les comparaisons fines que l'on peut faire entre les espèces de vertébrés révèlent des ressemblances remarquables. Un exemple éloquent est le squelette des membres de divers vertébrés, par exemple l'aile d'une chauve-souris, le bras d'un humain, la nageoire d'une baleine et la patte d'une grenouille (figure 4). Ces ressemblances remarquables au niveau du squelette, bien que la forme et la fonction des membres varient énormément, constituent une preuve que toutes ces espèces ont évolué à partir d'un ancêtre commun qui leur a donné en héritage la même structure squelettique de leurs membres.
Faisons encore comme si la création était une hypothèse alternative à l'évolution. Si le Créateur avait voulu construire la meilleure nageoire pour nager, la meilleure patte pour creuser ou courir, la meilleure aile pour voler et le meilleur bras pour lancer une balle ou écrire, pourquoi se serait-il astreint à n'utiliser que les mêmes os, dans le même ordre, se forçant ainsi à les déformer et à les tordre de façon aussi extrême ? C'est comme si Francis Cabrel s'était astreint à composer toutes ses chansons avec les mêmes sept ou huit mots toujours dans le même ordre, n'en modifiant que l'accent.

FIGURE 4

Homologie du squelette du bras de sept vertébrés



Peu importe la taille du membre, sa forme ou sa fonction, son squelette est presque exactement le même. Dans tous les cas, que ce soit la patte d'une grenouille ou le bras d'un humain, le squelette est constitué des mêmes os, placés dans le même ordre. ÇA: carpes, l'ensemble des petits os du poignet, CU: cubitus, HU: humérus, RA: radius, 1 : pouce ou doigt numéro 1. (Ces membres ne sont pas dessinés à la même échelle ; ainsi, celui d'une baleine peut être jusqu'à 200 fois plus long que celui d'une chauve-souris.) (figure modifiée à partir de Strickberger, 1996)

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Suite et fin

La nageoire des baleines est particulièrement exemplaire. Le squelette de mon bras est fait de trente os, qui constituent dix-sept articulations, toutes très mobiles, de l'épaule jusqu'au bout des doigts. La nageoire d'une baleine est, elle aussi, faite des mêmes trente os (plus quelques autres dans les doigts dans certains cas). Ils forment aussi les mêmes dix-sept articulations, mais une seule est mobile, celle de l'épaule, entre l'humérus et l'omoplate. Les seize autres sont tout à fait figées, ankylosées en permanence. L'évolution explique très bien cette structure de la nageoire. La baleine a besoin d'une sorte de rame, mobile mais rigide. Mais comme elle descend d'un ancêtre pourvu d'un bras comme le nôtre, le sien est fait des mêmes os et des mêmes articulations placés dans le même ordre. Pour en faire une rame, la sélection a dû figer seize des dix-sept articulations, alors que la nageoire des baleines aurait été bien mieux conçue et bien plus simple si elle avait été faite d'un seul os, par exemple.

Dans le contexte du créationnisme, le squelette de la nageoire d'une baleine n'a pas de sens. Il est inexplicable en termes logiques ou fonctionnels, mais tout à fait explicable en termes évolutifs ou historiques. En effet, l'interprétation la plus raisonnable de cette structure commune à tous les vertébrés est que toutes ces espèces ont évolué à partir d'un ancêtre commun ; elles ne sont que le produit de transformations à partir d'un même modèle ayant existé dans le passé. Cette structure commune, cette homologie, est une trace de l'histoire, une preuve de l'évolution, une preuve de la transformation et de la parenté de ces espèces.

LES IMPERFECTIONS DE LA NATURE
Les organes vestigiaux, tout comme le squelette de la nageoire des baleines, sont des imperfections de la nature. Leur existence n'est explicable qu'en termes de fardeau historique dont les espèces actuelles ont hérité. Ces imperfections constituent donc des preuves de l'évolution. Il faudrait un argument tordu pour justifier leur existence dans l'œuvre d'un Créateur. Si l'on croit en la création, pour prouver l'existence d'un Créateur, on cite les adaptations les plus spectaculaires de la nature, perçues comme des exemples de perfection dont la conception et la performance sont dignes de l'intelligence du Créateur.

Pour qui " croit " en l'évolution, les imperfections de la nature sont beaucoup plus parlantes. Prenons l'exemple préféré des créationnistes :

l'œil d'un vertébré. Il s'agit sans contredit d'un organe absolument remarquable, qui rivalise de complexité et de performance avec la plus haute technologie actuelle. Mais cet œil est affligé d'une imperfection criante.

En effet, les cellules sensibles de la rétine, soit les cônes et les bâtonnets, sont montées à l'envers. Ces cellules allongées ont une extrémité sensible à la lumière, alors que l'autre se prolonge en un filament nerveux qui transmet l'excitation lumineuse jusqu'au cerveau par le nerf optique. Or, l'extrémité sensible ne pointe pas vers l'extérieur de l'œil, comme elle le ferait dans une construction intelligente, mais vers le fond de l'œil. Cet arrangement crée trois inconvénients majeurs. D'abord, les filaments nerveux, et les vaisseaux sanguins qui y sont associés, constituent un voile qui couvre la rétine au fond de l'œil et qui atténue la lumière qui doit le traverser et qui doit traverser toute la longueur des cônes et des bâtonnets avant de toucher leur extrémité sensible. Le problème d'atténuation lumineuse est partiellement corrigé par l'existence, derrière la rétine, d'une surface réfléchissante, le tapetum lucidum, qui retourne vers les cônes et les bâtonnets une partie de la lumière qui les a traversés. On voit l'effet de ce miroir dans les yeux d'animaux nocturnes éclairés par une lumière dans la nuit.

Deuxièmement, tous les filaments nerveux courent sur la rétine dans l'œil et convergent vers un même point avant de plonger à travers la rétine pour constituer le nerf optique, qui va au cerveau. Cette disposition crée, au point de convergence, une tache aveugle, qui ne sert à rien, qui n'est qu'une conséquence néfaste du montage inversé des cônes et des bâtonnets. Enfin, comme les filaments sont tournés vers l'intérieur de l'œil, l'arrière de la rétine n'est pas retenu contre le fond du globe oculaire. Cette structure explique le décollement de la rétine qui afflige de nombreuses personnes.

L'œil des vertébrés aurait pu être autrement. En effet, dans l'œil de la pieuvre, qui globalement ressemble beaucoup au nôtre, les cellules sensibles sont montées à l'endroit. Si les nôtres sont à l'envers, c'est que nous venons d'ancêtres différents de ceux de la pieuvre et que, pour des raisons inconnues, les cellules sensibles à la lumière de nos ancêtres étaient tournées vers l'intérieur de ce que devaient être leurs yeux simples et primitifs. Ils nous ont transmis ce caractère, qui se révèle être un défaut, avec lequel nous devons composer, dans notre œil complexe et sophistiqué. Une telle imperfection flagrante dans un organe aussi spectaculaire ne peut découler que d'une évolution, contrainte par l'héritage du passé. Il n'y a rien comme une imperfection pour révéler la vérité.

LES PREUVES MOLÉCULAIRES
ET GÉNÉTIQUES
C'est peut-être à l'échelle moléculaire que se manifeste le plus clairement, de nos jours, la preuve que l'évolution est un fait. Le monde vivant est caractérisé à la fois par sa diversité apparente et par son unité sous-jacente. Cette dualité est peut-être le caractère évolutif le plus fondamental de la vie, et on la retrouve à tous les niveaux. À l'intérieur d'une même espèce, chez l'humain, par exemple, il y a une infinie diversité : il n'y a pas deux individus identiques (même les jumeaux identiques génétiquement présentent de petites différences anatomiques). Mais au-delà de cette grande diversité existe aussi une grande unité : nous avons tous la même forme générale, le même squelette dans les moindres détails, les mêmes dents, des veines, des artères et des nerfs qui se ramifient presque exactement de la même manière d'une personne à l'autre, etc. Nous avons beaucoup plus de points communs, de ressemblances, que de différences.

À une autre échelle, une même famille taxonomique présente de nombreuses formes différentes. Ainsi, les cervidés comprennent le petit pudu de 5 kg, d'Amérique du Sud, dont les bois sont de la taille d'un petit crayon, des espèces sans bois, et l'orignal de 500 kg avec un panache de 25 kg. Et pourtant, malgré cette grande diversité, on observe une grande unité parmi toutes ces espèces, elles ont toutes de nombreux caractères en commun, et ces caractères n'étant possédés par aucune autre espèce, on regroupe ces espèces dans la même famille. Elles ont en commun l'ossature des pattes, la forme et le nombre des dents, la forme du placenta et du système digestif, la durée de la gestation (autour de 200 jours), malgré une variation de 5 à 500 kg de la masse corporelle.

De même, à l'échelle de tout le monde vivant, il y a des bactéries et des baleines, des amibes et des éléphants, des érables et des morues, des huîtres et des humains. Malgré cette immense diversité, tous ces organismes présentent une remarquable unité de structure et de fonction au niveau génétique et moléculaire. Ils portent tous les mêmes acides nucléiques et les mêmes protéines composées des mêmes éléments de base (acides aminés), leurs gènes sont tous des formes de la même molécule d'ADN, le code génétique est le même, les mêmes enzymes interviennent dans des réactions semblables pour tous.

Encore une fois, ou bien le Créateur a été capable d'inventer des millions d'espèces différentes, mais n'a pu créer qu'un seul code génétique et une seule série d'acides aminés qu'il a donnés à tout le monde, ou bien le fait que nous ayons le même code génétique que les érables, les huîtres et les éléphants veut dire que nous sommes parents, que nous sommes tous le produit d'une transformation d'un même ancêtre commun, que nous sommes le produit d'une évolution.

LES PREUVES EXPÉRIMENTALES EN LABORATOIRE OU SUR LE TERRAIN
Depuis environ cent ans, on a montré, en laboratoire, qu'on pouvait changer plusieurs caractères mesurables des bactéries et des mouches drosophiles, par exemple. De même, en quelques milliers d'années d'élevage sélectif, l'humain a changé plusieurs caractéristiques des espèces qu'il a domestiquées. Ces faits démontrent que les espèces peuvent être modifiées, qu'elles peuvent évoluer. C'est une preuve directe, expérimentale que les espèces peuvent être transformées, qu'elles ne sont pas immuables. L'existence même du grand nombre de races de vaches ou de chiens appartenant à la même espèce et produites par sélection artificielle en relativement peu de temps par l'humain contredit l'affirmation voulant que les espèces soient immuables. Il en est de même des formes de bactéries qui, au cours des dernières années, sont devenues résistantes à nos antibiotiques.
LES PREUVES DE LA BIOGÉOGRAPHIE
La distribution géographique actuelle des espèces est révélatrice de leur histoire. Ainsi, les espèces de plantes et d'animaux qui ressemblent le plus à celles des îles Galápagos sont des espèces vivant en Équateur, la terre ferme la plus proche, à environ 1000 km. Cette distribution géographique suggère fortement que des espèces de l'Équateur ont émigré jusqu'aux Galápagos et s'y sont transformées sous des conditions légèrement différentes. Si toutes les espèces avaient été créées indépendamment les unes des autres, alors pourquoi le Créateur aurait-il placé tous les marsupiaux en Australie et aucun en Afrique ? Ou pourquoi avoir placé tous les lémurs à Madagascar, ou tous les singes à queue préhensile en Amérique du Sud, ou aucun ours en Afrique ? Ça semble des caprices sans raisons. Rien dans le climat australien ne permet de croire qu'une poche marsupiale est avantageuse seulement dans cette île ; rien dans la structure ou l'écologie des forêts d'Amérique du Sud n'oblige à porter une queue préhensile plus qu'en Asie ou en Afrique.

Ces distributions géographiques selon lesquelles les espèces qui se ressemblent se rassemblent indiquent que ces dernières ont évolué à partir d'ancêtres communs ayant émergé à un endroit particulier. Tout comme la distribution des Tremblay au Québec il y a cinquante ans. L'alternative serait que le Créateur n'aurait pas distribué ses créatures n'importe où, mais aurait placé, sans raison, les espèces les plus semblables tout près les unes des autres, et mis une distance de plus en plus grande entre les espèces de moins en moins semblables. L'évolution explique très bien toutes ces distributions géographiques à première vue fantaisistes et mystérieuses.

CONCLUSION
Toutes les autres explications qu'on pourrait tenter de formuler pour les sept observations que l'on vient de voir sont beaucoup moins plausibles, moins convaincantes et parfois carrément farfelues. L'évolution explique d'une manière simple, convaincante et cohérente toutes ces observations diverses.

Il semble donc très clair que, si nous regardons la nature avec notre cerveau, c'est-à-dire avec notre raison et avec un esprit critique, et non pas seulement avec nos yeux, toutes ces preuves montrent, hors de tout doute raisonnable, que l'évolution est un fait, que la vie a une histoire, qu'à partir de l'origine de la vie les espèces se sont formées et transformées et qu'elles ont émergé les unes des autres.

Ce fait intriguant, spectaculaire, incroyable même étant désormais admis, on veut tenter de l'expliquer. On veut formuler une ou plusieurs théories pour expliquer cette incroyable évolution. Ici les biologistes s'entendent moins bien, la question est plus difficile que de simplement constater le fait.



La flemme de poster les figures, allez voir directement sur le site:
http://pages.infinit.net/pclou200/preuves2.htm

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