Je suis presque à la fin de l'ouvrage
L'Evantail de la vie. C'est un livre intéressant en ce sens qu'il réfute la notion de progrès et de tendance dirigée voire d'intentionnalité dans le processus d'évolution, notions dont Gould pense qu'elles sont un héritage de l'innéisme platonicien, un préjugé culturel.
Gould démontre que l'apparente complexification des espèces n'est pas un processus linéaire et dirigé, une tendance vers le progrès, mais le corollaire d'une dynamique aléatoire qui engendre un accroissement des écarts dans les variations du vivant.
Pour ce faire il illustre son propos avec une étude statistique de la variation de la taille des protozoaires foraminifères planctoniques. Il démontre que l’augmentation de la moyenne de la taille de ces organismes ne révèle pas une orientation, une tendance à l'accroissement mais qu'elle est la conséquence d'une variation aléatoire de la taille de ces organismes qui ne peut se faire que dans le sens d'un accroissement moyen du fait qu'il existe une limite inférieure imposée à la taille des foraminifères, limite qu'il appelle "un mur" en reprenant la métaphore de la marche de l'ivrogne.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Tout aussi intéressant, Gould montre ensuite que lors des épisodes de spéciation les foraminifères ne montrent aucune tendance à un accroissement de leur taille mais que la variation des tailles correspond à une courbe en cloche.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Cependant même si je vois dans cette démonstration un puissant argument contre l'idée d'une progression dirigée de l'évolution ou contre celle que toute entité biologique est inéluctablement destinée à aboutir à une forme plus complexe, je ne vois là rien d'incompatible avec le fait de penser que l’émergence de l'intelligence, de la culture et de la technique découlent elles aussi de ce même processus aléatoire dont les limites, les contraintes imposées par l'environnement (même s'il est contingent), les lois physiques et biologiques orientent l'évolution, engendrent nécessairement certaines conséquences que l'on peut considérer être inéluctables comme dans le modèle de la marche de l'ivrogne dans lequel l'ivrogne est irrémédiablement destiné à se casser la bobine dans le caniveau, même s'il semble difficile voire impossible dans le cas de l'émergence de l'intelligence de déterminer la probabilité de la fréquence à laquelle cela pourrait se produire.
hal9000 a écrit:Là tu considères encore que seules les contingences ayant mené à l'homme pouvaient mener à l'intelligence... Je crois au contraire que les dinosaures étaient bien partis, surtout les théropodes: encéphalisation importante, organes préhenseurs (j'ai dit que je n'étais pas sûr que ça soit nécessaire, mais ça doit quand même aider!), bipédie, progrès sociaux, il est bien possible que l'extinction du crétacé ait retardé l'émergence de l'intelligence.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ornithomimosauria
Celui-là par exemple semblait plutôt bien engagé même si ce n'est pas le cas de tous les théropodes chez qui pour certains les membres antérieurs étaient atrophiés par exemple ou la taille du cerveau avait tendance en même temps que le cou s'allongeait à diminuer pour assurer l'irrigation sanguine en réduisant la quantité de sang nécessaire comme chez certains diplodocus.