Gendarmerie nationale : Gendarmerie de l'Air et de la F.A. TAC - 1° R.A.
Unité: Brigade de ... (Vosges).
Nous soussignés : maréchal des logis-chef B. J. et gendarme C. J.-M., de la brigade gendarmerie de l'Air de la base aérienne 902 de ... (Vosges), rapportons les opérations suivantes que nous avons effectuées agissant en uniforme et conformément aux ordres de nos chefs : le 8 mars 1977, à 10 heures, nous sommes avisés téléphoniquement par le « Bureau renseignements » du Centre de détection et de contrôle (CDC) 05/902 de la B.A. 902 à C... (Vosges), que le 7 mars 1977, l'équipage d'un Mirage IV de la B.A. 116 de Luxeuil (Haute-Saône), a constaté la présence d'une source lumineuse très intense alors qu'il était en vol à haute altitude sur un axe Dijon-Chaumont.
Le Mirage IV appartient à l'escadron de la base de ... Il est piloté par le commandant G. R. Le navigateur est le capitaine A. J.-P., tous deux de la base de ...
Au sol, cet appareil est pris en compte par le sergent-chef P. M., du CDC 05/902 de la B.A. 902 à ... (Vosges). Le sergent-chef P. suit l'appareil au scope radar.
Ce jour, 7 mars 1977 à 20 h 27, heure locale alors qu'il vole à une altitude de 32 000 pieds, l'équipage aperçoit à plusieurs reprises une lueur de la puissance d'un flash dans ses trois heures. Cette lueur se trouve à la même altitude que le Mirage IV et se dirige sur ce dernier. L'appareil vole sur un axe en direction du nord-nord-est. La lueur arrive sur la droite, venant du sud-est.
Croyant qu'il s'agit d'un autre avion qui fait une « passe de tir » sur lui, le pilote prend contact radio avec le contrôleur au sol pour identification. Le contrôleur répond au pilote qu'il est seul dans le secteur et qu'au scope radar, il n'y a rien qui corresponde à ses dires.
Voyant cette lueur, d'un diamètre apparent de cinq fois Vénus, arriver sur l'appareil, le pilote a obliqué vers la droite, puis la trajectoire de la lueur a disparu sur sa gauche en direction de l'ouest.
Quelques minutes plus tard, le même phénomène s'est reproduit, toujours sur le côté droit de l'avion qui avait repris son cap nord-est. Après accord avec le contrôle au sol, le commandant de bord a viré à 360° par la droite et a constaté qu'il était suivi par la lueur pendant quelques instants. Cette lueur a disparu vers l'ouest après quelques instants.
Pendant toutes ces évolutions, le Mirage IV volait à la vitesse de 0,9 point de Mach, et la lueur à 1,5 point de Mach.
Tous les appareils de bord du Mirage IV ont fonctionné durant cette observation, qui a duré de 20 h 27 à 20 h 45, heure locale.
Les conditions météo étaient les suivantes : Nuages : Cirrus - Vent ouest - Lune : levée - Temps étoilé - Localement bancs de brume.
Poursuivant notre enquête, le 8 mars 1977 téléphoniquement, nous demandons à la brigade de gendarmerie de l'air de ... (Haute-Saône) de faire entendre le commandant G. R., pilote du Mirage IV, et le capitaine A. J.-P., navigateur.
Ces déclarations font l'objet du procès-verbal n° 186 en date du 9 mars 1977, qui nous parvient le 12 mars 1977.
Le 13 mars 1977, au Centre de détection et de contrôle 05/902, nous demandons au colonel commandant le CDC la copie de l'enregistrement de la conversation radio entre l'équipage du Mirage IV et le contrôleur au sol à la station radar, ainsi que le plan de vol figurant sur le scope radar au moment de ces apparitions.
Le 24 mars 1977, la copie de l'enregistrement nous parvient. Elle confirme les déclarations des membres de l'équipage du Mirage IV.
Par message n° 119/2. en date du 8 mars 1977 nous avons avisé de ces faits notre commandant de groupement à Metz.
Fait et clos à ..., le 26 mars 1977.
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Gendarmerie de l'Air
Le 10 mars 1977.
Préambule.
Le 9 mars 1977, à 16 heures, agissant pour faire suite au procès-verbal n° 66 du 8 mars 1977 de la brigade de gendarmerie de l'Air de ..., à l'effet de procéder aux auditions du commandant G. R. et du capitaine A. J.-P. sur les faits suivants :
« Observation, au cours d'un vol à bord d'un Mirage IV, d'objets volants non identifiés. »
Enquête.
Le même jour, à l'escadron de bombardement ... entendons :
G. R., 34 ans, commandant dans l'armée de l'Air affecté en qualité de pilote à l'escadron de bombardement ... à la base aérienne de ... , qui nous déclare à 16 h 15 :
« Le lundi 7 mars 1977, à 18 heures, j'ai décollé de la base de ... a bord d'un Mirage IV, pour une mission d’entraînement de nu!t. A bord se trouvait le capitaine A., exerçant les fonctions de navigateur.
« Au retour de mission, à 20 h 45, alors que nous nous trouvions à la position « travers Dijon » au 30 Nautique Naïles, cap direction Chaumont, à 32 000 pieds, nous avons observé par deux fois le phénomène suivant :
« Tout à coup, j'ai vu, sur ma droite, une lueur intense d'un diamètre apparent de celui de cinq fois Vénus. Cette lueur arrivait en notre direction et à la même altitude, donnant l'impression d'être interceptée par un avion phare allumé. Voyant que cette lueur arrivait en secteur arrière de l'avion, j'ai obliqué à droite. Je tiens à préciser qu'avant d'effectuer une manœuvre j'avais contacté l'organisme au sol, le radar de la base de ... Cet organisme m'avait répondu qu'il n'y avait aucun point radar à ma droite, ni à ma gauche.
« Au cours de cette manœuvre, le visuel sur la lueur a été conservé quelques instants, puis, sa trajectoire a disparu côté gauche, direction ouest.
« Deux ou trois minutes après, le même phénomène s'est reproduit. Une lueur de la même dimension est apparue à notre droite et s'est dirigée sur notre appareil. J'ai à nouveau contacté les radars de la base de ... où j'ai obtenu la même réponse, toujours négative : aucun point sur les radars. J'ai également viré à droite et je me suis rendu compte que la lueur me suivait pendant quelques instants, à l'intérieur de ma trajectoire. Puis elle a disparu, toujours en direction de l'ouest. Je précise que cette lueur circulait à une vitesse de l'ordre de 1,5 point de Mach, étant nous-mêmes à 0,9 point de Mach. La radio, le radar de bord et les appareils ont toujours bien fonctionné.
« C'est la première fois que je remarque un phénomène semblable. »
Le 9 mars 1977 à 16 h 45.
* * *
A. J.-P., 30 ans, capitaine dans l'armée de l'Air, affecté en qualité de navigateur à l'escadron de bombardement ... à la base aérienne n° ... à ... , qui nous déclare à 16h50 :
« Le 7 mars 1977 vers 18 heures, j'ai pris place à bord du Mirage IV piloté par le commandant G., pour effectuer une mission d'entraînement. J'ai été témoin des mêmes faits que le commandant. Je confirme ses dires en tout point. Me trouvant placé à l'arrière du poste de pilotage et étant libre de mes mouvements, je n'ai pas perdu des yeux la lueur. A deux reprises, elle est venue en direction de notre appareil et a disparu vers l'ouest. Je ne puis définir la forme de cette lueur, dont la couleur ressemblait à un phare blanc. Elle était d'une grosseur égale à cinq fois Vénus et se déplaçait très vite, sans émettre de rayonnement.
« Au moment de sa disparition, la lueur diminuait rapidement d'intensité, jusqu'à sa perte de vue, comme si elle s'éloignait très vite. »
Le 9 mars 1977, à 17 heures.
* * *
Relevé d'enregistrement des communications radio entre Menthol et Calcaire 341
Date : 7 mars 1977.
Objet : Objet non identifié.
Fréquence :
Menthol : M. - Calcaire 341 : C.
19 h 28' 00"
C. - Menthol radar, menthol radar Calcaire 341.
M. - Calcaire 341, Menthol fort et clair, allez-y.
19 h 28' 10"
C. - Au cap 040 niveau 320, bonnes conditions VMC en direction de kilo L...
M. - Reçu, j'ai contact radar et IFF sur vous, affichez A 37 01.
C. - A 37 01 reçu.
M. - Roger.
19 h 29' 10" .
M. - Calcaire 341, Menthol le terrain est vert, la piste en service 12.
C. - Vert la 12 Roger.
19 h 29' 30"
M. - 341 Menthol liner 9 heures distance 20 nautiques au cap 140. Niveau 330.
C. - 9 heures visuel, plus haut.
19 h 29' 50"
M. - Affirmatif.
19 h 34'
C. - Menthol radar, Menthol radar, Calcaire 341.
M. - Calcaire 341, Menthol radar, 5 à vous.
19 h 34' 40"
C. - Vous n'avez rien dans mes 3 heures pour 20 nautiques.
M. - Affirmatif dans nos 3 heures 25 nautiques, route 330 au trafic 31 000 pieds.
C. - On a quelque chose qui évolue assez rapidement.
M. - Négatif autrement je n'ai rien.
19 h 35'
C. - Dans mes 4 heures maintenant.
M. - Dans vos 4 heures c'est un trafic CAG qui passera derrière vous pour 10 nautiques.
C. - Combien de nautiques ?
M. - Je confirme au radar 25 nautiques.
19 h 35' 30"
M. - Visuel sur aucun trafic; il y a un autre trafic à 22 000 pieds, 10 000 pieds bas dans vos 4 heures nautiques. Trafic tres lent.
19 h 35' 40"
C. - Non, c'est au même niveau que nous, ça brille très fort, s'arrête, ça brille très fort, ça s'arrête.
M. - Dans votre secteur 4 heures.
19 h 35' 45"
C. - Oui, 4 heures, même niveau, 15 nautiques maintenant.
M. - Ah ! J'ai rien qui correspond à ces informations.
C. - Ah!
M. - Pour moi, j'ai juste un avion à 31 000 pieds dans votre secteur 4 heures, distance 18 nautiques maintenant. Il croisera nettement derrière ce trafic!
19 h 36'
C. - Maintenant ça passe à 5 heures là...
M. - Ah non, alors là, je n'ai rien qui correspond à cette position.
C. - Ah bon !
19 h 36' 10"
C. - Ça passe dans nos 6 heures et ça vient sur nous là.
M. - Je n'ai visuel sur rien, vous pouvez décrire ce qui vous suit Mirage IV ?
C. - Vous savez, derrière on n'y voit pas grand-chose en Mirage IV.
19 h 36' 30"
C. - J'évolue un petit moment là ...
M. - Vous voulez faire un virage par la droite Calcaire 341.
C. - Affirmatif, je fais un 360, ça brille de trop.
M. - Reçu.
19 h 36' 50"
M. - Reçu, vous êtes clair pour faire toutes les manœuvres 341.
19 h 37'
C. - (2 mots incompréhensibles) a priori, ça se sépare en 2.
M. - Répétez 341.
19 h 37' 10"
C. - On a perdu son temps, on prend le cap sur ...
M. - Reçu.
19 h 37' 50"
M. - 341 Menthol pour info vous avez un trafic secteur, 1 heure distance 15 nautiques route 290, 350 le niveau.
19 h 38'
C. - Reçu visuel, je vois 2 avions à 1 heure et à 11 heures.
M. - Affirmatif.
C. - Pour descendre lentement vers le niveau 250.
19 h 38' 10"
M.- Affirmatif clair pour descendre lentement vers la FL 250.
19 h 38' 20"
M. - Un autre trafic 10 heures distance 15 nautiques cap 090 23 000 pieds.
C. - Ah ! visuel...
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Observation d'objet volant non identifié
MSG 119/2 du 8 mars 1977
Brigade gendarmerie air C...
Observation objet volant non identifié,
7 mars 1977 vers 20 h 45.
Dijon Chaumont C/Axe.
D/Equipage Mirage IV (Cdt G. R. et Cne A. J.).
Escadron bombardement base aérienne L... constate entre Dijon et Chaumont en direction de l'est, présence source lumineuse intense d'une grosseur de quatre étoiles polaires venant en direction de l'appareil, pilote négocie virage pour identification objet qui disparaît aussitôt.
Après avoir repris son cap, il constate à nouveau présence objet qu'il prend en chasse. Celui-ci disparaît alors à grande vitesse (évaluée à Mach 4).
Au moment des faits, Mirage IV se trouvait à une altitude de 32 000 pieds. Centre détection contrôle n'a constaté sur radar aucune présence d'appareil suspect à proximité Mirage.
8 mars 1977, Brigade G.A.