Vi, je connais bien le livre.
Cette substitution est un point essentiel de l’affaire car elle est la preuve matérielle de la désinformation. Elle est révélée en 1978 par Jesse Marcel, chef du renseignement de la base de Roswell, qui avait ramassé les débris sur le site du crash, et confirmée en 1991 par DuBose, à l’époque colonel et adjoint de Ramey.
Ce qu'oublie Parmentier, et ce qu'occultent souvent les sensationnalistes, ce sont les déclarations de Marcel. C'est encore
un véritable boulet à traîner encore pour les plus fervents soucoupistes à l'affaire Roswell :
p.171 de mon ouvrage :
Marcel confirmera dans différentes interviews que les débris sur les photos où il se trouve sont bien ceux du champ de Brazel, mais simplement qu'il n'y a pas tout.
Cette déclaration (plutôt « ces » déclarations répétées) comme on va le voir, à un moment où n'étaient disponibles que deux des six photos prises lors de la « conférence de presse » est un véritable boulet à traîner pour les auteurs favorables à la thèse extraterrestre. La réaction de ces ufologues sera typique : Jesse Marcel aurait tort quand il affirme que les débris avec lesquels il est photographié sont les débris du ranch Foster, mais dirait vrai en revanche sur certains points de son témoignage qui convergent vers un "engin extraterrestre". Ceux-ci doivent encore et toujours ajouter des arguments ad hoc pour maintenir vivant le mythe, quitte à faire mentir leurs propres pièces maîtresses.
Dans "The Roswell Incident" (1980), Jessie Marcel déclare :
« En fait, ces pièces peuvent ressembler à de l’aluminium et du balsa, mais la ressemblance s’arrête là. Ils ont pris une photo de moi au sol, tenant des débris métalliques parmi les moins intéressants... Les pièces dans cette photo étaient réellement celles qu’on a trouvées. Ce n’était pas une mise en scène. »
p172:
Mais de plus, comme nous l’avons démontré sur le blog de K. Randle dans un fil de discussion1, Mann présenta également à Marcel les deux photos du livre de Berlitz et Moore reproduites après. Ces photos sont des photos largement "tronquées" ou coupées, ne montrant pas les débris. De là, on comprend que Marcel, ne voyant pas les "étranges" matériaux, baguettes, structure cerf-volant, etc., soit interpellé, d'autant que Mann lui dit que c'est un débris de ballon qu'il tient à la main dans la photo tronquée, et le guide. Si bien que Marcel considère alors qu'il s'agit de photos truquées.
[...] p172/173
Mais si on se plonge dans les déclarations initiales de Marcel, au moment où la contamination psychosociologique est la plus faible, on s'aperçoit que la thèse de la substitution ne tient pas et que ses déclarations posent un problème objectif aux auteurs en faveur de la thèse extraterrestre. Dans le livre de Berlitz & Moore The Roswell Incident (1980), Marcel indique qu’il pose avec les débris les moins intéressants du Ranch Foster (voir sa citation plus haut). Puis, il affirme qu’après son départ, alors que les débris sont en cours d’acheminement à Wrigth Field pour examen, Ramey invite alors à faire des photos avec de « faux » débris, ceux d’une cible radar, celles qui seront remises à la presse afin d’étouffer l’affaire. De là, les photos de Marcel seraient avec les vrais débris, les autres photos avec Ramey, Dubose ou Newton seraient avec les débris substitués. Si Marcel est parti, on peut tout d’abord se demander d’où il tient ce scenario.
Pour que cette théorie de la substitution ne soit pas complètement ridicule, les deux photos en page 34 et 35 dans The Roswell Incident sont cadrées de telle façon qu'il est impossible de comparer les débris éparpillés au sol avant (p. 34, photo page suivante) et après le départ de Marcel (p. 35, photo seconde page suivante), parce qu'elles sont tout simplement coupées. On peut même se demander si cette tronque n'est pas délibérée du fait de l'embarras dans lequel Marcel place les auteurs par ses déclarations...
En effet, quand les photos entières et en haute résolution ont enfin été publiées (voir pages suivantes), on a pu constater que ce sont à chaque fois les mêmes débris d'une photo à l'autre, quels que soient les protagonistes photographiés avec (Marcel, Ramey, Newton, Dubose), notamment grâce au travail de David Rudiak, mais Marcel était alors décédé. Moore et Berlitz devaient également disposer d'au-moins deux photographies entières et constater également qu'il s'agissait des mêmes débris sur chacune des deux photographies.
Voilà le contexte qui explique ce revirement... en apparence seulement de ce témoin phare, et qui "assied" la thèse de la substitution des débris chez certains auteurs. Ce (non) revirement est au contraire une nouvelle pièce pouvant au final étayer la piste prosaïque.
p179 :
Quand Marcel parle de substitution donc, ce n’est pas à propos des photos où il pose, mais à propos des autres photos prises ce jour. En effet, dans The Roswell Incident, Marcel ajoute :
« Les choses sur la photo sont les vraies pièces de ce que nous avions trouvé [photo sur laquelle il pose]. Ce n’était pas un montage. Plus tard, ils ont enlevé nos débris et les ont remplacés par des débris à eux. Alors ils ont autorisé plus de photos. Ces photos ont été prises tandis que les vrais débris étaient déjà en voie d’acheminement sur Wright Field. Je ne suis pas sur celles-ci. Je crois qu’elles ont été prises avec le général [Ramey] et l’un de ses aides [DuBose].»
En d'autres termes, là encore, lorsque Marcel est sur les photos, ce sont les débris du ranch Foster, quand il n'y est pas, ce sont des débris "substitués". Il affirme encore cela dans une émission TV avec Stanton Friedman, défendant la thèse que les photos où il est, sont avec des débris du ranch, les autres prises après, non. Mais à l'analyse, toutes les photos réalisées par Johnson montrent exactement les mêmes débris, que Marcel y figure ou non. Voilà la "substitution" invoquée, qui ne tient pas à l'analyse.