L.J. Silver a écrit:Bonjour elevenaugust,
Pour le moment, je me contenterai d'observer ce qui suit, au sujet de l'hypothèse des pigeons d'argile :
Il me semble que pour réaliser ces 4 photos avec un appareil photo de 1952, André Frégnale aurait dû utiliser une quantité considérable de pigeons d'argile et, du reste, gaspiller pas mal de bobines de film, à une époque où ces bobines devaient coûter relativement cher.
En premier lieu, ce gaspillage me semble contraire tant à l'esprit de l'époque qu'aux moyens financiers de Frégnale.
Bonjour!
Il faut considérer deux hypothèses possibles :
1- Celle qui, effectivement, implique l'utilisation de pigeons d'argile.
2- Celle qui met en œuvre un objet de forme similaire, mais qui ne soit pas cassable, facilement trouvable à proximité, et qui soit existe tel quel, soit été inventé ou modifié par Mr Frégnale. Nous avions pensé au Frisbee, mais pour diverses raisons expliquées dans le rapport, cette théorie nous semble difficile a envisager au final.
Je tiens à ce propos à mettre en avant un point de détail, et que personne n'a relevé dans le rapport, c'est l'existence dans le catalogue Manufrance de 1952, de pigeons en plastique dits "demi-durs" ou "d'essai", d'un diamètre inférieur à celui des pigeons "classiques", soit 60 mm et livré avec le skeet-ball. S'ils sont demi-durs, c'est qu'ils sont destinés à ne pas être facilement brisés. Bien entendu, cette taille est trop petite pour se conformer aux résultats du rapport, mais si de tels pigeons en plastique existaient en 1952, il n'y a aucune raison de supposer qu'ils n'étaient pas disponibles pour un diamètre de 11 cm d'une part (toujours pour des essais), et que Mr Frégnale n'ai pas pu s'en procurer d'autre part.
Si tel était le cas, cela supprimerait évidemment tout problème lié à la casse et à la récupération des débris.
Sinon, dans l'hypothèse de multiples essais avec des pigeons d'argile "classiques", c'est effectivement contraire à l'esprit (surtout de Frégnale je pense, amoureux de la nature).
En ce qui concerne le coût des bobines (le développement étant fait par Frégnale lui-même dans son propre laboratoire), le Panatomic-X 36 poses coûtait en 1957 3.15$ pour 7 bobines (prix aux USA) :
Source.
En 1952, 1$ valait environ 415 anciens Francs de 1952, pour un salaire moyen à l'époque de 4404 FF. C'est effectivement plutôt cher.
Mais c'est à mettre en balance avec les motivations et la personnalité de Mr Frégnale. A-t-il cherché à un moment ou à un autre à tirer profit de ces photos? Quid de sa personnalité?
Deuxièmement, dans votre rapport, vous avez trouvé une distance L voisine de 32 mètres.
Il n'y a aucune raison pour que l'hypothétique complice du témoin, lanceur des pigeons, se soit déplacé sur le terrain au cours des prises de photos, ou alors sur des distances courtes.
Le témoin, lui, aurait pu se déplacer pour ajuster les photos qu'il prenait, le lanceur restant fixe pour ne pas modifier les conditions de la trajectoire des pigeons.
Aussi, il me semble que dans un rayon moyen d'une quinzaine de mètres autour du lanceur, il aurait dû se trouver une quantité considérable de débris de pigeons d'argile, une petite montagne compte tenu de la nécessité d'un grand nombre d'essais pour monter le canular avec quelques chances de réussite.
Je suppose que chacun de ces pigeons, lorsqu'ils retombent, se cassent en de nombreux débris, n'est ce pas ?
Du reste, les deux auteurs présumés du canular avaient l'obligation de ramasser et d'évacuer la totalité des débris de pigeons d'argile, notamment avant le passage de l'équipe du film Pathé.
En effet, le moindre débris retrouvé par les enquêteurs aurait été révélateur du canular, et le témoin perdait la face.
Plusieurs remarques à ce sujet :
1- Les lancers n'ont pu se faire que vers l'est (ou le sud) la zone à l'ouest et au nord étant couverte de hêtres. Les débris éventuels ne s'étalent donc pas "dans un rayon moyen d'une quinzaine de mètres autour du lanceur", mais plutôt dans des directions privilégiées.
2- Tous les pigeons ne se cassent pas en retombant. Le sol n'est pas exclusivement dur, étant en majorité formé d'herbes hautes, le reste de cailloux et rochers épars. Lors de nos essais, nous avons pu réutiliser plusieurs fois plusieurs pigeons sans problèmes.
3- Lorsqu'il se cassent, ce n'est pas nécessairement en "de nombreux débris", la plupart du temps c'est en deux, trois ou quatre morceaux. Ce n'est pas comme si vous tiriez au fusil dessus, la casse n'étant imputable qu'à l'impact au sol.
4- Effectivement, il faut, dans cette hypothèse, ramasser tous les débris. Mais si Frégnale et son complice s'entraînaient depuis un moment, vous pensez bien qu'il n'ont pas attendu le dernier instant pour tout ramasser. Frégnale, respectueux dans doute de la nature, a certainement scrupuleusement tout ramassé après chaque séance d'essai. Par ailleurs, à aucun moment les journalistes revenus sur place une semaine plus tard n'imaginaient ce scénario. Ils n'étaient donc pas prédisposés à rechercher des morceaux de pigeons dans l'herbe haute.
5- Après nos essais, il ne nous a fallu que quelques minutes pour ramasser tous les débris. Certains sont très difficiles à détecter, la face inférieure n'étant pas colorée vivement. Il n'est donc pas impossible qu'il en reste sur place, mais pas "des montagnes"...
L.J Silver a écrit:Personnellement, avant de me mettre à lancer des pigeons d'argile neufs, j'aurais inspecté soigneusement le terrain avec des grattoirs pour chercher les morceaux de pigeons d'argile de 1952...
Oui, vous avez raison. Cependant, faute d'avoir déterminé sur place l'endroit exact ou Frégnale se trouvait lors des photos (cela a été déterminé plus tard, à l'aide des photos et mesures prises sur place et des divers plans et cartes examinées ultérieurement), faibles étaient les chances de trouver quoique ce soit.
Si l'occasion se présente de retourner sur place, c'est effectivement ce que je ferais en premier, après avoir bien délimité les zones de chutes possibles au préalable.
Ceci dit, le fait de ne rien trouver ne confirmera ou n'infirmera rien.
L.J. Silver a écrit:Aussi, à la place de Frégnale, si j'avais eu à monter un canular, je crois que je n'aurais pas utilisé des pigeons d'argile !
Trop dangereux, trop facile à détecter, sans compter la difficulté pratique de réalisation.
N'oublions pas que Frégnale est actuellement présenté comme un homme "bricoleur" ayant du sens pratique.
Oui, c'est vrai... D'où l'idée de l'utilisation d'un système similaire (forme, taille...), non cassable.
L.J. Silver a écrit:Vous vous rendez compte de la brièveté du délai pour prendre chaque photo, alors que le pigeon atteint le sol au bout de trois secondes ?
Et si on désire une crédibilité de la photo, il faut qu'elle soit prise à une altitude suffisante, soit proche de l'altitude maximale.
Donc le délai réel est plus proche des 1 seconde et demi...
Cela dépend de la vitesse d'éjection du pigeon. Nos essais ont montré qu'il était possible de prendre de telles photos sans problèmes.
Nous n'avons même pas eu trois jours pour ces essais, sans compter l'entrainement nécessaire au maniement de l'appareil, pas forcément simple pour nous plus habitués aux appareils numériques, comparativement à Frégnale qui connaissait la photo et son appareil comme sa poche et qui avait tout le temps nécessaire pour faire tous les essais qu'il voulait.
Il ne me semble donc pas insurmontable de réaliser une série de 4 clichés pour 4 lancers successifs donnant l'apparence d'un lancer unique incurvé, relativement correct.
Non, le vrai problème est davantage dans la détermination de la nature de l'objet, sa vitesse de rotation vs le problème de la tache sombre.
L.J. Silver a écrit:Et avec un appareil photo de 1952, impossible de visualiser les résultats avant d'avoir développé les films...
Exact.
L.J. Silver a écrit:Et ensuite, comment faire pour obtenir une bobine présentant les quatre photos à la suite, au milieu d'autres photos ?
Sachant que le film utilisé présentait le grain le plus fin disponible à l'époque ?
Le problème dépend, là aussi, de la vitesse de rotation de l'objet. Plus elle est rapide, plus c'est compliqué et plus "les chances" d'obtenir 4 bonnes photos à la suite s'amenuisent.
Je ne sais plus qui avait évoqué ici l'idée d'un objet animé d'une rotation faible, voire très faible... il y a un moment déjà.
Pour la finesse du grain, d'accord. Je ne crois pas du tout à l'idée du trucage sur négatifs ou par "re-photographie". Mais je me suis laissé dire que des "rafistolages" de négatifs n'étaient pas impossible. J'en doute, surtout après l'examen de Pierre Guérin, mais bon ...