Voici mes dernières avancées sur ce cas, avec en vrac une histoire de température, la traduction d'un témoignage digne de David Vincent, une hypothèse privilégiée par une liste de coïncidences cohérentes et une carte récapitulative.
DES CONDITIONS METEO FAVORABLES A L’HYPOTHESE OPTIQUE- Une grossière erreur de température ?Les données (de température tout du moins) de la fiche météo officielle de la Forza Aerea Argentina semblent erronées pour l’heure demandée, soit entre 20h et 22h (local ou UTC non précisé dans le document) , avec des températures annoncées variant entre -0,2 et -0,4 °C. Or c’est en totale contradiction avec les témoignages :
- selon le personnel de l’aéroport à propos de la panne du groupe électrogène, une période de froid historique s’était abattue sur la région.
- selon le couple Cabral, il faisait -17 °C à 20h15 locales (23h15 UTC, juste avant l’observation) sur le thermomètre mural de leur chalet à Dina Huapi.
Ce qui semble confirmé par le site Tutiempo.net [1], avec une température minimale de -17,4°C pour la journée du 31/07/1995 (encore plus froide la veille), l’heure nocturne laissant supposer une température plus proche du minima.
- Précisions sur les light pillars :“Les données confirment que les nappes de cristaux de glace se forment habituellement dans les cirrostatus de 4 à 6 km et entre -10 et -20°C. La plupart du temps, des températures douces à proximité du sol (entre 10 et 20 ° C) semblent avoir fourni des masses d'air chaud ascendantes qui ralentissent la vitesse de chute des plaques de cristaux de glace.”[2]
“Il existe des cas où la lumière réfléchie sur la surface lisse des cristaux de glace a l’aspect d’une structure lumineuse composée d’innombrables points de lumière.”[3]
VERS L’HYPOTHESE D’UN PROJECTEURUne des principales caractéristiques de ce cas, c’est la difficulté d’établir la séquence exacte et en trois dimensions de l’évolution de l’ovni, de par l’élusivité du phénomène, la disparité des observations et les mouvements relatifs des témoins en vol.
Un témoignage permet cependant de s’en départir dans le cadre d’une hypothèse unique, puisqu’il décrit de façon précise l’évolution de l’ovni perçue depuis un lieu différent toujours pendant la coupure de courant, mais juste avant l’épisode complexe de l’aéroport : c’est celui des époux Cabral, et qui se révèle finalement incompatible avec les autres hypothèses prosaïques avancées (astronomique, aéronautique et socio-psychologique).[4]
HYPOTHESES, COINCIDENCES ET COHERENCE DES FAITS1 - L’observation de témoins sous un angle différent décrit une source de lumière en forme de faisceaux de couleur orange intense, accompagnés de tonalités vertes et bleues comme la lumière d’une “lampe à souder”, sortes de lasers à la fois fixes et d’intensité variable se diluant vers le sol, formant un corps lumineux qui finira par disparaitre vers l’est de façon quasi-instantanée. Sans aucun son signalé, la description rappelle beaucoup celle d’un projecteur.
2 - Des conditions de température inhabituelles (entre -10 et -20°C) et d’humidité importante (85%), particulièrement propices à la formation de cristaux de glace dans l’atmosphère, ont pu participer à l’intensité du phénomène.
3 - L’observation d’une granulosité (faisceaux qui rappellent une “douche”, car ils sortent du corps principal de la même manière que l’eau dans un “effet de pluie”), est typiquement observée dans les phénomènes optico-atmosphériques rares des light pillars, inconnus de Mme Cabral.
4 - Un changement d’altitude brutal (de 1800 à 3000m) sans bang sonique, perçu du GN705 transitant entre la côte et le lac, coïncide avec la différence de température de l’air en surface qui influe directement sur l’altitude des nappes nuageuses.
5 - L’essai notamment d’un nouveau projecteur dans une discothèque de Bariloche (témoin C), pourrait avoir généré un angle de projection inédit (pas réglé sur le lac comme à l’accoutumée). (Essai dont on ignore s’il a été reconduit puisqu’au moins deux autres témoins (A et D) reconnaissent qu’un certain type de projecteur, très directionnel et à longue portée, se révèle finalement inadapté pour l’usage recherché puisque trop peu visible pour la clientèle juste alentour, lui préférant finalement un laser de moindre portée mais multi-faisceaux.)
6 - L’horaire parfaitement inhabituel de ce test coïncide avec les évolutions de l’ovni (ou en tous cas avec la panne de courant) et exceptionnellement avec celui du trafic aérien, dont l’usage inattendu sous des conditions atmosphériques particulières a pu provoquer une observation inédite chez l’ensemble des témoins.
7 - La concentration des observations de cette lumière, dans une zone assez définie, est compatible avec celle du balayage (automatique ou non) d’un projecteur situé dans Bariloche.
8 - Le fait qu’un Boeing 727 avec plus d’une centaine de personnes à son bord ait été empêché d’atterrir et dut faire une manoeuvre d’évitement à cause d’un phénomène lumineux n’a certainement pas encouragé les éventuels fautifs à s’étendre sur leur imprudence ou à engager leur responsabilité (témoin C).
QUELQUES REGRETS- Que l’interviewer des Cabral ait omis de leur demander une estimation de l’angle de ces “lasers” qui, associé à un azimut et une altitude de l’objet lumineux bien qu’approximatifs, aurait pu nous donner une meilleure indication de leur point d’origine, en la comparant à celle des boîtes de nuit de Bariloche qui présentaient l’avantage d’être concentrées au même endroit (Cerebro, Rocket, Genux).
- Que les enquêteurs n’aient pas poussé l’investigation autour du lac, afin de vérifier si la zone d’observation s’étendait de façon symétrique par rapport à l’origine supposée du projecteur, bien que cette zone paraisse très inhabitée et qu’aucune conclusion n’aurait pu en découler.
- Que le témoin C, employé d’un boîte de nuit ayant participé à un test de projecteur ce soir-là, n’ait pas davantage été passé à la questionnette, alors qu’il semblait en savoir plus que ce qu’il a bien voulu dire et qu’une petite calotte ou une simple clé de bras aurait pu l’inviter à nous en dire davantage, voire à tout simplement résoudre l’affaire.
Lien Google map
[1]Historical weather: Bariloche Aerodrome, July 1995
[2]Caelestia, Light pillars in cirriform clouds, Mechanism and designation
[3]Caelestia, Light pillars in cirriform clouds, characteristics
[4]Témoignage du couple Cabral, 31 Juillet 1995 (20h15-20h31 LT), Dina Huapi, traduction