Saint-Gilles (Ile de la Réunion), le 17 août 1980http://www.cnes-geipan.fr/geipan/regions/out/etude_1980-09-00797.html
"
SAINT-GILLES (974) 1980
Observé le 17/08/1980
Région Outre-Mer
Département Réunion
Classe D
Résumé
Observation de 3 formes à ressemblance humaine.
Description détaillée Le 17 août 1980 à 1h 30 du matin, deux témoins affirment vu un phénomène particulier alors qu'ils circulaient dans leur véhicule sur une nationale. Trois formes humaines sont immobiles sur une butte qui surplombe la mer à une quinzaine de mètres du bord de la chaussée. Ces formes, éclairées par les phares, luisent sur toute leur surface : d'une taille de 2 mètres environ avec une forte corpulence, elles ont, à la place des yeux, des gonflements oranges et ovoïdes très volumineux. Aucune lumière et aucun véhicule en stationnement n'est présent sur le site à ce moment. Aucun bruit particulier n'a été entendu. Le lendemain soir un des témoin apercevra depuis chez elle et dans cette direction, une lumière bleue très vive sur l'océan en direction du lieu de l'observation du phénomène particulier. Aucune trace ne sera recueillie sur les lieux par la gendarmerie. Ce phénomène reste inexpliqué.
Compte-rendu de l'enquête Aucun."
Pourquoi classé PAN D ?En toute logique, ce cas n'a rien à faire dans les PAN D, mais mérite clairement d'être classé comme PAN C :
- a priori pas d'enquête du GEPAN à l'époque
- les témoignages sont tardifs : le cas, qui a été observé dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 août 1980, n'est signalé que deux semaines plus tard (le 30 août) aux gendarmes, alors que ceux-ci enquêtent sur l'incendie d'un transformateur électrique (affaire qui n'a rien à voir avec l'OVNI). Le récit du témoin principal (le chauffeur de la voiture) n'est finalement pris que le 3 septembre (après reconstitution sur les lieux le 30 août ! Bonjour le biais méthodologique !
), tandis que le récit du deuxième témoin (sa passagère) n'est pris que le 7 septembre.
- l'observation est fugace : les trois formes humaines n'ont été vues seulement sur le bas-côté de la route qu'à l'aide des phares de la voiture des témoins, alors que ceux-ci circulaient de nuit sur une route nationale, dans un magnifique virage sur une route bordée de reliefs. En gros, l'observation n'a duré que quelques secondes, car le conducteur ne s'est pas arrêté, n'a a priori pas ralenti et n'a pas osé faire demi-tour aussitôt après. Ceci est confirmé par le deuxième témoin : "la forme que j'ai bien vu
pendant deux ou trois secondes m'a donné l'impression...". Fichtre ! Si on commence à classer PAN D tous les trucs aperçus de nuit sur le bas-côté de la route et pendant quelques secondes, on est vraiment pas sorti de l'auberge ! :(joker):
Un caviardage plus qu'modéréUne fois de plus, nous n'échappons pas ici au classique caviardage des noms de lieux et de numéros de route. Mais "manque de bol" pour le GEIPAN, nous disposons des photos des lieux de l'observation. C'est un bord de mer, ce qui facilite amplement la tâche. De plus quand on connait assez bien l'Ile de la Réunion (comme moi) et qu'on dispose de Google Earth, c'est très facile de retrouver l'endroit exact de l'observation.
- Pour le numéro de la route : des routes nationales, il n'y en a pas 36 sur l'Ile de la Réunion.
Il y a d'abord la route qui longe toute la côte de l'île, numérotée N1 côté Ouest, et N2 côté Est. Celle qui traverse l'île de part en part, à la limite des massifs des Pitons des Neiges et de la Fournaise (N3), la route reliant le Port à la N1 (N4), et enfin la route du cirque de Cilaos (N5). Le cas étant censé se dérouler près de la station balnéaire de Saint-Gilles, la route qui nous intéresse est la Nationale 1.
- Localisation exacte : je remercie grandement les gendarmes de s'extasier devant la forme particulière de rochers dans la mer (on y reviendra après), car cela facilite grandement la tâche. Malheureusement, l'application
Street View n'existe pas encore pour la Réunion sur Google Earth. En revanche, il existe les photos... Et vous pouvez comparer le Cap Champagne avec ce qu'on voit en page 6 du PV :
Et bien moi je dis bingo ! 8)
Et vu du ciel, ça donne ça :
Et là, on retrouve bien les fameux rochers bizarres en forme d'embarcadère, jouxtant la butte où ont été vues les figures humaines.
C'est quoi ces gendarmes ?Prévenu le 30 août 1980, soit deux semaines après les faits, les gendarmes se rendent "sans retard" sur les lieux de l'observation.
Qu'espéraient-ils vraiment trouver, deux semaines après ? De gentils zitis, qui auraient patiemment attendus deux semaines au bord de la route, à la vue de tous ? La nationale 1 est en effet une route très fréquentée, période touristique oblige : c'est la période estivale pour l'hémisphère Nord, la Réunion est une destination touristique prisée, et la Nationale 1 relie directement Saint-Denis (et donc l'aéroport de l'île) à Saint-Gilles, principale station balnéaire de l'île. De plus, la butte où se trouvait les formes humaines est encadrée par des lieux touristiques : au Sud, directement au pied, la plage de Boucan-Canot. Juste au Nord, la fameuse plage de sable noire, près de laquelle se trouve un célèbre cimetière de pirates. Et n'oublions pas les pointes rocheuses des Caps Champagne et La Houssaye, fréquentées par les pêcheurs. Bref, en deux semaines, les lieux ont largement eu le temps d'être contaminés. Heureusement que les témoins n'ont pas décrit une soucoupe au sol ! :(joker):
Une fois sur place, les gendarmes ne trouvent rien (quelle surprise !
), mais sont "surpris" de voir en contrebas des récifs en forme d'embarcadères. Les gendarmes qui ont mené l'enquête sont-ils des locaux, ou bien des zoreilles (des métropolitains, en créole) ? Parce que s'extasier devant les formes que peuvent prendre des roches volcaniques érodées par la mer, le tout dans un lieu très fréquenté, c'est vraiment très très bizarre ! Je ne saurai trop conseiller à ces gendarmes de se rendre en Islande : en matière d'orgues basaltiques et de trolls transformés en pierre par le soleil (folklore local), il y a vraiment matière à s'extasier.
Hypothèses explicativesDans la mesure où l'observation est fugace, qu'elle est rapportée deux semaines après les faits et que plus de 30 ans se sont écoulés depuis, il est quasiment impossible de résoudre cette histoire aujourd'hui.
On peut néanmoins avancer quelques pistes explicatives, qui n'ont sûrement pas été fouillées à l'époque :
-
statues ou figurines : l'Ile de la Réunion n'est pas seulement la Perle de l'Océan Indien, tant ses paysages sont à couper le souffle, c'est également un département français où de nombreuses religions se côtoient. Christianisme, islam, hindouïsme, marqué principalement par les Tamouls. Les cérémonies religieuses diverses sont un des éléments culturels de la Réunion, avec des défilés colorés et exubérants sans commune mesure avec ceux de la Métropole. Amusez vous à taper "cérémonies tamoules" sur Google Images. Les trois formes humaines pourraient par exemple être des statues ou des figurines religieuses, posées là à l'occasion d'une cérémonie. A noter que nous étions au beau milieu d'un grand week-end férié : vendredi 15, samedi 16 et dimanche 17 août.
-
des humains, tout simplement : la forme des personnages est humaine, ils mesurent environ 2 mètres de haut. Rien n'empêche la présence d'humains sur le bas-côté de la route. Les raisons de trouver des personnes en ce lieu à cette heure de la nuit ne manquent pas : pêcheurs nocturnes, baigneurs, etc... Ceci dit, je ne vous conseille pas le bain de minuit directement sur ce lieu, non protégé par la barrière de corail : requins tigres et bouledogues (aucun lien de parenté !
) rôdent, et des pêcheurs se font occasionnellement boulotter. Mais bon, rien n'empêche un bain de minuit, d'autant plus que la butte jouxte directement une belle plage de sable blanc !
Bon, certes, les témoins n'ont pas vu de voiture ou de lumière sur le bas côté de la route (il existe un petit parking en terre au pied de la butte). Mais l'image de Google Earth nous montre que juste en face, il y a un chemin de terre : des voitures y étaient peut-être garées, mais ça, nous ne pouvons pas le savoir...
Bref ! Une observation fugace, des témoignages tardifs, un biais méthodologique lors de l'enquête (les témoignages sont pris APRES reconstitution sur les lieux !) et des gendarmes surpris par la forme de récifs, qui n'ont rien à voir avec le cas...
Pour terminer, ajoutons que si zitis il y a eu, ils ont de sacrés goûts de luxe : la plage de Boucan-Canot, à proximité immédiate du lieu d'observation, est en effet... la plage la plus huppée de la Réunion !
A reclasser PAN C !
EDIT : REclassé PAN C lors d'une mise à jour (anti)datée du … 22 mars 2007 !!!