Rosetta a écrit:Tout ça et bien d'autres choses comme ce que pense savoir le grand public du phénomène ovni en fonction de sa médiatisation fantasmo-fantastique (le témoin fait coller, parfois sans le vouloir, la restitution de son observation avec l'extraordinaire qu'il a enregistré lors d'émissions de télé, livres, conférences voire ce qu'il a entendu entre la poire et le fromage *) mais aussi et sans que cela puisse être quantifié non plus, les influences non négligeables des enquêteurs en majorité pro phénomènes exotiques.
Un joli cas de pollution culturelle nous est donné par l'affaire de Nivelle, dans la nuit du 2 au 3 octobre 1954, vers 01H (nous atteignons le maximum d'intensité de la vague)
Voila ce qu'en dit Patrick Gross
Des informations plus complètes nous sont données à l'époque par
Nord Matin du 6 octobre 1954 p 10
et par La Croix du Nord du 6 octobre 1954 p 8
Donc notre témoin aurait vu un engin en forme de meule, et deux êtres de 1.20 m, en vêtements brillants, un rayon lumineux sortant de l'engin.
L'engin en forme de meule apparait dans le cas d'Harponville du 7 septembre, et les petits hommes, l'aspect brillant et le rayon lumineux, dans l'affaire de Quarouble du 10 septembre.
Or ces deux affaires sont simultanément parues, avec des photos dans la revue
Semaine du Nord n° 23, du 16 au 23 septembre 1954. Tiens, tiens...
Le 10 mai 1981, j'ai pu retrouver le témoin. J'ai d'abord vu sa mère, qui m'a appris la date de naissance exacte de son fils (d'après le livret de famille), qui aurait eu 20 ans deux mois plus tard.
Elle m'a confirmé que le témoin avait été effrayé au point de ne plus repasser par le chemin longeant la Scarpe (pourtant direct pour rentrer chez lui). Elle a aussi déclaré que les gendarmes étaient venu, mais 27 ans après, elle avait pu confondre avec la police.
Le témoin m'a indiqué le lieux sur une photocopie de carte IGN.
Il y avait autrefois un estaminet à cet endroit, démoli depuis. Il y avait aussi des tracteurs électriques de halage des péniches, comme j'en avais vu vers 1950, à Lille.
Le témoin se rappelait vaguement d'une affaire de soucoupe atterri sur une ligne de chemin de fer, il y avait des traces, ce n'était pas loin de Nivelles. (Quarouble, évidemment).
Le témoin n'a pas tout de suite vu l'objet au débouché de la partie boisée, l'objet était luisant, c'est dans sa lumière qu'il a vu les silhouettes, mais il n'a pas pris le temps de bien l'observer.
Je me suis rendu sur les lieux. Le chemin de halage était en partie affaissé. En bordure, tous les 10 à 30 m, des poteaux de ciment avec des isolateurs témoignaient d'une ancienne traction électrique. L'endroit est assez isolé, et la nuit, avec les bois, on doit s'y sentir à l'écart de la civilisation urbaine.
Après avoir questionné le témoin, je lui ai montré la revue
Semaine du Nord.
Il a reconnu qu'il l'avait lu, mais pensait l'avoir acheté après son observation. Or après le 3 octobre, il ne risquait pas de trouver en vente un numéro du 16 au 23 septembre.
Il est bien plus probable qu'ayant entendu parler de l'affaire de Quarouble, il a acheté une revue qui en parlait. Son observation a eu lieu après.
Notons que les ufologues n'ont pas relevé que l'éclairage du vélo ne fonctionnait plus
Notons aussi que comme le commissaire Gouchet, à Quarouble, le commissaire Gravet s'est rendu sur les lieux sans relever de traces. Mais comme le témoin n'était pas surveillé par la police, il n'a pas eu besoin d'en fabriquer.
Mais surtout, notons que la source de base de Patrick Gross, est la catalogue de Charles Garreau. Voici ce que dit Garreau, page 128 de
Face aux extraterrestresCharles Garreau cite comme source un rapport de gendarmerie, alors que selon les journaux, c'est la police qui s'en est occupé.
Garreau dit que le témoin, ouvrier métallurgiste (comme Dewilde) rentrait de son travail à 0H 15, alors que selon les journaux, il rentrait de chez sa fiancée à 01H (un samedi soir, c'est logique)
Selon Garreau, le témoin longeait le canal de la Scarpe (qui était à sa gauche), et vit l'objet en contrebas du chemin (donc à sa droite, donc vers le nord-ouest),
à la lumière de la lune. Problème: la lune était couchée depuis 20H 25.
Enfin, Garreau dit que le témoin alla trouver les gendarmes, alors que les journaux disent que c'est la police qui fut informé par la rumeur publique
Conclusion, Garreau, qui ne cite aucune source précise, n'a pas lu de rapport officiel.
Alors?
Le témoin s'est effrayé (c'est sûr), donc son témoignage s'en ressent
Il m'a décrit des silhouettes vues dans la lueur d'un objet luisant, alors que les journaux parlent de vêtements brillants (mais les deux ne sont pas vraiment incompatibles, les vêtements pouvant refléter un peu la lumière de l'objet)
Comme il s'est enfui à toutes pédales, sans rien voir de plus, il pouvait s'agir de quelque chose de bien terrestre, mais inattendu pour le témoin, à cet endroit, cette heure, et cet éclairage là. Le témoin avait d'abord pensé à des ... (malheureusement, je n'arrive pas à relire ce que j'avais écrit il y a 34 ans, des douaniers?)
Mais pour le décrire, alors qu'il n'avait pas vu grand chose, il a utilisé ce qu'il avait lu précédemment.
Par la suite, Garreau invente des grosses têtes et des vêtements lumineux, Puis Sider invente le scaphandre.