Cortex Venom a écrit:Je pense que c'est le corps de son article: il est possible de prouver une négative, mais c'est tout simplement aussi difficile que de prouver une positive. Prouver une phrase affirmative ou prouver une phrase négative est dans les deux cas extrêmement compliqués.
OK, il s'exprime surtout d'un point de vue rhétorique alors. Enfin, il me semble, quand je lis la phrase en gras. Sauf que si on l'applique à des faits objectifs, son raisonnement n'est plus valide : il est plus facile de prouver qu'une chose existe que le contraire.
Prenons un exemple souvent employé par les copains de l'OZ, les corbeaux blancs.
Pour prouver qu'ils n'existent pas, je devrais explorer tout l'univers... bon allez, soyons gentils, limitons-nous à notre seule planète (et encore, je vous fais grâce des impossibilités temporelles et ne vous parlerai que du présent). C'est déjà une sacrée gageure ; je dirais même que c'est impossible, ou en tout cas, que les moyens à mettre en oeuvre sont sans rapport avec l'intérêt recherché. Retourner chaque centimètre carré de notre monde juste pour prouver au cousin Machin, qui fait l'intéressant pour le repas de Noël, que les corbeaux blancs n'existent pas, me paraît singulièrement disproportionné. En outre, pour s'assurer qu'un éventuel corbeau n'échappe pas à notre vérification en se déplaçant, il faudrait pouvoir observer l'intégralité de la planète de manière simultanée, et à une échelle suffisamment petite pour être sûr de ne pas louper un corvidé albinos.
Si quelqu'un arrive à faire ça un jour, j'arrête la zététique. Enfin, de mon vivant, car si je suis mort, j'aurais déjà arrêté la zététique.
Alors qu'à l'inverse, pour prouver que les corbeaux blancs existent, il suffit d'en apporter un spécimen examinable par tous selon les standards actuels de la zoologie descriptive. C'est incomparablement plus simple et plus économique, dans tous les sens du terme. Il est donc plus simple d'affirmer par défaut que les corbeaux blancs n'existent pas jusqu'à preuve du contraire, ce que font les ufosceptiques avec les extraterrestres.
Je ne suis pas logicien : j'ignore si ce raisonnement est le plus intrinsèquement logique, mais il me paraît en tout cas être le plus
rationnel.
A cause de ça (de cette équivalence entre les deux côtés ) affirmation et négation), les sceptiques ne devraient pas concéder dans un débat avec un tenant "ok, d'accord, il est impossible de prouver une négative.". ;-)
Au contraire, il ne s'agit nullement d'une concession mais d'une affirmation indispensable, car elle fonde la démarche sceptique : c'est parce qu'il est impossible de démontrer en pratique que les ET n'existent pas (et donc ne se manifestent pas par le biais des OVNI) que les tenants de l'HET doivent démontrer positivement qu'ils existent et se manifestent à nous
via les OVNI. Pour ce faire, un seul moyen : l'examen des faits. Et hop, on entre alors de plain-pied dans l'ufoscepticisme.*
La difficulté dans ce type de discussion, c'est de faire comprendre à son interlocuteur que ce n'est pas parce qu'on ne peut pas prouver que les ET (par exemple) n'existent pas, qu'ils existent forcément. Leur existence est possible... mais leur inexistence l'est également ! Affirmer par défaut que les ET n'existent pas jusqu'à preuve du contraire est le seul moyen de tenir compte de
toutes les possibilités.
Je pense que c'est un rappel intéressant à faire à tout relativiste ou pro-HET qui voudrait utiliser à son profit la formule de Sagan "l'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence" ou jouer sur l'argument d'ignorance : "justement on ne sait pas, donc il faut rester ouvert à toutes les possibilités... même la possibilité qu'ILS alien: n'existent pas".
*Au passage, je me rends compte ici que l'ufoscepticisme n'est en rien différent de la démarche zététique lorsqu'elle entreprend de tester les prétentions d'un magnétiseur. On est toujours en présence d'une allégation extraordinaire (des ET nous visitent) à l'appui de laquelle les pro-HET invoquent les OVNI comme preuves. Comme on examinera les preuves avancées par le magnétiseur à l'occasion d'un protocole expérimental, on étudiera celles des pro-HET par l'enquête et l'analyse des témoignages, pour vérifier si ces preuves en sont bien. Seuls les méthodes de cette vérification diffèrent, dans la mesure où les sources étudiées sont très différentes.