Dodgson
J'ai retrouvé ce texte dans mes archives, il date de 2004. Je suis plutôt d'accord avec l'auteur (ou les auteurs), qui semble(nt) affectionner l'anonymat.
Dodgson
POUR EN FINIR AVEC LES CROP CIRCLES
Le phénomène OVNI (quelle que soit la validité sémantique de cette désignation) suscite le rejet et les railleries de la majorité de la communauté scientifique. Une des causes en est la facilité avec laquelle les personnes qui s’y intéressent tombent dans certains pièges, pour des raisons qui ne seront pas abordées ici. On peut citer parmi ces pièges les « crop circles », les « rods », les « orbs » et les « implants ».
Bien que des exemples antérieurs existent, d’origine probablement naturelle (mini-tornades, croissances mycéliennes), l’irruption massive des « crop circles » à la fin des années 1970 semble due à l’intervention de quelques amateurs de canulars, tels les célèbres Doug Bower et Dave Chorley. Leur multiplication et leur complexification croissante peut être attribuée à la constitution, particulièrement en Angleterre, d’équipes de jeunes gens soucieux de parfaire l’oeuvre de leurs aînés. Certaines de ces équipes revendiquent leurs réalisations et donnent quelques indications sur leur façon de procéder(1). Par exemple, un « crop circle » d’environ 90 mètres de diamètre, à motif intérieur raffiné, a été réalisé en juillet 1999 pour le Daily Mail de nuit, en 5 heures de temps, dans un endroit assez fréquenté(1,2,3). Pour une splendide spirale d’un diamètre de 240 mètres, comme celle de Milk Hill dans le Wiltshire, on prend soin d’opérer dans un endroit hors de vue du public : « It could not be seen from any public road and was discovered by the pilot of a micro-light aircraft on August 13, 2001 » (4). La révélation des canulars entraîne parfois(2) des réactions bizarres : « Doug&Dave’s claim to original authorship and our subsequent claims have created an atmosphere well known to theological sociologists – that disconfirmation can lead to strengthened belief »(5).
L’existence de « crop circles » d’origine humaine ne pouvant faire de doute, certains ont cherché des preuves matérielles d’une origine extra-humaine (naturelle ou artificielle) pour certains « crop circles ». Un authentique scientifique, Eltjo Haselhoff, a repris l’hypothèse et – malheureusement – les données d’un scientifique moins authentique, William Levengood (qui s’était attribué lui-même un Ph.D., comme l’a montré une enquête de l’ufologue américain Kevin Randle(6)). Il s’est appuyé sur la symétrie circulaire des mesures de longueur des noeuds d’épis (« longueur » dont la définition et les procédures de mesure restent mystérieuses) pour imaginer que des « boules de lumière » situées au-dessus du centre du cercle formaient le cercle par émission d’impulsions électromagnétiques(7). Mais cette symétrie circulaire peut s’expliquer par de simples raisons mécaniques. Un dispositif qui aplatit les épis en tournant autour d’un piquet à vitesse angulaire constante ira, par exemple, 4 fois plus vite à 4 mètres du piquet qu’à 1 mètre de ce piquet. Les épis qui sont situés à 4 mètres seront donc « perturbés » 4 fois moins longtemps que ceux situés à 1 mètre, et on peut faire l’hypothèse que cela affecte ensuite la croissance de la plante. Pour des cercles de grand diamètre, des couronnes concentriques sont réalisées, à des vitesses angulaires sans doute différentes, mais la symétrie circulaire persiste si on maintient une vitesse angulaire constante pour chaque couronne ; de plus, les couronnes déjà tracées sont balayées par la corde à chaque nouveau tour, d’où une « perturbation » supplémentaire. Avec une variable mesurée mal définie, une symétrie circulaire d’origine triviale, et un paramètre (hauteur de la « boule »), Haselhoff peut sans problème obtenir d’excellents ajustements (non significatifs) sur quatre distances de mesure ((7), Fig.2). Quant aux « boules de lumière » parfois observées au-dessus des endroits où apparaissent des « crop circles », il n’est pas déraisonnable de penser qu’elles ont quelque chose à voir avec les dispositifs d’éclairage des équipes en train de les réaliser.
La présence de radionucléides inhabituels à courte durée de vie dans un « crop circle » a été rapportée en 1991 par Michael Chorost et Marshall Dudley(8). Mais leur travail a été critiqué(9). Il faut signaler aussi que le cercle en question se trouvait au voisinage de l’Argonne National Laboratory, un des principaux centres de recherche nucléaire américains, d’où la possibilité d’un canular facile...
D’autres études critiques peuvent être trouvées sur le web (10,11,12).
En conclusion, étudier « scientifiquement » ces « crop circles », c’est sans doute perdre son temps et donner des verges pour se faire fouetter.
Références :
(1) http://www.circlemakers.org
(2) http://home.clara.net/lucypringle/articles/avebury99.html
(3) http://www.diagnosis2012.co.uk/gal.htm
(4) http://www.weirdwiltshire.co.uk/milkhill.html
(5) http://www.circlemakers.org/leaders.html
(6) http://www.circlemakers.org/mystery_business.html
(7) PHYSIOLOGIA PLANTARUM 111 :123-125.2001, Opinions and comments on Levengood WC, Talbot NP (1999) Dispersion of energies in world wide crop formations. Physiol Plant 105: 615-624, Eltjo Haselhoff
(8) http://www.lovely.clara.net/radioactive.html
(9) http://wiretap.area.com/Gopher/Library/Zines/Swamp/swamp.v6n1
(10)http://studiovni.ifrance.com/studiovni.artsg01.htm
(11)http://www.zetetique.ldh.org/agrogrammes.html
(12)http://www.pseudo-sciences.org/crop%20254.pdf