Oui, et l'autre point commun, c'est qu'on y trouve le même personnage central, un ufologue de Charleville-Mézières, présenté par
L'Union comme "le spécialiste de ces choses là".
Je le rappelle encore une fois, le dossier n'a aucunement été écrit pour se payer sa tête, mais il met néanmoins en avant les contradictions et les erreurs monumentales avancées par « LE spécialiste ».
Outre les erreurs du spécialiste, il est à noter que la majorité des témoins sont complètement anonymes, ce qui empêche de contre-enquêter efficacement. Dommage, car des témoins, il y en a. Rien que pour la période du 20 juin au 6 août 2009, M. "l'innommable ufologue" annonce « 226 témoins, 60 témoignages, 45 photos et 3 films ». C'est pas rien ! Bon, les films, vous pouvez les oublier, on ne les voit absolument nulle part. Quant aux 45 photos... J'en ai à peine trouver 7 ou 8, toutes de très mauvaises qualité.
Non seulement les témoins sont anonymes, mais encore pire, dans certains cas, on parle à leur place ! Ainsi, dans les deux premiers articles de la vague estivale, nous n'avons aucun témoignage direct des témoins, mais des faits rapportés par M. "l'innommable ufologue" En clair, nous avons ici des informations de deuxième, voire de troisième main : « le journal écrit que M. "l'innommable ufologue" rapporte que les témoins ont dit avoir vu... ».
Exemples. Dans le premier article estival, paru le 9 juillet, titré « Un Ovni dans le ciel rémois ? », nous pouvons lire :
«
« L'observation a duré environ cinq minutes », résume M. "l'innommable ufologue"»
On a encore mieux dans l'article qui suit, le 12 juillet (« L'ovni du 4 juillet vu par d'autres témoins ») :
«
Le premier appel reçu par M. "l'innommable ufologue" est celui d'une dame de 72 ans qui habite également à Croix-Rouge. « Elle a observé un phénomène identique de son balcon, à l'exception de la traînée. Ça l'a tracassé car elle n'a pas reconnu les étoiles, les avions ou l'hélicoptère du CHU qu'elle a l'habitude de voir passer. » », ou bien encore «
L'apparition du phénomène, décrite par le groupe de jeunes, est surprenante. « Ils ont d'abord vu arriver un premier point lumineux qui s'est fixé. Un deuxième point l'a rejoint et s'est fixé à son tour, puis un troisième pour former le triangle. Ils ont ensuite bougé de concert jusqu'à leur disparition dans le lointain », relate Jean-Luc enquêteur privé ardennais. », et enfin «
Le dernier témoignage, qui diffère des précédents, émane d'un habitant d'Épernay. « Il attendait le tir d'un feu d'artifice à 23 heures, sur les hauteurs d'Épernay, près de Mardeuil. »
Bref, M. "l'innommable ufologue" n'a vu aucun des OVNI décrit dans la presse, mais ça ne l'empêche pas de parler à la place des témoins, qui eux ne sont pas interviewés par le journal.
Ca nous donne d'ailleurs une situation très cocasse : les témoins des premiers cas de l'été 2009 sont tous situés à Reims ou les villages alentours. Or, Reims, c'est aussi le siège central du journal
L'Union. Journal qui a besoin des informations d'un ufologue basé à Charleville-Mézières, une centaine de km plus au Nord, pour savoir ce qui se passe au-dessus de sa propre tête. Pourtant,
l'Union a largement les moyens d'aller interviewer les témoins rémois, puisqu'ils sont à peine à 10 minutes en voiture du siège central !
(
note : c'est encore plus aisé depuis le mois d'avril 2011, avec l'inauguration du tramway de Reims. Les deux lignes de trams relient en effet le centre ville, passent le long du siège central du journal, et déservent ensuite le quartier Croix-Rouge, où se situent les premiers témoins !
)
C'est vraiment dommage de la part des journalistes, car ces cas auraient bien besoin d'informations supplémentaires. En effet, ce qui caractérise la grande majorité des cas 2009, c'est qu'ils sont affreusement mal décrits : on n'a ni leur orientation, leur hauteur angulaire dans le ciel, ni même leur taille apparente.
Exemple : description complète de l'OVNI du 4 juillet 2009 (1er cas décrit de l'été 2009) :
«
Samedi vers 22 h 45, le témoin se trouvait dans son jardin, du côté de la faculté de droit de Reims (quartier Croix-Rouge), lorsque son attention a été attirée en direction de l'ouest par quelque chose qu'il n'a pas été en mesure d'identifier.
« L'observation a duré environ cinq minutes », résume M. "l'innommable ufologue". « Ce phénomène était composé de trois lumières rouges en un parfait triangle qui évoluaient horizontalement et doucement vers la Montagne de Reims. Il a alors changé de direction et est monté plus vite pour disparaître. C'est à ce moment qu'est apparue une légère traînée blanche derrière le phénomène, traînée qui n'a pas persisté dans l'atmosphère. »
Cette traînée a disparu rapidement, contrairement aux classiques traînées de condensation d'avion qui mettent du temps à se dissiper. Le témoin n'a pas su dire s'il y avait une masse ou du vide entre les trois lumières.
Elles étaient fixes, non clignotantes, et ont conservé une forme parfaite de triangle tout au long de leur déplacement. Leur grosseur apparente était « trois fois supérieure à celle d'une étoile ». »
Pour une description complète, c'est un peu mince... Surtout, la description soulève de nombreuses interrogations : que signifie "triangle parfait" ? Quelle était la taille apparente du triangle ? Que signifie « qui évoluaient horizontalement et doucement » ? Il a changé de direction, certes, mais on ne sait pas vers où... Sans compter que la direction « vers la Montagne de Reims » est plus que vague : depuis Reims, la Montagne de Reims barre tout l'horizon, depuis le Sud-Ouest jusqu'au Sud-Est. Bref, avec une description aussi peu détaillée, difficile d'élucider le mystère.
L'Union se contente la plupart du temps d'une vague description des phénomènes. Apparemment, ce qui compte pour le journal, c'est la quantité de cas observés, pas leur quantité. On a ainsi quelques cas, dont la description se résume à : « Lundi à 4h30, j'ai vu un gros truc brillant scintiller à travers ma fenêtre ». Bref, on a ici une illustration parfaite d'un principe zététique :
quantité n'est pas qualité !