[...] suite benzemas
Tout se passe comme si ce mystérieux appareil cherchait intelligemment à échapper aux chasseurs. Pendant l'heure qui va suivre, le même scénario se reproduira deux fois. Le rapport officiel fourni par l'état-major général de la Force aérienne à la Sobeps (société belge d'étude des phénomènes spatiaux) précise: "Dans trois cas, les pilotes réussirent à braquer leurs radars - "Lock on" ("verrouiller") - pendant quelques secondes sur l'objectif, ce qui, chaque fois, a amené un changement drastique dans le comportement des ovnis." L'ovni joue littéralement à cache-cache avec les chasseurs. Il plonge vers le sol à très grande vitesse pour échapper aux radars de bord et du sol, puis remonte tranquillement un peu plus loin, réapparaissant de ce fait sur les scopes des radars, et déclenchant une nouvelle procédure d'interception.
Cet ahurissant manège est observé du sol par un grand nombre de témoins (dont vingt gendarmes), qui verront l'ovni et les F-16, mais personne n'entendra, au cours des soixante-quinze minutes que durera l'affaire, le fameux bang supersonique qui aurait du accompagner le franchissement du mur du son par l'objet. Aucun dégât matériel n'a été constaté à l'aplomb de l'événement; or, étant donne la vitesse et la basse altitude de l'objet, le franchissement du mur du son aurait du susciter le bris d'un nombre incalculable de carreaux...
Pour la première fois au monde, un journaliste a été autorisé à voir un document établissant la preuve d'une interception d'ovni. J'ai vu sur l'écran le verrouillage du radar, l'affichage des paramètres de vol de l'ovni, son hallucinant changement de vitesse.
Tous les détails de cette affaire sont consignés dans un rapport qui vient d'être communiqué à la Sobeps. Cette collaboration entre les forces aériennes d'un pays et un regroupement privé est un fait sans précédent qui doit être mis à l'actif du sérieux et de la compétence des membres de cette association, qui compte en son sein plusieurs scientifiques de haut niveau, comme les physiciens Leon Brenig (professeur à l'université libre de Bruxelles) et Auguste Meessen (professeur à l'université catholique de Louvain), ce dernier appartenant au groupement depuis sa création, il y a dix-huit ans. Interviewé au journal télévisé, M. Guy Coeme, ministre de la défense nationale, a déclaré qu'il autorisait la Force aérienne à remettre toutes les informations dont elle disposait à la Sobeps.
Après avoir visionné cette séquence bouleversante, j'ai bombardé de questions le colonel De Brouwer. L'objet pouvait-il être un ballon sonde?
"Négatif" L'objet se comportait comme s'il était totalement indépendant des vents et des courants aériens, et nous avons fait, entre autres investigations, une étude météo complète. C'est pour cela que nous n'avons pas publie le rapport immédiatement: nous avons effectué toutes les vérifications possibles. Notre système de défense n'est pas préparé à ce genre de choses. Il nous a fallu du temps pour analyser, interpréter les données des ordinateurs, des cassettes vidéo des chasseurs."
Etait-ce un phénomène naturel ou de rentrée dans l'atmosphère d'un débris de fusée?
Non. Une météorite ou un fragment du fusée ne pénètre pas dans l'atmosphère en zig-zaz; or l'analyse des renseignements radar fait état de nombreux changements de direction. En outre, les conditions atmosphériques excluaient tout phénomène de nature électromagnétique.
"Mais, demandai-je, le fameux F117A, l'avion furtif américain que beaucoup croient être l'ovni?
- Cet appareil n'est absolument pas conçu pour une pénétration à basse altitude. Par ailleurs, sa vitesse minimale est de 278 Km/h, alors que celle de l'objet est descendue jusqu'à 40 Km/h. Le F117-A ne possède pas de réacteurs de sustentation qui lui permettraient d'évoluer aussi lentement. En outre, aucun appareil n'est capable de voler à 1 800 Km/h aussi près du sol, dans un air aussi dense, et à fortiori sans faire de bang."
Sur ce, il me tend le télex adressé par l'attache militaire de l'ambassade des Etats-Unis au Q.G. de la Force aérienne belge attestant que jamais le F117-A n'a stationné sur le territoire européen ni ne l'a survolé. Le professeur Jean-Pierre Petit, qui m'accompagnait lors de ma visite au Q.G. de la Force aérienne belge, est un ancien lieutenant de l'armée de l'air et avait jadis été contrôleur dans une opération d'interception aérienne. Ce physicien de haut niveau, directeur de recherche au CNRS, qui vient de publier le livre "Enquête sur les ovnis" (ed. Albin Michel), est formel:
"Pourquoi la Belgique et des milliers de témoignages?"
"Il n'existe actuellement aucune machine fabriquée par l'homme, avion ou missile, qui soit capable de telles performances, notamment de voler à vitesse supersonique sans faire de bang. Quelle confiance peut-on accorder a une telle preuve? La même que celle que l'on a attribuée à la première détection d'une supernova en 1987 dans la galaxie du Nuage de Magellan. En effet, la preuve de l'existence de ces cataclysmes stellaires appelés supernovae repose sur une unique observation. Je suis intimement convaincu que ce type d'interception d'ovni par radar s'est déjà produite un très grand nombres de fois depuis trente ans (soit avec des moyens aussi sophistiqués que ceux du F-16, et qui sont utilisés dans toutes les forces aériennes du monde depuis plus de dix ans, soit antérieurement, avec des moyens radar plus rustiques) et que les états-majors des pays concernés ont gardé rigoureusement secrète cette information de peur d'affoler les populations. {2}
- Mais alors, que se passe-t-il en ce moment, quelle est la raison de ces révélations?
- Nous vivons à une époque qui commence à être celle de la transparence. Après le mur de Berlin, le mur du silence est en train de s'effondrer. S'agissant du phénomène ovni, nous entrons dans une phase complètement différente des précédentes. C'est la fin du mercantilisme et du charlatanisme. Les véritables scientifiques entrent en scène. Regardez les travaux du professeur Meessen ..."
A la Sobeps {3}, qui a enregistré plus de mille témoignages sur la vague d'ovnis en Belgique, j'avais appris quelques choses de tout à fait passionnant. Dans la nuit du 31 mars 1990, à 30 Kilomètres au sud-est de Bruxelles, trois témoins que l'on peut considérer comme parfaitement fiables, Lucien Clerebaut, secrétaire général de la Sobeps, Patrick Ferryn, producteur-réalisateur de films, et José Fernandez observent un phénomène lumineux au ras de l'horizon. Cette lumière grossit, s'approche. Un engin de forme triangulaire aux angles arrondis, porteur de quatre phares très puissants, doté à sa périphérie de nombreuses lumières et d'un diamètre apparent équivalant à six fois celui de la lune, passe au-dessus de leur têtes, à une altitude évaluée entre 300 et 400 mètres. M. Ferryn prend quatre clichés de l'objet avec un film de très haute sensibilité (1 600 Asa). A titre de contrôle, il prend quelques minutes plus tard, avec la même ouverture et la même vitesse, des clichés d'un avion en vol.
Au développement: surprise! Sur les clichés, les phares de signalisation de l'avion (volant à beaucoup plus haute altitude que l'engin) forment trois taches blanches, alors que les énormes phares de l'ovni sont à peine visibles; la forme générale de l'objet, pourtant parfaitement visible à l'oeil nu, a complètement disparu.
Se souvenant qu'un simple rayonnement infrarouge peut empêcher la pellicule d'être impressionnée, le professeur Meessen fait alors réaliser une expérience dans son laboratoire. A l'aide d'un simple prisme, il projette directement sur un film négatif couleurs un spectre (allant du rouge au violet) en s'arrangeant pour superposer à cette lumière visible, dans une partie inférieure du cliché, un rayonnement infra-rouge. Au développement, le spectre est parfaitement visible dans la partie de la pellicule que n'a pas touchée le rayonnement infrarouge mais considérablement atténué, sinon totalement annihilé, dans la partie irradiée.
"Si, commente le professeur Meessen, les ovnis sont réellement des objets, et s'ils émettent de l'infrarouge, il serait tout à fait normal que des témoins photographes aient des surprises au moment du développement de leurs cliches, pouvant aller jusqu'à la disparition totale de ce qu'ils avaient observé visuellement et photographie, ce qui expliquerait le nombre très restreint de clichés que nous avons pour cette vague d'ovnis et, de façon générale, la quasi-impossibilité d'obtenir des photos d'objets rapprochés."
Le professeur Meessen demeure extrêmement prudent. En bon disciple de Claude Bernard, il reste fidèle à la démarche scientifique qui consiste à observer les faits, puis a proposer différentes hypothèses qu'il soumet à la vérification expérimentale. Pour lui, il est essentiel d'étudier cet énigmatique dossier. "Déjà, au niveau des témoignages, il y a trop de témoins indépendants, la plupart du temps dignes de foi, parlant d'effets physique cohérents, trop de concordance dans les événements relatés pour ne pas prendre au sérieux ce dossier. Si tous ces gens inventent, c'est une maladie qu'il faut comprendre. Mais il y a les effets physiques... Le rapport de l'armée de l'air permet d'appréhender le phénomène de facon rationnelle et scientifique. L'hypothèse la plus simple est l'hypothèse extra- terrestre, mais elle pose d'autres problèmes. Nous ne sommes pas pressés de conclure. Nous continuons à travailler." Lorsque je l'ai rencontré, le professeur Meesseen n'avait pas eu la chance de voir le document que m'a fait visionner le colonel De Brouwer. Le rapport de l'état-major de la Force aérienne sur l'interception réussie du 30 mars permet de comprendre pourquoi l'armée avait mis à la disposition de la Sobeps des moyens aussi importants (les deux F-16 de surveillance du territoire, un bimoteur Hawker pouvant emporter un nombre important de personnes et tant d'appareils de mesure, dont une énorme caméra infrarouge) lors du fameux week-end qui mobilisa des dizaines de milliers de personnes. En haut lieu, l'armée savait que l'ovni était bien réel, mais elle ne disait rien. Elle voulait en savoir davantage.
La presse s'est étonnée de l'insuccès de cette chasse pascale. Tout s'explique maintenant. On ne peut pas dire que l'ovni n'était pas au rendez-vous, puisqu'il y eut des observations au sol; mais, si l'engin est reste à moins de 200 mètres d'altitude, il était indécelable par les radars.