Bonjour à tous,
Comme je l'avais indiqué la semaine dernière, j'aimerais vous présenter de nouvelles recherches au sujet des expériences de mort imminente (EMI), qui ne sont pas sans aucun lien avec le traitement des témoins d'OVNI, ou les témoignages de certains contactés. Pour rappel, ces expériences désignent un ensemble de phénomènes vécus par des patients à l'approche de la mort et qui rapportent, lors de la phase dite "autoscopique", des perceptions précises et vérifiées a posteriori de l'environnement ainsi que celles de scènes s'étant déroulées dans leur entourage lors d'une période d'inconscience avérée, coïncidant le plus souvent avec un arrêt cardio-circulatoire ou un coma.
Ces perceptions, a priori objectives, et la mémorisation qui leur est associée posent un réel problème, aussi bien sur un plan médical et éthique que pour les neurosciences cognitives. Ce phénomène, qui est loin d'être anecdotique et auquel sont confrontés médecins urgentistes, cardiologues et réanimateurs, constitue l'objet d'une nouvelle approche scientifique. En témoigne les premières rencontres internationales qui se sont tenues à Martigues le 17 juin 2006, et qui marquent un tournant dans l'histoire des EMI:
Comme je l'avais indiqué la semaine dernière, j'aimerais vous présenter de nouvelles recherches au sujet des expériences de mort imminente (EMI), qui ne sont pas sans aucun lien avec le traitement des témoins d'OVNI, ou les témoignages de certains contactés. Pour rappel, ces expériences désignent un ensemble de phénomènes vécus par des patients à l'approche de la mort et qui rapportent, lors de la phase dite "autoscopique", des perceptions précises et vérifiées a posteriori de l'environnement ainsi que celles de scènes s'étant déroulées dans leur entourage lors d'une période d'inconscience avérée, coïncidant le plus souvent avec un arrêt cardio-circulatoire ou un coma.
Ces perceptions, a priori objectives, et la mémorisation qui leur est associée posent un réel problème, aussi bien sur un plan médical et éthique que pour les neurosciences cognitives. Ce phénomène, qui est loin d'être anecdotique et auquel sont confrontés médecins urgentistes, cardiologues et réanimateurs, constitue l'objet d'une nouvelle approche scientifique. En témoigne les premières rencontres internationales qui se sont tenues à Martigues le 17 juin 2006, et qui marquent un tournant dans l'histoire des EMI:
Voilà le communiqué qui a émergé de cette rencontre:Martigues S17
La plupart des études prospectives récentes ont été menées dans des services de cardiologie ou de réanimation et ont porté sur des patients ayant survécu après réanimation à des arrêts cardiaques.
Parmi elles, celle de Pim Van Lommel (1), conduite aux Pays Bas dans dix hôpitaux incluait 344 patients répondant à ces critères et dont les enregistrements ECG confirmait qu’ils avaient été cliniquement morts. 62 d’entre eux, soit 18% ont rapporté avoir vécu une EMI, dont 41 (12%) expériences classées comme profondes selon le score de Greyson.
L’étude de Sam Parnia (2) menée en Grande Bretagne au Southampton General Hospital dans les mêmes conditions a porté sur 62 patients dont 11,1% ont rapporté une expérience survenue durant leur mort apparente.
Aux États Unis, une étude similaire (3) a porté sur tous les patients ayant subi un arrêt cardiaque entre 1991 et 1994 à St Louis, Missouri, au Barnes-Jewish Hospital, soit 174 personnes. Parmi celles-ci 55 ont pu être réanimées, et 30 ont pu être interviewées. Sept d’entre elles (23%) ont rapporté une EMI.
Ces études statistiques ont été primordiales pour dévoiler la réalité et la fréquence du phénomène EMI. Elles ont montré qu'il ne pouvait être tenu pour négligeable. Ce travail étant maintenant accompli, il va nous falloir aller plus loin.
Lors de ces rencontres, des spécialistes (biologistes, médecins, cardiologues, réanimateurs, neurologues et anthropologues) de plusieurs pays (Pays Bas, Angleterre, États-Unis, Suisse, France) se sont réunis pour présenter leurs derniers résultats et, en marge de la conférence, pour réfléchir sur les futures recherches qui permettront d'avancer dans la connaissance de ce sujet qui reste pour l'instant une énigme pour la science.
Ces expériences sont désormais reconnues en tant que problème scientifique à part entière, et non comme une curiosité ou un sujet de polémique. La publications de plusieurs articles dans des revues médicales et scientifiques de premier plan (Nature, The Lancet, etc.), ainsi que les innombrables publications signées par des scientifiques de toutes disciplines dans la revue de référence qu'est le Journal of Near-Death Studies sont les témoins de cette avancée et du dynamisme d'une recherche qui n'en est pourtant qu'à ses débuts.
Concluant ces rencontres et les marquant d'une pierre blanche, un consensus s'est dessiné entre tous les intervenants, qui sont convenus d'un communiqué commun diffusé dans le monde entier.
Références:
(1) Van Lommel Pim & al., Near-Death Experience in survivors of cardiac arrest : a prospective study in the Netherlands. The Lancet, vol 358, décembre 2001.
(2) Parnia S., Waller D.G., Yeates R., Fenwick P. A qualitative and quantitative study of the incidence, features and aetiology of near death experiences in cardiac arrest survivors. Resuscitation 48 (2001) 149-156
(3) Schwaninger J. & al. A prospective analysis of Near-Death Experiences in cardiac arrest patients. Journal of Near Death Studies, 20 (4), summer 2002, 215-232
Source: http://iands-france.org.pagesperso-orange.fr/
Maintenant, j'aimerais aborder plus en détail la réflexion de certains des intervenants, comme le Dr Jean-Jacques Charbonier, interviewé dans le numéro 1 du nouveau magazine NDE de Mai 2011. Je vous cite ses développements page 28:Communiqué commun des intervenants de Martigues
Nous sommes un groupe de médecins, praticiens et/ou chercheurs de différentes disciplines et nationalités. A l'occasion des 1ères Rencontres Internationales consacrées à l'Expérience de Mort Imminente (EMI ou NDE pour Near-Death Experience) - organisées à Martigues le samedi 17 juin 2006 - nous tenons à faire connaître au grand public ainsi qu'à la communauté médicale et scientifique les convictions qui sont les nôtres après des années de recherche sur ce phénomène.
Bien que, d'un point de vue scientifique, le déclenchement de l'Expérience de Mort Imminente soit sans aucun doute relié à des phénomènes neurobiologiques dans le cerveau, son contenu extrêmement riche et complexe ne peut être réduit à une simple illusion ou à une hallucination produite par un cerveau en souffrance à l'instant de la mort. La réalité de l'expérience humaine n'est pas exclusivement déterminée par des mécanismes neurologiques, et la signification de l'EMI ne peut se réduire aux simples processus neurologiques qui accompagnent sa survenue dans le cerveau.
Certaines avancées scientifiques majeures ont pu être acquises grâce à l'étude des manifestations inhabituelles ou "exotiques" de phénomènes que l’on croyait avoir compris dans leur intégralité.
Il est très important que les scientifiques puissent conduire des recherches dans différentes disciplines, en particulier les neurosciences, sans préjugés d'aucune sorte.
D'importantes publications dans des revues scientifiques à comité de lecture, comme Nature ou The Lancet, ont permis une meilleure acceptation des ces recherches dans la communauté médicale et scientifique et sont un premier pas vers la constitution d’un corpus de connaissances reconnu par cette dernière.
Nous pensons que cet effort de recherche doit être encouragé pour progresser dans la compréhension de l'Expérience de Mort Imminente, même si ce phénomène remet en cause les conceptions établies sur la nature de la conscience et le fonctionnement du cerveau.
L'Expérience de Mort Imminente, comme d'autres "états modifiés de conscience", ouvre une nouvelle voie de recherches pluridisciplinaires. Cette voie est porteuse d'espoir et de progrès pour l'humanité. Nous formons le vœu que les instances médico-scientifiques et les pouvoirs publics en prennent la juste mesure.
Martigues S17
Signataires :
* Dr Raymond Moody, psychiatre et philosophe (Etats-Unis)
* Dr Pim van Lommel, cardiologue (Pays-Bas)
* Dr Sam Parnia, médecin spécialiste, soins intensifs et respiratoires (Royaume-Uni)
* Dr Mario Beauregard, neurologue (Canada)
* Dr Sylvie Déthiollaz, docteur en Biologie moléculaire (Suisse)
* Dr Jean-Pierre Jourdan, médecin, responsable recherche médicale Iands-France (France)
* Dr Jean-Jacques Charbonier, médecin anesthésiste-réanimateur (France)
* Evelyne-Sarah Mercier, doctorante en anthropologie, Présidente de Iands-France (France)
Après une étude minutieuse des NDE, le Dr. Jean-Jacques Charbonnier affirme finalement les choses suivantes:Une seule certitude: il n'existe à ce jour aucune explication rationnelle au phénomène NDE. Tous les scientifiques qui ont tenté de démonter les mécanismes de ces expériences ont échoué de façon flagrante. En général, leurs démonstrations se bornent à assimiler les différentes causes de mortalité comme l'hypoxie ou l'hypoglycémie cérébrale qui effectivement peuvent induire des NDE (mais aussi et surtout des Death Expérience) aux mécanismes intimes du phénomène. Détailler les circonstances de survenue ne permet pas, bien évidemment, de comprendre l'intégralité de l'expérience. Pourtant, cette confusion simpliste est fréquente dans le grand public: "Ah oui, les NDE! Mais on sait ce que c'est maintenant, non? J'ai lu quelque part que c'était dû à un manque d'oxygène dans le cerveau ou à une libération d'hormones..." Qui n'a jamais entendu ce genre de réflexion?
L'autre erreur qui est fréquemment faite consiste à réduire la décorporation des EMI à une hallucination autoscopique externe. Pourtant, il est maintenant prouvé depuis fort longtemps que les expérienceurs peuvent voir non seulement leur corps de l'extérieur, mais aussi l'environnement proche et même lointain. Nous démontrerons ensuite que, même en tenant compte de la notion nouvelle de paralysie du sommeil, les hypothèses neurophysiologiques ne permettent toujours pas d'élucider la question.
Enfin et pour terminer, les explications neuropsychiatriques qui semblent aujourd'hui tellement dépassées ne mériteront qu'une brève discussion à la fin de cet article. Malheureusement, ce sont ces dernières suggestions médicales qui furent, et qui sont encore, un frein considérable aux confidences. En effet, à une certaine époque, il valait mieux se taire plutôt que de risquer d'être pris pour un fou! Bien que de ce point de vue, les choses semblent s'améliorer, beaucoup trop de personnes craignent encore de témoigner.
L'éthiologie (étude des causes d'un phénomène) des NDE
Toutes les causes que nous allons étudier maintenant peuvent inclure des NDE. Elles peuvent aussi, si elles se prolongent dans le temps, entraîner la mort à plus ou moins brève échéance.
L'hypoxie
Le défaut d'oxygénation cérébrale est la principale cause des NDE. Lorsque le coeur s'arrête de battre, c'est cette carence d'apport d'oxygène qui est responsable de la perte de connaissance. Le "jeu du foulard" consiste à créer des expériences de sortie de corps par compression des artères carotidiennes au niveau cervical. Cette activité stupide est responsable d'accidents dramatiques chez nos jeunes amateurs de sensations fortes. Beaucoup d'entre eux ont eu à la suite de strangulations des séquelles neurologiques lourdes et définitives comme des paralysies motrices, des aphasies ou des comas profonds tandis que d'autres ont trouvé la mort. J'ai déjà eu l'occasion d'assister un jeune garçon de treize ans, hospitalisé en réanimation en coma dépassé pour avoir voulu tenter une sortie du corps par ce moyen. C'est un des souvenirs les plus terribles de ma vie. Je revois encore sa mère qui, quelques jours avant son décès, prostrée à son chevet, répétait sans cesse en hochant doucement la tête: "Mon Dieu, mais pourquoi t'as fais ça? Pourquoi? ..." Elle ne comprenait pas. Son petit garçon adorait la vie, était curieux de tout, avait soif de tout connaitre, de tout savoir, de tout apprendre, de tout découvrir. Il travaillait bien à l'école, ses amis l'adoraient presque autant que ses parents et il avait même une petite amie. Pourquoi aurait-il voulu mettre fin à ses jours de la plus sordide des façons? J'ai dû expliquer à la maman l'existence de ce "jeu". Non, son fils n'avait pas voulu se suicider, il avait simplement essayé d'explorer des sensations nouvelles... Piètre consolation, je vous l'accorde!
Devant l'ampleur du phénomène, des parents se sont regroupés en associations pour informer et mettre en garde le plus grand nombre de personnes possible. Des indices doivent alerter les proches que ces inconscients jouent avec leur vie, tels que des liens ou des ceintures retrouvés dans les tiroirs de leur chambre, des bruits de chute de corps, des maux de tête fréquents des mauvais résultats scolaires, des troubles du sommeil, des dissimulations de traces de strangulation par des cols roulés, des écharpes ou des cols de chambre systématiquement relevés. Devant ces signes très évocateurs, il y a de bonnes raisons de s'inquiéter, et il devient urgent d'en parler. Une autre version de ce jeu est le "jeu de l'étau magique", encore appelé ""la poussée du diable", ou "la fusée". La variante consiste ici à comprimer veine cave inférieure au niveau du creux épigastrique. La baisse du retour veineux au coeur provoque une diminution du débit cardiaque avec une hypoxie cérébrale secondaire. Cette expérience nécessite l'intervention d'un complice qui comprime l'abdomen de "l'expérienceur" qui ignore la plupart du temps qu'il frôle la mort en se prêtant à ce genre d'activité débile!
L'hypercapnie
L'excès de gaz carbonique (CO2) inspiré peut induire des NDE par asphysxie. En général, l'hypercapnie est associée à une hypoxie qui renforce ses effets délétères. Certains adolescents ont pu expérimenter la symptomatologie des hypercapnies en respirant volontairement un air saturé en CO2 dans des sacs en plastiques avec le "jeu du ballon". Une pratique aux conséquences tout aussi redoutables que celle du "jeu du foulard"!
L'intoxication au monoxyde de carbone
Des séjours prolongés en atmosphère confinée et surchauffée, comme on peut en faire en hiver dans des locaux d'aération, peuvent aboutir à des intoxications au monoxyde de carbone (CO) rapidement mortelles. Dans le cas d'une intoxication collective, on peut parfois observer des victimes ayant de surprenants discours qui ressemblent beaucoup à ceux des expérienceurs. Au cours d'une intervention SAMU faite un soir de décembre, je me souviens notamment de certaines réflexions des membres d'une petite famille rassemblés dans une minuscule pièce où trônait un vieux poêle à bois. Le grand père ne voulait pas partir car il avait vu Dieu chez lui, la grand mère était dans le coma et le petit fils disait: "que c'était beau, que c'était beau cette grande lumière!" Tout ce petit monde a été hospitalisé pour une séance de caisson hyperbare, mais nous avons eu un mal fou à les convaincre de nous suivre.
L'hypocapnie
Le manque de gaz carbonique dans le cerveau peut également provoquer des NDE. On obtient ces états particuliers par une respiration ample et rapide. Certaines techniques d'hyperventilation associées à des méthodes de relaxation ont pour but de réaliser des décorporations. Il est très important de rappeler ici qu'il est très dangereux de tenter seul et sans encadrement ce type d'expériences. Les apnéistes qui, pour réduire leur besoin en oxygène, hyperventilent leurs poumons avant leurs immersions ont pu quelquefois décrire des visions de tunnel et de lumière après une brève perte de connaissance. Certains d'entre-eux ont trouvé la mort par hypocapnie avant même d'avoir réalisé le moindre record!
L'hypoglycémie
Le cerveau, grand consommateur de sucre, supporte très mal une baisse du taux sanguin de cette substance. Le coma résultant d'un jeûne prolongé est secondaire à une hypoglycémie. Des états de conscience transcendantales semblables aux NDE sont obtenus par privatisation de nourriture. L'activité musculaire consomme du sucre et l'hypoglycémie du jeûne sera majorée au cours de l'exercice physique, comme c'est le cas au cours des danses ou des transes chamaniques. Après une injection trop importante d'insuline, un diabétique peut mourir d'une hypoglycémie ou connaître une NDE. A l'inverse, le rapport d'insuline devient insuffisant chez un diabétique, une hyperglycémie peut avoir les mêmes conséquences en induisant une acidocétose.
Les autres substances toxiques pour le cerveau
Certaines substances en excès dans le sang circulant vont avoir la capacité d'induire des comas graves pouvant aboutir à la mort en intoxiquant l'ensemble du tissu cérébral. Le plus connu de ces toxiques est sans nul doute l'alcool, responsable de redoutables comas éthyliques. Mais, il existe aussi un grand nombre de substances endogènes dont l'excès imputable à une carence des systèmes épurateurs de l'organisme aboutira au même résultat.
Ainsi, l'hyperammoniémie d'un insuffisant hépatique ou l'accumulation d'urée d'un insuffisant rénal peuvent provoquer des décès ou des NDE. On peut donc dire au final que les différentes causes métaboliques de comas ou des décès sont aussi celles des NDE, mais, on l'aura bien compris, ce n'est en aucun cas l'explication du phénomène NDE.
L'hallucination autoscopique externe
En stimulant certaines zones du cerveau ou en facilitant la libération de neuro-médiateurs particuliers, on peut produire une hallucination autoscopique qui, je le répète, n'a absolument rien de commun avec la sortie de corps vécue par les expérienceurs.
Les neurostimulations
Lors d'une épilepsie temporale, des crises visuelles peuvent générer des hallucinations proches des perceptions d'une NDE. L'importance de ce lobe temporal dans les phénomènes hallucinatoires a déjà été mis en évidence il y a plus de trente ans par les observations de Penfield. Ce chercheur a démontré qu'une électrostimulation corticale de cette zone provoquait une impression de sortie de corps associée dans quelques cas à des perceptions auditives et visuelles. Plus récemment, Olaf Blanke, un neurochirurgien qui exerce à l'hôpital de Genève, remet les électrostimulations en question pour tenter d'expliquer les décorporations des expérienceurs. Le Dr Blanke intervient sur des cerveaux pour détruire, avec une fine électrode, de toutes petites régions pathologiques qui sont généralement des foyers épileptogènes. Pour ne pas léser du tissu neuronal sain, il est important d'opérer ces patients sous anesthésie locale. En restant conscients, les malades peuvent exprimer ce qu'ils ressentent et guider ainsi la progression de l'électrode.
En septembre 2002, Olaf Blanke pulbia une communication surprenante dans la revue Nature concernant l'opération d'une femme de 43 ans, épileptique depuis 11 ans. Le neurochirurgien remarqua avec stupéfaction que la stimulation électrique d'une zone précise de son cerveau, située entre les lobes temporal et pariétal droit, appelée "gyrus angulaire" induisait chez sa patiente une étrange sensation de sortie de corps. Le Dr Blanke raconta: "elle nous a dit qu'elle se voyait d'en haut, elle voyait ses jambes et le bas de son corps allongés sur le lit, mais elle ne voyait ni sa tête, ni ses bras. Elle disait se situer à environ 2 mètres de haut et ne voir que l'image de son corps sur le lit. Elle se sentait légère, avec une sensation de flottement. Elle ne s'est pas vue monter, mais s'est retrouvée sans transition dans cette position élevée."
Dans l'espoir de trouver un support biologique, voire même organique, aux phénomènes de décorporation, Olaf Blanke collecta différents cas de neurostimulations de zones voisines du gyrus angulaire et édita ses travaux dans la revue Brain, deux ans après sa première observation. L'article de cette revue laisse supposer que les décorporations vécues pendant les NDE sont des hallucinations induites par neurostimulation. Et le Dr Blake de préciser que " lorsque la jonction temporo-pariétale est stimulée, le cerveau génère une image délocalisée du corps, comme projetée sous le corps, en face ou derrière lui." En fait, les observations d'Olaf Blanke n'autorisent pas à rationaliser les sorties du corps de ceux qui ont vécu une NDE par une explication neurologique. Elles démontrent au contraire que les phénomènes hallucinatoires reproductibles par la stimulation du gyrus angulaire sont bien différents de la perception environnementale d'un expérienceur. Les opérés du Dr Blanke voient leur corps ou une partie de celui-ci comme s'ils étaient au dessus, au dessous ou derrière lui, mais rien de plus. Ils sont dans l'incapacité totale de donner des détails précis de l'environnement se déroulant simultanément à proximité ou même à distance de leurs propres corps comme le font les expérienceurs.
D'autre part, à l'inverse des personnes qui sont en état de mort imminente et donc comateuses, les patients du Dr Blanke sont conscients, avec leurs facultés cognitives et sensorielles conservées. Sous anesthésie locale, les différents relais proprioceptifs du cerveau restent opérationnels. La multitude d'informations venant des capteurs périphériques du corps, comme les mécanorépecteurs situés au niveau des articulations ou les récepteurs vestibulaires de l'oreille interne, nous permettent à tout moment de situer précisément notre corps dans l'espace et de donner la position exacte de tous nos membres. Essayez donc cette petite expérience: fermez les yeux et concentrez vous un instant sur la position de votre corps... Vous allez même vous rendre compte que même sans aucune information visuelle, vous êtes capable de savoir si vous êtes couché ou assis, si vous avez les jambes croisées ou allongées etc. Et si dans le même moment le Dr Blanke venait vous enfoncer une électrode dans le gyrus angulaire, vous auriez l'image projetée de votre corps dans l'aire occipitale du cerveau par l'intermédiaire des différents relais mnésiques et corticaux. Vous auriez ainsi la sensation de vous voir d'en dessus, d'en dessous ou de derrière, mais à la différence des expérienceurs, vous seriez dans l'impossibilité de voir votre chat qui joue dans la cuisine ou votre voisin qui tond la pelouse!
En novembre 2007, une certaine presse racoleuse publia: "L'âme humaine a été capturée. C'est une première mondiale. Des médecins belges ont réussi à photographier, au PET-scan, l'image de "l'âme" d'un patient, alors qu'il était en décorporation". En fait, cet article entretenait toujours la même confusion entre la "sensation de sortie de corps" obtenue par la stimulation du gyrus angulaire et le véritable "voyage extracorporel" des expérienceurs. Les médecins belges tombèrent dans le piège qui avait fait la une des journaux suisses quelques mois auparavant. Ici aussi, la découverte était fortuite et totalement inattendue. En plaçant un implant électrique dans la région temporo-pariétale du cerveau d'un patient pour réduire de désagréables sifflements d'oreilles, un neurochirurgien de l'Université d'Anvers, le Dr Dirk De Ridder, constata avec stupéfaction que son malade lui disait être à 50 cm au dessus de son corps. Intrigué, le praticien recommença l'expérience sous PET-scan et objectiva ainsi durant la période critique l'activité simultanée de différentes zones cérébrales: le gyrus angulaire, le précunéus droit et le thalamus postérieur. Nous sommes par conséquent bien loin de la "photographie de l'âme humaine" annoncée par les journalistes! Dans ce cas précis, la zone proprioceptive du cerveau, court circuitée par l'électrostimulation, a envoyé des messages décalés dans le temps, qui se sont traduits par une "impression" de décalage spatial, c'est à dire la sensation d'être au dessus de son propre corps. A la différence des résultats obtenus par Olaf Blanke, le patient de Dirk De Ridder n'a pas eu de stimulation concomitante des aires visuelles qui se situent dans une zone plus postérieure et n'a pas eu l'opportunité de s'observer comme s'il était au dessus, au dessous ou derrière lui-même.
Les neuromédiateurs
On appelle "neuromédiateurs" toute substance chimique pouvant venir se fixer sur un récepteur neurologique en provoquant son blocage ou son activation. Un certain nombre de neurorécepteurs sont concernés dans les NDE.
Les récepteurs NMDA (N-Méthyl-D-Asparate) du cortex cérébral sont excités par le glutamate, un acide aminé neuromédiateur pouvant devenir toxique pour les neurones lorsqu'il est libéré en excès comme au cours des anoxies. Ces mêmes récepteurs peuvent également être bloqués par la kétamine, une drogue hallucinogène employée en anesthésie davantage pour ses propriétés analgésiques que pour ses qualités narcotiques. La kétamine induit une hallucination autoscopique externe, et c'est cet effet qui est recherché par les adeptes de rave, cette drogue porte pourtant à cette occasion le nom de "Kit-Kat" ou de "Mister-Kat". Mais la kétamine peut aussi provoquer de véritables NDE en déclenchant des troubles potentiellement mortels au rythme cardiaque. D'où la confusion fréquente entre les hallucinations autoscopiques externes et les NDE induites par cette substance.
Les récepteurs sérotoninergiques du cerveau sont stimulés par un autre neuromédiateur endogène: la sérotonine. Cette molécule est présente dans la plupart des tissus de l'organisme et intervient notamment dans la vasomotricité des phénomènes allergiques, des migraines ou de la maladie de Raynaud. Au niveau du cerveau, la transmission sérotoninergique permet des connexions entre différentes structures anatomiques comme le lobe temporal, le système limbique, l'hippocampe ou le lobe occipital. Le LSD (acide lysergique diéthylamide) agit directement sur les récepteurs sérotoninergiques, induisant par ce biais des hallucinations visuelles et autoscopiques. Mais la neurotoxicité du LSD peut également être responsable d'une atteinte cérébrale directe potentiellement mortelle aboutissant à une NDE.
Les récepteurs endorphiniques et enképhalinergiques du cerveau sont stimulés par les endorphines, un groupe de morphines endogènes qui bloquent la douleur en cas de nécessité, comme dans les gros traumatismes corporels. La morphine est alcaloïde du pavot qui, en venant occuper ces récepteurs, va induire une sédation, une analgésie, mais aussi une euphorie et une autoscopie recherchées chez les toxicomanes. Là encore, à forte dose, la morphine peut déprimer les centres respiratoires bulbaires du cerveau et entrainer une NDE par hypoxie cérébrale.
Les hypothèses neurophysiologiques
La persistance des perceptions auditives
Lorsque survient une perte de connaissance, les facultés neurosensorielles et psychomotrices sont annihilées dans un ordre chronologique déterminé. Tout d'abord, un voile noir s'installe rendant toute vision impossible, puis les sensations tactiles s'estompent et le corps devient "cotonneux", ensuite les muscles se paralysent et le sujet chute brutalement à l'endroit où il se trouve, enfin toute communication avec le monde extérieur est coupée et il devient impossible de "réveiller" le comateux. Des mesures de potentiels évoqués ont montré que, dans ces circonstances, les facultés auditives persistent un certain temps avant de disparaitre à leur tour. Compte tenu de ces données, certains ont suggéré que le phénomène NDE était secondaire à un scénario reconstitué par le cerveau à partir d'informations auditives résiduelles. Mais cette hypothèse ne tient pas, car les expérienceurs sont capables de donner des détails qui ne peuvent pas être issus de perceptions auditives, comme la description exacte d'une plaque située sous une table d'opération ou encore les vêtements d'une personne se trouvant en salle d'attente!
L'épilepsie temporale
L'épilepsie est une activation subite, simultanée et anormalement intense d'un grand nombre de neurones cérébraux, aboutissant à des aspects cliniques variables allant des crises convulsives généralisées aux crises partielles. Elles s'accompagnent de manifestations électroencéphalographiques à début et à fin brusques qui sont des pointes brèves et amples, associées souvent à des ondes plus lentes réparties sur la surface du crâne. Cette répartition est plus ou moins diffuse selon le type de crise. Dans le cas de l'épilepsie temporale, l'activation neuronale s'effectue au niveau du lobe temporal. Le gyrus angulaire se trouvant dans cette zone, il n'y a donc rien d'étonnant à ce que les patients souffrants d'épilepsie temporale vivent des hallucinations autoscopiques externes. Dans ce cas aussi, la confusion ne doit pas être faite entre la décorporation vécue au cours d'une NDE et la sensation de sortie du corps d'une épilepsie temporale, même si cette dernière est accompagnée d'hallucinations visuelles par interconnexion avec le lobe occipital qui est bombardé à cette occasion de multiples influx électriques émanant du foyer épileptogène. L'écrivain Lewis Carroll souffrait d'épilepsie du lobe temporal. On retrouve les sensations de chute dans un tunnel vécues pendant ses crises dans son célèbre livre "Alice au pays des merveilles". Le passage suivant pourrait tout à fait correspondre à la phase du tunnel d'une NDE classique: "Alice n'eut même pas le temps de songer à s'arrêter avant de se sentir tomber dans ce qui semblait être un puits très profond [...]. Eh bien ! se dit Alice après une pareille chute, je n'aurais plus peur de tomber dans l'escalier! [...] Elle tombait, tombait, tombait. Cette chute ne prendrait-elle donc jamais fin?"
Certains chercheurs pensent qu'il pourrait exister un lien entre la création artistique et l'épilepsie. Van Gogh subissait des crises sévères et il était le plus productif et le plus créatif dans les périodes où il était le plus malade. Dostoïevski, la talentueux écrivain russe du XIXe siècle, auteur de "Crime et châtiment" et des "Frères Karamazov", avait une forme rare d'épilepsie temporale appelée "épilepsie extatique". Il décrit ainsi l'expérience de ses crises qui dans son cas ressemble à une expérience transcendante: "Pendant mon sommeil, je fais l'expérience d'une joie qu'on n'éprouve pas dans un état normal et que les autres ne peuvent concevoir. Je ressens une harmonie parfaite en moi-même et dans le monde entier. Le sentiment est si fort et si doux que pour ces quelques secondes de félicité, on donnerait dix ans de sa vie, voire sa vie entière. J'ai l'impression que le Paradis est descendu sur la Terre et m'avait avalé. Je suis vraiment parvenu jusqu'à Dieu et suis imbu de lui. Vous qui êtes en bonne santé, vous n'avez même pas idée de la joie dont nous, les épileptiques, nous faisons l'expérience pendant la seconde qui précède la crise."
La paralysie du sommeil
Au cours d'une nuit, nous avons plusieurs cycles de sommeil (trois à cinq en moyenne) qui se succèdent sans interruption. Chaque cycle comprend plusieurs stades: deux stades de sommeil léger, deux autres de sommeil profond et un cinquième de sommeil paradoxal. C'est durant le sommeil paradoxal que s'effectuent les rêves et les mouvements rapides des globes occulaires, tandis que la tonicité musculaire disparait. Cette dernière période est aussi celle où notre cerveau est le plus déconnecté du corps. Dans le cas de la paralysie du sommeil, cette déconnexion persiste alors que notre conscience s'éveille, donnant la sensation désagréable de vivre une sorte de "rêve éveillé". Bien qu'une récente étude montre que les personnes qui ont ces intrusions de sommeil paradoxal sont plus prédisposées à connaitre des NDE, ces paralysies du sommeil ne sont pas, loin s'en faut, l'explication du mécanisme de la NDE. Les deux phénomènes sont totalement distincts car la séquence événementielle classique d'une NDE n'est pas retrouvée durant ces épisodes de paralysie du sommeil.
Les hypothèses neuropsychiatriques
La schizoprénie
Un schizophrène est un malade mental qui présente une dissociation ou une discordance des fonctions psychiques: affectives, intellectuelles et psychomotrices, avec une perte de la personnalité et une rupture du contact avec la réalité. Le malade s'enferme dans un monde intérieur et peut être enclin à des délires agressifs et paranoïaques. Cette pathologie n'a donc absolument rien à voir avec les comportements des expérienceurs. Ces derniers sont au contraire tournés vers les autres avec des discours d'amour dénués de toute agressivité. Pourtant, malgré ces différences fondamentales, pendant très longtemps les expérienceurs ont été traités de schizophrènes!
La mythomanie
On imagine mal comment des millions de personnes situées à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres seraient capables sans se connaitre et en appartenant à des cultures complétement différentes, de tenir un discours identique et inventé à propos d'une expérience non vécue. Cette dernière hypothèse est de toute évidence la plus ridicule: elle ne mérite même pas d'être développée.
1°) Un état de conscience modifié est possible lorsque le cerveau s'arrête de fonctionner.
2°) Il peut s'établir une véritable communication télépathique avec les comateux qui sont non seulement capables de recevoir mais aussi d'émettre des pensées.
3°) Un souffle de vie quittant le corps a pu être physiquement ressenti par de nombreux soignants au moment de la mort.
4°) Le comateux peut se conceptualiser comme étant une entité dégagée d'un corps terrestre et relié à lui par un cordon. Ce concept simpliste me permet entre autre d'expliquer aux familles des comateux et aux soignants la façon de se comporter avec eux.
5°) Une vie est possible dans une autre dimension lorsque la mort physique survient et que ce cordon est coupé.